Karel Kryl, le révolutionnaire à la guitare

Karel Kryl, photo: ČT

Karel Kryl, chansonnier, poète, est le rebelle qui a marqué la société tchécoslovaque. Karel Kryl est connu pour avoir été l’auteur de nombreuses chansons de protestations contre le régime communiste. Nous avons commémoré, le 3 mars dernier, le vingtième anniversaire de sa mort.

Karel Kryl | Photo: ČT
Karel Kryl naît le 12 avril 1944 dans une famille d’imprimeurs bibliophiles à Kroměříž en Moravie. L’entreprise de son père, qui avait été créée par le grand père de Karel Kryl, est expropriée en 1948 après l’arrivée au pouvoir des communistes. Les études lui sont interdites, et il travaille dans une usine de céramique sanitaire à Teplice. Dans les années 1960, il se passionne pour la poésie française et découvre la musique occidentale. Face à la montée de l’hégémonie soviétique, il se rapproche du pacifisme et du mouvement hippie tout en affirmant un individualisme très marqué, forgeant sa force de caractère. En 1967, il arrive à Prague et travaille à Radio Ostrava. Il commence à composer, il crée même un petit théâtre, le Waterloo Divadlo, et se produit dans de nombreux petits clubs pragois, toujours la guitare à la main.

Photo: panton
Mais l'invasion soviétique du 21 août 1968, stoppant la démocratisation du Printemps de Prague, met fin à ce chapitre heureux de la vie de Karel Kryl, tout en lui inspirant le 22 août sa chanson la plus célèbre, « Bratříčku zavírej vrátka » - « Ferme la porte petit frère ». L'album est publié en 1969, mais le régime le censure peu de temps après.

Karel Kryl s'exile un an après l'invasion soviétique et s'installe à Munich où, travaillant essentiellement pour Radio Europe Libre, il continue à écrire, composer et chanter. Ses textes et ses chansons circulent abondamment derrière le rideau de fer en Tchécoslovaquie, où ses chansons sont interdites par le régime de l’époque. Karel Kryl devient ainsi une des icônes de la protestation anticommuniste, par le biais de ses poèmes très mélancoliques, engagés et ne cachant pas la vérité.

Karel Kryl | Photo: Jiří Sláma,  ČRo
Lorsque Karel Kryl revient en Tchécoslovaquie après la Révolution de velours, ses chansons sont connues de tous, alors que lui reste inconnu du public. Il se montre toutefois très critique face à la manière dont la révolution s'est produite, ainsi que vis-à-vis de la séparation entre la République tchèque et la Slovaquie, qu’il vivra très mal. Séjournant de moins en moins dans son pays natal, Karel Kryl meurt d'une crise cardiaque à Munich le 3 mars 1994. Il est décoré à titre posthume par le président Václav Havel de l'ordre du Lion blanc, la plus haute distinction tchèque.

Karel Kryl reste l'un des chanteurs tchèques les plus populaires, et ses chansons sont désormais connues de tous, et régulièrement jouées. Elles ont même été reprises dans un ballet en 2007, aux côtés des chansons de Jacques Brel, au Théâtre national de Prague.

Nous vous invitons au concert « Karel Kryl 70 » organisé par la Radio tchèque, le 8 avril prochain au palác Lucerna à Prague, où une dizaine d´artistes tchèques rendront hommage à cet artiste engagé, en interprétant ses chansons, lesquelles ont aussi été récemment chantées lors des manifestations de soutien à l´Ukraine. Car Karel Kryl aurait fêté ses 70 ans le 12 avril 2014.