Galileo à Prague ?

Photo: ec.europa.eu
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La République tchèque tient dur comme fer à héberger le prestigieux programme de pilotage du satellite européen Galileo, un projet destiné à briser la dépendance de l'Europe vis-à-vis du GPS américain. Mais les enjeux sont aussi économiques. Et la compétition qui se déroule à l'échelle européenne entre les différents Etat est rude. D'autant plus que Bruxelles semble ne pas tenir ses promesses.

A l'instar de 10 autres pays, dont l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, la République tchèque a déposé sa candidature pour l'installation des locaux du GSA (Galileo Supervisory Authority) à Prague. Le quartier en plein développement de Holesovice, au nord-est du centre-ville, a déjà été designé par les autorités tchèques et dans celui-ci, l'édifice de l'Agence de la Consolidation tchèque. Cette banque étatique devrait être supprimée vers la fin 2007 et le gouvernement a proposé de mettre les locaux à disposition du programme satellite, pour 1 euro symbolique par an durant 5 ans.

L'enjeu est important et les politiques s'investissent pour montrer leur bonne volonté. Même le président Václav Klaus, qui dit ne pas aimer le lobbying, a fait beaucoup pour mettre la République tchèque dans les meilleurs conditions lors du sommet européen en Finlande le 20 octobre dernier.

Destiné à être utilisé par 400 millions de personnes, le projet Galileo apportera aussi au pays d'accueil des centaines d'emplois hautement qualifiés et aux salaires attractifs. Il attirera également les investissements étrangers dans la recherche et le développement. En République tchèque, l'Etat ne subventionne la recherche spatiale qu'à hauteur d'1 million d'euros par an. A titre de comparaison, l'Agence Spatiale Européenne alloue chaque année quelques 9 milliards d'euros pour la recherche !

Jan Kohout
Les ministres des Transports de l'Union Européenne étaient censé annoncer le résultat des délibérations quant au pays choisi le 12 décembre dernier mais aucun accord n'est sorti de la réunion, tenue à Bruxelles. La décision devrait être prise au début 2007. Avant la réunion du 12 décembre, le représentant tchèque Jan Kohout avait menacé de bloquer les discussions si le groupe ne décidait pas d'installer le projet dans l'un des 10 nouveaux Etats membres de l'UE. Kohout affirme que les anciens Etats membres ont conclu un accord secret, visant à installer le quartier général du projet Galileo dans l'un des 15 Etats d'origine.

Peu avant l'entrée dans l'UE de la République tchèque en mai 2004, les pays membres avaient promis que les nouvelles agences européennes seraient situées dans les nouveaux Etats membres. Mais ce voeu pieux ne s'est pas réalisé et les derniers venus commencent à mettre en doute la bonne volonté de l'UE.

Parallèlement, les Etats d'origine ont commencé à mettre en avant des arguments sécuritaires. Ils soulignent ainsi que la République tchèque n'est pas encore membre de l'Agence Spatiale Européenne. Autre critique : l'absence d'accords bilatéraux avec les autres pays de l'UE à propos de l'échange d'informations codées par exemple. Le programme Galileo devait être lancé à l'origine en 2005, mais il a connu une série de retardements et la Commission européenne poursuit les négociations. Les prévisions actuelles tablent sur 2008.

Preuve de l'importance de la technologie satellite dans l'économie tchèque, des entreprises de plus en plus nombreuses se spécialisent dans ce domaine. Exemple : la société pragoise Iguassu Software Systems, qui réalise des programmes liés à la haute technologie. Elle produit aussi du conseil marketing pour les pays ouest-européens qui essaient de vendre leur technologie aérospatiale en Amérique latine.

Parmi ses projets, deux collaborations prestigieuses pour le projet Galileo et pour le Service Européen de Navigation Geostationnaire (EGNOS). Cette petite compagnie concurrence ainsi les plus grands de l'aérospatial. La navigation satellite est également au coeur d'une douce polémique, liée à la mise en place des péages autoroutiers électroniques. A la fin 2005, le ministre tchèque des Transports, Milan ©imonovský, avait dû faire face à de nombreuses critiques dans la mise en place de ces péages. Ne souhaitant pas attendre la mise en place du programme Galileo, il avait exclu les technologies des systèmes satellites, pourtant préconisés par les directives européenes pour l'harmonisation des péages électroniques en Europe. Une affaire qui a rebondi récemment, avec le lancement de la première phase d'un projet de péage électronique en République tchèque début décembre, suite au contrat signé par le ministre tchèque des Transports avec la société autrichienne Kapsch.

L'objectif d'abriter une organisation européenne, ce que la République n'a pas encore réussi à obtenir depuis son entrée dans l'UE semble de la plus grande importance, car pour la seconde phase de la réalisation du système de péage des camions, qui concerne les nationales, c'est le satellite qui a été retenu.