Sur les traces de la révolution de Velours (IV) – le siège du Parlement tchécoslovaque

La demonstration devant le siège du Parlement tchécoslovaque, photo: Iva Borisjuková, Severočeské muzeum v Liberci / e-sbírky Národní muzeum, CC BY

Dans la suite de notre série consacrée aux lieux emblématiques de la révolution de Velours, nous allons nous rendre au siège de l’ancienne Assemblée fédérale de la République socialiste tchécoslovaque. Dans ce bâtiment moderne, situé au-dessus de la place Venceslas, ont été effectués les changements législatifs majeurs qui ont ouvert la voie à la reconstruction d’une société libre et démocratique. Diplomate et ancien leader étudiant, Václav Bartuška a fréquenté les locaux du Parlement tchécoslovaque dans les jours et semaines qui ont suivi le 17 novembre 1989. Il nous a confié ses souvenirs.

Manifestation devant le siège du Parlement tchécoslovaque,  photo: Iva Borisjuková,  Severočeské muzeum v Liberci / e-sbírky Národní muzeum,  CC BY

« Lorsque nous, les étudiants, avons déclaré la grève après l’intervention de la police contre les étudiants le 17 novembre, nous avons d’abord revendiqué la constitution d’une commission d’enquête chargée d’examiner ce qui s’était passé. Aussitôt, nous avons demandé l’annulation de l’article n°4 de la Constitution qui garantissait le rôle dirigeant du Parti communiste. L’Assemblée fédérale a effectivement annulé cet article le 29 novembre 1989. Le même jour, elle a constitué la commission d’enquête. »

Václav Bartuška | Photo: Eva Turečková,  Radio Prague International
« J’ai participé à plusieurs manifestations anti-communistes à partir du mois d’août 1988 (20e anniversaire de l’occupation soviétique de la Tchécoslovaquie, ndlr). Elles se sont déroulées de la même manière : soit nous avons été arrêtés, soit la police nous a tabassés, ou alors les deux. Mais en novembre, nous n’avons pas pressenti que quelque chose de décisif allait se passer », se souvient Václav Bartuška.

Le 19 novembre 1989, il a été interrogé pour la dernière fois par la police secrète communiste, la StB. Dix jours plus tard, le futur diplomate, âgé à l’époque de 22 ans, a été nommé membre de la commission chargée d’enquêter, entre autres, sur le rôle joué par la StB lors des événements survenus à Prague le 17 novembre.

Des changements clés sont ensuite entérinés par l’Assemblée fédérale. Václav Bartuška :

Manifestation devant le Parlement tchécoslovaque,  photo: Iva Borisjuková,  Severočeské muzeum v Liberci / e-sbírky Národní muzeum,  CC BY
« Il s’agissait surtout de la destitution du gouvernement fédéral, ainsi que des gouvernements tchèque et slovaque, puis de la nomination de nouveaux cabinets et de la nouvelle direction de l’Assemblée fédérale, présidée désormais par Alexander Dubček. Les nouveaux députés issus des rangs de l’opposition ont été cooptés en décembre 1989… Enfin, le Parlement a préparé les premières élections libres, organisées en juin 1990. »

Construit en 1973 sur l’emplacement de la Bourse de Prague, le bâtiment de l’ancienne Assemblée fédérale a une histoire intéressante. Après la chute du régime communiste, il a accueilli des personnalités telles que Mikhaïl Gorbatchev, François Mitterrand, Margaret Thatcher, George Bush, Helmut Kohl ou la reine Elisabeth II, avant d’abriter ensuite, entre 1995 et 2009, à l’initiative du président Václav Havel, le siège de Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL).

Situé à proximité immédiate du bâtiment historique du Musée national (et de la Radio tchèque…), l’ancien Parlement héberge aujourd’hui une partie de ses collections. Il accueille des expositions et conférences. Václav Bartuška a gardé un souvenir particulier de l’époque où il fréquentait ces locaux :

« Peu après le 17 novembre, de nouveaux visages se sont mêlés aux anciens au sein du Parlement. Il était assez curieux de rencontrer dans les couloirs le rocker et nouveau député Michael Kocáb, de même que des figures connues du Parti communiste. Jusqu’en juin 1990, l’ancien régime et le nouveau ont cohabité ici sous le même toit. »

Le bâtiment de l’ancienne Assemblée fédérale,  photo: Ondřej Tomšů