La voix toujours de velours de Marta Kubišová

Photo: Supraphon

La voix de la chanteuse Marta Kubišová reste bel et bien une des voix incontournables de la chanson tchèque. Même si Marta Kubišová a annoncé récemment l’enregistrement d’un prochain album, il devrait être le dernier de sa carrière. Malgré cette annonce quelque peu triste pour ses nombreux fans, Marta Kubišová reste pour la société tchèque le symbole de la tenacité et de l’espoir. Dans cette nouvelle émission du dimanche musical, nous allons vous présenter l’album paru en 2005 et intitulé « Vítej, lásko » - « Bienvenue amour ».

Rebelle malgré elle

Marta Kubišová,  photo: YouTube
La voix de la rébellion en 1968 et la flamme de l’espoir en 1989. C’est peut-être bien de cette façon succincte qu’il est possible de dépeindre la chanteuse Marta Kubišová. Si son parcours musical a été extrêmement changeant, imprévisible et dramatique, Marta Kubišová a su rester elle-même, malgré tous les bâtons dans les roues reçus.

Il n’est possible de le nier, les débuts de Marta Kubišová ont été plus que prometteurs. Dotée d’une voix exceptionnellement grave, elle a su ensorceler le public dès les premiers sons. Elle devient dès 1968 membre du trio Golden Kids, aux côtés de Václav Neckář et Helena Vondráčková ; un trio de chanteurs à succès qui se produira sur scène pendant deux ans seulement.

« Quand est-ce que nous allons arrêter de dire des mots comme
« lorsque, après, si »
Quand est-ce que nos promesses ne commenceront plus par les mots
« si, après, lorsque »
Lorsqu’il va pleuvoir et la terre séchera
Si les gens étaient sans faute
Mais tu connais bien ces discours
Alors regarde
A la place des mots « lorsque, après, si »
Il faut dire de suite le mot décisif :
Maintenant ! »

Marta Kubišová,  photo: ČT
Néanmoins, les tournants sur la scène politique du pays l’ont convaincue de ne pas être uniquement une chanteuse, mais aussi une voix qui veut montrer son désaccord avec les évènements de son pays. En raison de ses prises de position, elle devient rapidement « persona non grata ». Signataire de la Charte 77, sa présence sur la scène musicale lui est rendue de plus en plus difficile, et puis elle lui est tout simplement interdite à l’âge de 27 ans seulement. Elle signera aussi la Charte 77. Or sans le savoir, la politique communiste a privé le pays pendant près de vingt ans d’une des plus grandes voix jamais entendues.

Un destin immortalisé dans le documentaire d’Olga Sommerová

Photo: Supraphon
Marta Kubišová a depuis ses débuts été fidèle au poète Jan Schneider, qui a écrit la majorité de ses textes, en usant de son unique sens de l’humour. Accompagnée depuis de nombreuses années par ses musiciens, comme le pianiste Petr Malásek, Marta Kubišová se produit également à de nombreuses reprises au théâtre Ungelt, et ce dans des récitals aux côtés du directeur du théâtre Milan Hein.

Marta Kubišová en 1989,  photo: ČT
Auteur de nombreux documentaires a succès, qui veulent montrer la vie du personnage principal sur plusieurs années, la cinéaste Olga Sommerová n’a pas voulu faire exception dans son documentaire sur Marta Kubišová, intitulé « La voix magique d’une rebelle » (Magický hlas rebelky) et présenté au grand public en 2014. Marta Kubišová y est suivi non seulement dans la turbulente époque des années 1960, mais aussi lors de son grand retour pendant la Révolution de velours en 1989, et lors de l’amorcement de sa seconde carrière. Si Marta Kubišová n’a pas pu continuer sa carrière prometteuse en raison de cet épisode honteux de l’époque communiste, elle est bel et bien revenue en grande pompe et après de nombreux sacrifice, lors de la Révolution de velours.

« Lorsque l’échelle des valeurs change de priorités
Lorsque l’impertinence et l’arrogance s’appellent courage
Lorsque dans une chanson il n’y a plus de place pour de vrais sentiments Le vacarme au-dessus de nos têtes remplace la musique
Il faut un courant d’air,
Un fort courant d’air. »