L'invisible devant la caméra magique de Christophe Loizillon

Christophe Loizillon, photo: Radio Praha

"J'ai eu une enfance religieuse. J'allais dans les églises, où il y avait la messe. J'ai retrouvé, dans le cinéma le même silence : on est tous tournés vers la même chose, on est dans le noir, en plus, dans le cinéma, et il n'y a pas de culpabilité. J'ai eu d'abord un plaisir de spectateur et puis très vite, j'ai eu envie d'être celui qui va créer l'histoire qui va se passer sur l'écran." J'ai rencontré Christian Loizillon la semaine dernière. Son deuxième long métrage, Ma caméra et moi, a ouvert les Journées du film européen à Prague. A cette occasion, l'Institut français a présenté une rétrospective de ses courts métrages, films à cheval entre le documentaire et la fiction : se sont les portraits d'artistes, comme Georges Rousse, Roman Opalka ou Félice Varnini, et des courts métrages sur les parties du corps : Les mains, Les pieds, Les visages.

Christophe Loizillon,  photo: Radio Praha
Christophe Loizillon a un don, rare, très rare, de savoir parler en images de l'invisible. Quand il filme les visages muets de son père, de sa fille, de ses amis, il arrive à saisir leurs pensées, leur charme, leurs embarras... Un bout de leur âme. Quand il filme les mains des gens qui lui sont proches, des mains égyptiennes, arabes, féminines ou masculines, toute la vie des gens à qui elles appartiennent défile devant nous.

Si les héros de ses courts métrages se racontent à travers leurs corps, ou, dans le cas des artistes, à travers leurs créations, Max, le personnage du film Ma caméra et moi, lui, ne veut pas se raconter. Au lieu de vivre, il préfère filmer. Filmer toute sa vie, une vie qu'il ne vit pas.

Lucie, l'amie de Max, est aveugle. Pour elle, l'invisible est aussi important que pour Christophe Loizillon.

Auteur: Magdalena Segertová
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