"Un petit bout du ciel" : amour et amitié dans une prison communiste

Un petit bout du ciel
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"Il n'existe pas, sur Terre, un endroit où on ne peut pas rencontrer l'amour", tel est le sous-titre du nouveau film du réalisateur tchèque Petr Nikolaev, "Un petit bout du ciel", "Kousek nebe" en salles à partir du 10 février. Le jeune Lubos rencontre son amour, Dana, dans la prison communiste de Prague-Pankrac, au début des années 1950. Pareil à son père, Lubos, d'esprit romantique et rebelle, est estampillé ennemi du régime communiste et purge une peine de douze ans.

Lubos et Dana
A Pankrac, la frontière entre la vie et la mort est fragile : c'est la période des procès politiques les plus atroces, la terreur, le despotisme des gardiens et les exécutions au quotidien. Des conditions, dans lesquelles l'amitié, l'humour et l'affection valent plus que tout. Lubos a la chance de trouver, dans cet enfer, de vrais amis, et surtout Dana. Même si quelques rencontres fugitives seulement leur seront accordées par le destin, ils vivront une grande histoire d'amour.

Un petit bout du ciel
"Il s'agit d'une histoire réelle, j'en ai été témoin", affirme le scénariste Jiri Stransky, dont le recueil de nouvelles, Le bonheur, a servi de base au scénario du film. Issu d'une famille persécutée par l'ancien régime, Jiri Stransky a passé, lui aussi, les années cinquante dans les prisons tchèques et slovaques. Là-bas, il a connu un garçon et une fille, tombés amoureux l'un de l'autre : Lubos et Dana, dont il refuse de dire plus, en dehors du film, sauf qu'une fois libres, ils se sont retrouvés et sont restés ensemble. Jusqu'à aujourd'hui, paraît-il.

Sans ambition de créer un nouveau Roméo et une nouvelle Juliette, le réalisateur Petr Nikolaev a porté leur histoire à l'écran :

"Le film, bien qu'il rende hommage aux prisonniers politiques, ne leur est pas destiné. C'est un film jeune public. Nous n'avons pas voulu tourner un documentaire, où tous les détails de la vie des prisonniers de l'époque seraient reproduits exactement. Mais à l'opposé, même si la fiction y est présente, l'histoire est, évidemment, basée sur les faits historiques et les témoignages des anciens prisonniers. Nous l'avons voulue simple et sincère, racontée sans pathos, une histoire qui ferait comprendre aux jeunes la monstruosité du régime communiste."

Même pour un public plus âgée, et plus informé, "Un petit bout du ciel" sera, je pense, un film plaisant à voir. L'intrique le tiendra en haleine, du début jusqu'à la fin, et il prendra sans doute plaisir à revoir, à l'écran, la sublime Slovaque Tana Pauhofova, dans le rôle de Dana, aux côtés de Zuzana Stivinova, Ondrej Vetchy, Petr Forman, Josef Somr, Pavel Zednicek, Vladimir Javorsky, donc d'une pléiade d'acteurs confirmés, qui déçoivent rarement. Sans oublier, évidement, le jeune et talentueux Jakub Doubrava, qui incarne Lubos. Avec "Un bout du ciel", ce comédien, originaire de Ceske Budejovice, fait ses débuts au cinéma.

Sur les centaines de milliers de prisonniers politiques tchécoslovaques des années cinquante, à peine huit mille sont encore en vie. La plupart d'entre eux sont réunis dans la Confédération des prisonniers politiques. Son vice-Président Milan Nerad a été incarcéré pendant quatorze ans, dans la même période et dans les mêmes prisons et camps de travail que son ami, le scénariste Jiri Stransky. Pourtant, ils ne semblent pas en garder les mêmes souvenirs... En sortant de la projection d'Un petit bout du ciel, Milan Nerad m'a confié les siens :

"Dans les prisons de l'époque, la discipline était extrêmement rigoureuse, les gardiens étaient sans pitié envers nous. Des scènes amoureuses que l'on voit dans le film, je n'en ai jamais vu, en réalité. C'était carrément impossible, je dirais. Un homme et une femme ne pouvaient jamais se rencontrer dans l'intimité, on était surveillé tout le temps. Et si, théoriquement, cela aurait pu se passer, tous deux auraient été sévèrement punis. A voir ce film, on peut avoir l'impression que les prisonniers vivaient de telles aventures au quotidien. Pour vous dire, durant ses quatorze ans d'emprisonnement, je n'ai pu une seule fois m'approcher d'une femme, dans la prison, comme dans le camp."

Auteur: Magdalena Segertová
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