Revue de presse : la position d’Andrej Babiš n’est pas inébranlable

Photo: ČTK/AP/Olivier Matthys

Les élections au Parlement européen n’ont pas réservé de grande surprise en République tchèque, constatent à l’unanimité les médias nationaux. Selon les commentateurs, les résultats ne sont cependant pas sans intérêt. En dépit de la victoire de son mouvement ANO, le Premier ministre Andrej Babiš sort affaibli d’un scrutin marqué, au niveau européen, par le recul des grands partis traditionnels.

Source: iROZHLAS.cz
« Tous les partis représentés à la Chambre des députés, à l’exception du parti social-démocrate (ČSSD), ont remporté au moins un mandat au Parlement européen », constate Lidové noviny. Le quotidien précise que le nombre de Tchèques qui se sont rendu aux urnes (28,72%) a été plus important qu’en 2014 (18 %). « Grâce à cette participation plus forte, les Pirates et le SPD (parti d’extrême-droite, ndlr) ont percé pour la première fois », écrit toujours Lidové noviny.

Selon le journal, la communauté européenne doit s’attendre à un « changement radical » de son visage, les conservateurs du Parti populaire européen et les sociaux-démocrates ayant perdu, pour la première fois depuis 1979, la majorité absolue au Parlement européen.

« Les populistes n’ont pas pris d’assaut l’UE », constate avec un certain soulagement le quotidien économique Hospodářské noviny, mais il ajoute que si les partis pro-européens, dans leur ensemble, ont conservé la majorité de leurs députés, la nouvelle configuration du Parlement se révèle compliquée et potentiellement conflictuelle. « L’UE fera face à deux défis majeurs », écrit Lidové noviny, « elle devra débattre de sa réforme et de son rôle, ainsi que de l’utilisation de ses fonds ».

L’Europe divisée par la double conception de la démocratie

Photo: ČTK/AP/Olivier Matthys
Dans un autre article, le journal fait allusion à un sujet qui a dominé la campagne des partis politiques tchèques. Pour le commentateur de Lidové noviny, ce n’est pas la double qualité des aliments, mais la double conception de la démocratie qui divise l’Europe aujourd’hui. « Lorsque les Tchèques ont participé pour la première fois aux élections européennes [en 2004], Václav Havel et ses valeurs démocratiques incarnaient l’Europe centrale dans le monde entier. Actuellement, l’Europe centrale est symbolisée par Viktor Orbán et sa conception de la démocratie illibérale. »

« ANO est faible, l’opposition l’est encore plus », titre Respekt dans son édition de lundi. Selon l’hebdomadaire, il faut surtout retenir de ce scrutin européen que la position d’Andrej Babiš sur la scène politique tchèque n’est pas aussi forte que celle de Viktor Orbán et de Jaroslaw Kaczynski en Hongrie et en Pologne.

Selon le commentateur de Hospodářské noviny, le mouvement ANO, qui a recueilli 21,2% des suffrages, « a gagné sans triompher ». « Tout comme lors des dernières élections municipales, le scrutin européen a lui-aussi démontré que le mouvement ANO n’était pas invincible », ajoute Respekt. Son éditorialiste remarque : « Les partis d’opposition n’ont pas brillé, eux non plus. Il est étonnant qu’après tant d’années de domination du mouvement ANO, aucun parti d’opposition n’a réussi à s’approcher de la barre de 20%. »

Le parti social-démocrate  (ČSSD),  photo: ČTK/Michal Kamaryt
L’ensemble des journaux tchèques commentent la débâcle historique du parti social-démocrate. Ce parti traditionnel, qui forme la coalition gouvernementale actuelle aux côtés du mouvement ANO, a en effet recueilli moins de 4% des suffrages et ne sera pas représenté au nouveau Parlement européen.

Un résultat « fatidique » pour le principal parti de gauche en République tchèque selon Respekt, même s’il ne devrait pas menacer le gouvernement.