Znouzectnost ou comment faire du punk vertu

Znouzectnost, photo: ČT, Bigbít

Depuis sa première apparition publique en novembre 1986 dans un club universitaire de la ville de Plzeň, le groupe Znouzectnost a parcouru bien du chemin, affichant une discographie impressionnante et des centaines de dates à travers toute la République tchèque. Ce collectif discret, dont le nom évoque peu ou prou l’expression « faire de nécessité vertu », est un des groupes phares de la scène rock tchèque. Influencés par le folk et la pop, les membres de Znouzectnost, qui « font de la musique, non pas pour changer le monde, mais pour que le monde ne les change pas », ont clairement des racines punk.

Znouzectnost,  photo: ČT,  Bigbít
Un groupe punk encore si l’on en croit les dires du batteur et chanteur Caine, de son vrai nom Jaroslav Matějovský, qui déclarait en 1990 au mensuel Rock & Pop : « Si nous pouvons jouer de la musique, alors tout le monde le peut ». Lui-même est pourtant influencé par l’Eglise hussite auquel il appartient, un thème qu’il développe dans la carrière solo qu’il mène en parallèle depuis une quinzaine d’années, souvent accompagné de sa mandoline. Il participe à la fondation du groupe Znouzectnost – Znouze ou ZNC pour les intimes – au milieu des années 1980, une période propice à la création de groupes de rock et de punk, qui, pour beaucoup, arrivent à maturité lors de la décennie suivante. C’est le cas de Znouzectnost qui enregistre alors un album tous les deux ans en moyenne, des galettes qui approchent bien souvent les vingt pistes et dont la qualité n’est jamais négligée.

L’écriture de Znouzectnost est collective ; tous les textes sont signés du nom d’un groupe qui aime à raconter des histoires drôles et absurdes, parfois mélancoliques et nostalgiques. La formation de Bohême de l’Ouest puise bien souvent sa matière dans la forte tradition du conte tchèque, qui s’exprime très largement dans la production cinématographique nationale mais aussi en musique. Les chansons d’amour sont également évoquées en moquant un genre surexploité et sous-inspiré. Au-delà des paroles, les concerts du groupe sont avant tout l’occasion de bouger les pieds et les oreilles, et la formule fonctionne depuis plus de vingt-cinq ans, une incitation de plus à découvrir Znouzectnost, qui, loin d’une industrie du disque quelque peu sclérosée et qui manque trop souvent d’imagination, œuvre sans relâche à s’amuser sur scène avec son public.