Psí vojáci, les indiens de l’underground

Psí vojáci, photo: Site officiel du groupe

Psí vojáci – Les Chiens soldats ou Soldats chiens : tel est le nom bizarre d’un groupe pragois certes de légende mais à la musique elle aussi pour le moins étrange, comme dans sa chanson probablement la plus connue « Žiletky » - « Les lames de rasoir ». Formation underground qui a vu le jour à la fin des tristes années 1970 de Normalisation, Les Psí vojáci, c’était d’abord un général : Filip Topol. « C’était », car le dompteur de piano et auteur-interprète qu’était Filip Topol est décédé le 19 juin dernier, alors qu’il n’était âgé que de 48 ans. L’occasion de rendre hommage à une des grandes figures de la scène rock et alternative tchèque de ces trente dernières années, à travers donc ces fameux Psí vojáci.

Psí vojáci,  photo: Site officiel du groupe
L’appellation Psí vojáci est inspirée du nom d’une société de guerriers de la tribu des Cheyennes que l’on trouve dans le roman de Thomas Berger intitulé « Le Grand petit homme » (The Little big man), livre plus tard adapté au cinéma avec Dustin Hoffmann dans le rôle principal. Ces guerriers s’appelaient alors, semble-t-il, les « guerriers chiens »…

Mais la musique de nos Soldats chiens tchèques n’a, elle, plus rien à voir avec les indiens d’Amérique. Elle trouve ses racines plutôt dans la culture et la musique underground du monde.

Les Psí vojáci montent sur scène pour la première fois en 1979 et deviennent aussitôt un objet d’intérêt pour la redoutable et redoutée Sécurité d’Etat, le service de renseignements mieux connu sous ses initiales StB. Mais les membres du groupe n’ont alors à peine que… 13 ans. Filip Topol est convoqué pour un interrogatoire alors qu’il ne possède pas encore de carte d’identité. Rapidement, le groupe, interdit d’apparitions en public, est donc contraint de se produire dans diverses manifestations privées rassemblant la crème de l’underground tchèque de l’époque, comme par exemple à la maison de campagne de Václav Havel à Hrádeček.

Photo: panton
Durant les années qui s’ensuivent, le groupe évolue tant dans son style de musique que dans la composition de ses musiciens. Au début, le frère de Filip Topol, Jáchym, qui est depuis devenu un des écrivains tchèques modernes les plus reconnus à l’étranger, participe à l’écriture des textes. Enfin, dans le milieu des années 1980, le groupe, toujours chassé, se met à évoluer sous le nom secret de P.V.O. (Psí vojáci osobně, littéralement « Les Chiens soldats personnellement ») et sa principale scène est celle du Juniorklub à Prague, mieux connue aujourd’hui des amateurs de bonne musique de la capitale comme Palác Akropolis.

Après la révolution de 1989 et la chute du régime communiste, les Psí vojáci, malgré une musique pas faite pour plaire à tout le monde, se transforment en nouvelle attraction et leur succès leur vaut des invitations à de nombreux festivals en Europe, y compris en France et en Belgique.

Mais toujours, de 1979 jusqu’au dernier concert du groupe à Amsterdam en mai dernier, Filp Topol est resté le leader des Psí vojáci, un groupe qui pour beaucoup de Tchèques ayant connu ces années prérévolutionnaires que Filip Topol a un jour définies comme « un cauchemar surréel absolument absurde », gardera toujours une place à part