Le festival des courts-métrages de Prague : un festival avant tout pour les spectateurs

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Le festival des films courts de Prague a commencé le mercredi 12 novembre pour un week-end entier de diffusion dans les murs du cinéma Světozor. C’est la quatrième édition de ce festival qui est une émanation du festival international de Karlovy Vary. Le festival a décidé de présenter cette année des films venus de France et d’Argentine. Il propose également une rétrospective du festival international de courts-métrages de Clermont-Ferrand. Rencontre avec Karel Spěšný, directeur de la programmation du festival, et avec Alexandre Charlet, producteur et réalisateur français, membre du jury cette année.

Plus de 100 courts-métrages, dont 18 en compétition officielle, c’est l’offre cette année de ce tout jeune festival de courts-métrages en République tchèque. Karel Spěšný :

« C’est un festival organisé par l’équipe de Karlovy Vary International film Festival. Nous avons une compétition internationale pour les courts-métrages de fiction de moins de 20 minutes. Il y a aussi des programmes qui sont composés de films qui s’occupent d’un sujet ou qui proviennent d’un pays. Cette année, c’est la France et l’Argentine. »

Pourquoi avez-vous choisi ces deux pays ?

« C’est simple. La France est un pays où le cinéma est né. C’est un pays où se trouve le plus grand festival au monde, Cannes, mais aussi le plus grand festival de courts-métrages, Clermont-Ferrand. Il y a une production de courts-métrages énorme. L’Argentine, c’est parce que l’Amérique est un territoire où la cinématographie marche très bien maintenant. Il y a presque une nouvelle vague. Il y a beaucoup de films intéressants, beaucoup de metteurs en scène. C’est un voyage dans un pays où il y a beaucoup de jeunes metteurs en scènes. »

Světozor
Outre ces deux principaux axes, le festival propose aussi une section Panorama, qui projette des courts-métrages récompensés récemment dans divers festivals, une section également historique qui permet de voir les premiers films courts de futurs grands réalisateurs tels que Jean-Luc Godard, George Lucas ou François Ozon, une section expérimentale, une section de films tchèques ou encore une section intitulée « le second sexe, l’orgasme féminin ». Dans la section enfance, on peut aussi voir une série de six courts-métrages qui imaginent, à partir de quelques citations, des moments déterminants de l’enfance de six grands noms du cinéma mondial, à savoir Fritz Lang, Orson Welles, Jacques Tati, Jean Renoir, Alfred Hitchcock ou encore Ingmar Bergman.

Le festival présente également quelques films très attendus, dont notamment Eve, premier court-métrage de l’actrice Natalie Portman en tant que réalisatrice, qui se trouve d’ailleurs sélectionné dans la compétition officielle. Dans la section « Tour de France », il est possible de voir « le Mozart de Pickpockets », qui a reçu cette année l’Oscar du meilleur court-métrage.

Alexandre Charlet, membre du jury, commente ce dernier et l’ensemble de la sélection de films français :

« Il y a un programme qui s’appelle Tour de France et qui est assez séduisant parce que ça commence avec ‘Le Mozart des pickpockets’ qui est le gros carton en France et dans le monde du court-métrage. C’est un exemple – trop rare – mais un exemple de succès. Il a même reçu l’oscar du meilleur court-métrage. Et ‘Le dîner’ est aussi un très bon film, nominé aux European film awards en décembre dernier, qui est un film de Cécile Vernon et qui est une bonne comédie à chute. C’est un beau programme. »

Le festival de Clermont-Ferrand est le plus grand festival de courts-métrages au monde. A Prague, une rétrospective lui est consacré, mais pour Alexandre Charlet, le festival de Prague n’a pas d’intérêt à prendre Clermont-Ferrand pour modèle. Alexandre Charlet :

'Le Mozart de Pickpockets'
« Le festival de Clermont-Ferrand, c’est une grosse machine, c’est un festival un peu trop business et il n’y a pas du tout de convivialité alors que dans le court-métrage, les festivals qui me séduisent le plus personnellement, outre la qualité de la sélection, c’est aussi la convivialité qu’il y a autour, que ce soient les gens de l’organisation avec le public, qu’il y ait des liens comme cela. Je vais à Clermont-Ferrand depuis dix ans mais je ne connais pas les gens de l’organisation. Je n’espère donc pas qu’ils vont copier Clermont-Ferrand mais je ne pense pas. Je pense que d’abord, c’est trop important. Par contre, ils peuvent s’inspirer d’autres festivals plus petits. Je pense qu’il va falloir aussi s’ouvrir aux nouvelles technologies, peut-être voir ce qui se fait un peu sur Internet et avoir des relais comme cela. Il y a plein de choses à faire autour du court-métrage quand on est un festival autrement qu’en copiant Clermont-Ferrand. »

C’est donc un festival sans prétention mais au service du public. Le jury est composé volontairement d’une équipe multinationale pour donner différents points de vue sur les films. Chaque année, pendant un mois de novembre assez chargé en festivals en République tchèque, il parvient à attirer environ 3 000 spectateurs. Karel Spěšný :

« Il faut dire qu’on ne fait pas le festival pour les réalisateurs ou pour les gens de cinéma. Nous faisons le festival pour les spectateurs. C’est pour ça que nous sommes ici seulement quatre jours et seulement dans un cinéma. Parce que je pense qu’il vaut mieux faire une bonne sélection qu’un panorama énorme. Je pense que c’est mieux pour les spectateurs. »