Encore un saut à Karlovy Vary...

Bienvenue sur Culture sans frontières qui met aujourd'hui à l'honneur le cinéma : nous mettrons le cap sur la très chic station thermale de Karlovy Vary, en Bohême de l'ouest, où s'est tenu, début juillet, la plus grande fête du 7ème art dans le pays : Le Festival international du Film... Ma première interlocutrice s'appelle Lucie et s'est une de ces jeunes passionnés de cinéma devenus, avec leurs sacs à dos, presque des mascottes du festival...

Farenheit 9/11
"J'ai vu le documentaire de Michael Moore, Farenheit 9/11. Il est intéressant à voir, c'est sûr, mais comme j'avais lu beaucoup de choses sur ce film, j'étais un petit peu déçue. Il y avait beaucoup de faits et je m'en perdais un peu... J'ai vu aussi La Nuit américaine, un film de François Truffaut avec Jacqueline Bisset qui est aussi venue à ce Festival. Il m'a plu, c'est un film doux, une comédie en fait. Je crois que les spectateurs l'ont beaucoup aimé, parce qu'ils ont applaudi durant la projection."

A côté des grands titres comme Farenheit, le Festival de Karlovy Vary a proposé aux cinéphiles, comme chaque année d'ailleurs, toute une pléiade de films qu'ils n'auront pas l'opportunité de voir en salles : ne citons que l'Ours d'or de Berlin de cette année "Head-On" ou "L'histoire du chameau qui pleure", film tourné par de jeunes cinéastes en Mongolie et très apprécié du public de Karlovy Vary. Eva Zaoralova, directrice artistique du festival, ajoute.

Head-On
"Notre festival veut mettre un accent sur les cinématographies des pays dont les films, généralement, ne figurent pas dans les sélections officielles des grands festivals comme Cannes, Berlin ou Venise (même si l'année passé il y avait déjà plusieurs films russes à Venise). Il s'agit surtout des films des pays d'Europe de l'est. Cette année, nous avions en compétition des film hongrois, croate, russe, polonais, et aussi un film slovène. Mais nous étions obligés de le retirer de la compétition, parce qu'il avait été présenté auparavant dans un autre festival international, ce qui est en contradiction avec les règles du Festival de Karlovy Vary."

Rappelons que le Grand prix du Festival de Karlovy Vary, le Globe de cristal, a été attribué au film italien Certi bambini des réalisateurs Andrea et Antonio Frazzi. La France, quant a elle, a été représentée dans la course aux Globes de cristal par "Les Choristes". Le film n'a reçu aucun prix, mais le public de Karlovy Vary lui a réservé un accueil enthousiaste. La comédie de Christophe Barratier a charmé aussi Eva Zaoralova, membre du jury d'un Certain regard au Festival de Cannes 2004.

"Je suis contente d'avoir pu présenter à Karlovy Vary un film qui a eu du succès en France. Je pense que Les Choristes seront applaudis aussi aux Etats-Unis et dans les autres pays où le film a été vendu. Nous sommes d'ailleurs le premier festival qui a eu cette comédie à l'affiche."

Un autre film qu'Eva Zaoralova a emmené à Karlovy Vary : la Palme d'Or anti-Bush Farenheit 9/11. Mais là, la directrice du festival est plutôt réticente...

"A Cannes déjà, je me disais que Michael Moore a la chance d'être né dans un pays où il peut se permettre de critiquer de cette façon-là un chef d'Etat. S'il aurait vécu sous un régime totalitaire, en URSS ou dans l'ancienne Tchécoslovaquie, il n'aurait pas pu le faire, comme c'était le cas de plusieurs artistes tchèques et slovaques. Pour moi, son film est assez controversé. Franchement, je n'y vois pas un acte de courage, mais tout simplement une expression de ses opinions personnelles."

Auteur: Magdalena Segertová
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