Karel Plíhal, un guitariste virtuose qui chante une poésie ludique

Karel Plíhal, photo: Tomáš Vodňanský, ČRo

« Nous, les musiciens, sommes comme les enfants – nous aimons jouer », a prétendu, il y a quelques années de cela, le guitariste et chansonnier Karel Plíhal dans un entretien pour un magazine musical. Cette manière d’envisager sa vie d’artiste résume assez fidèlement l’ensemble de son œuvre. Les chansons de Karel Plíhal sont à la fois fines et ludiques, tristes et joyeuses, amères et douces, sérieuses et légères. Ses textes sont tantôt lyriques, tantôt cousus de jeux de mots ; sa musique alterne entre simples mélodies et jeu de guitare digne d’un virtuose. Portrait de cet artiste inclassable qui fête cette année ses 60 ans.

« J’ai amené à la maison
un très beau rhinocéros,
l’original d’un pachyderme
que j’ai acheté dans une taverne. »

Karel Plíhal,  photo: Tomáš Vodňanský,  ČRo
Dans sa chanson « Rhinocéros », Karel Plíhal raconte, sur le ton de l’humour, l’histoire de deux hommes expulsés par leurs femmes après être rentrés chez eux, un soir, accompagnés d’un rhinocéros et d’un ours. Ses textes, qui sont souvent des poèmes mis en musique, parlent aussi bien de choses extraordinaires, telles que des histoires d’animaux ou de personnages de contes de fées, que des thèmes plus ordinaires, ou au contraire plus sérieux, comme l’amour et les relations humaines, mais toujours avec beaucoup de créativité et un humour doux et travaillé. En concert, ce musicien folk et jazz, chansonnier incommutable et glossateur ingénieux, alterne ses chansons, qui ne parlent jamais de politique, avec de petits vers en rimes. C’est pour toutes ces raisons que ses concerts, ou plutôt ses spectacles, attirent, depuis plus de trente-cinq ans déjà, un nombreux public.

Karel Plíhal, qui dit de lui-même qu’il est très timide et qu’il fuit les médias, est né en 1958 à Přerov, en Moravie centrale. Ne possédant aucune formation musicale, il se met à la guitare à l’âge de 15 ans. Parallèlement à son travail de constructeur, puis de chauffagiste, le jeune artiste se produit dans plusieurs groupes de jazz et de swing. Au début des années 1980, le musicien commence à collaborer, en tant que compositeur, avec le Théâtre morave d’Olomouc et lance dans une carrière solo. Il sort ses premiers albums qui rencontrent un vif succès avant d’ouvrir son propre studio d’enregistrement.

Récompensé de plusieurs prix prestigieux, dont le prix Anděl décerné par l’Académie de musique populaire, Karel Plíhal a sorti six albums studio et plusieurs compilations. Bien qu’il s’agisse d’un chiffre relativement petit en comparaison avec les collègues de sa génération, ses chansons sont très appréciées des Tchèques. Certaines, comme « Ráda se miluje » (« Elle aime faire l’amour »), sont devenues de véritables tubes.

« Il est écrit dans les cieux,
et ce sur la première page,
que nos âmes nous survivrons,
dans un autre corps. »

Photo: Monitor
Chaque album de Karel Plíhal est le fruit de longs mois, voire d’années de travail. C’est le cas notamment pour son cinquième album « Nebe počká » (« Le ciel attendra »), sorti en 2004 après quatre années de préparation et qui regroupe des chansons de classiques américains du swing, accompagnées de textes du célèbre poète tchèque Josef Kainar.