Election présidentielle 2018

Election présidentielle

C’est la seconde fois que les Tchèques vont élire leur président au suffrage universel direct. De 1918 à 2013, le chef de l’Etat était choisi par les parlementaires. L’introduction du suffrage universel n’a cependant pas été accompagnée d’un renforcement des prérogatives du président. La Tchéquie est restée une république parlementaire, où la fonction présidentielle est avant tout représentative. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement, qui est responsable devant le Parlement. Il n’en reste pas moins que la fonction du président est traditionnellement associée à l’idée d’une grande autorité et son influence réelle est plus importante que celle prévue par la Constitution. Cette tradition remonte au premier président tchécoslovaque, Tomáš Garrigue Masaryk ; elle s’est poursuivie avec Václav Havel, mais également avec Václav Klaus et Miloš Zeman.

L’élection se déroule en deux tours. Le premier se tiendra les 12 et 13 janvier. Si aucun des candidats n’obtient lors de ce premier tour la majorité absolue des voix, un deuxième tour est organisé deux semaines plus tard, les 26 et 27 janvier.

Au total, neuf candidats sont en lice dans cette élection présidentielle :

Jiří Drahoš
Ancien président de l’Académie des Sciences, professeur universitaire en chimie. Il est connu du public pour sa façon sophistiquée de s’exprimer, qui contraste avec le style plus direct de Miloš Zeman. Il a annoncé sa candidature longtemps avant le scrutin et il est considéré comme l’un des favoris. Il promet principalement aux électeurs d’améliorer la communication du Château de Prague. Il candidate en tant que candidat indépendant. Le parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL) lui a exprimé son soutien.

Pavel Fischer
Ancien ambassadeur en France. Il est pratiquement inconnu du grand public. Pavel Fischer défend l’orientation pro-occidentale du pays et est en faveur d’une coopération renforcée entre voisins dans le cadre de l’UE et entre alliés dans celui de l’OTAN, par exemple avec les Etats-Unis. Il estime que la Tchéquie devrait accueillir des réfugiés en respectant les quotas décidés à Bruxelles.

Petr Hannig
Producteur et compositeur de pop-music. Il a été candidat lors de toutes les élections législatives et sénatoriales organisées en République tchèque depuis 2002. Il les a toutes perdues. Il opère désormais pour le parti du Bon sens, qui insiste d’abord sur la nécessité d’une politique migratoire restrictive.

Marek Hilšer
Médecin. Outre la médecine, il a aussi étudié les relations internationales. Il travaille actuellement à la faculté de médecine de l’Université Charles. Peu avant la Révolution de velours, ses parents ont émigré en Espagne et il a donc passé une partie de son enfance à Madrid. Il est presque inconnu du grand public pour l’heure. En octobre 2014, dans le cadre d’un happening du groupe oMen, il avait soutenu le Premier ministre de l’époque Bohuslav Sobotka dans son appui à l’Ukraine en se mettant torse nu et en brandissant des drapeaux de l’UE et de l’OTAN lors d’une conférence de presse au Bureau du gouvernement.

Michal Horáček
Ancien propriétaire d’une société de paris, parolier de nombreuses chansons à succès. Ecrivain et journaliste. Il mène activement sa campagne préélectorale depuis déjà octobre 2016, quand il a officiellement annoncé sa candidature. Il est considéré comme l’un des favoris de l’élection. Politicien partisan de la construction européenne, ce qui ne l’a pas empêché de s’opposer à l’accueil des réfugiés et à l’éventualité que des mosquées soient construites dans des villes tchèques. Il est pour l’adoption de l’euro.

Jiří Hynek
Cadre dirigeant, président de l’Association de l’industrie de l’armement de République tchèque. En tant que chef de l’Etat, Hynek entend être l’ambassadeur de l’industrie tchèque à l’étranger, il défendrait l’intérêt national et sa priorité serait la sécurité. Il est en faveur d’une réforme de l’Union européenne et d’un référendum sur la sortie de la Tchéquie de l’UE. Il est candidat pour le parti des Réalistes, qui n’ont pas réussi à avoir des députés lors des dernières législatives.

Vratislav Kulhánek
Ancien président du conseil d’administration du constructeur automobile Škoda Auto. Il soutient l’adoption de l’euro, mais serait également pour que la Grèce soit exclue de l’eurozone. Il est un chaud partisan de l’ancrage tchèque dans l’UE et serait opposé à la tenue d’un référendum sur une éventuelle sortie de la Tchéquie de l’union.

Mirek Topolánek
Ancien Premier ministre et leader du Parti civique démocrate (ODS). Ce n’est toutefois pas en qualité de candidat de cette formation conservatrice que Mirek Topolánek se présente à l’élection présidentielle. Avec son franc-parler et un mode de communication qui se veut « populaire », son style se rapproche de celui du président sortant Miloš Zeman. Mirek Topolánek a été le Premier ministre de la République tchèque lorsque celle-ci a assuré, en 2009, la présidence tournante de l’Union européenne. Lui-même se définit comme un « euroréaliste » tout en ne remettant pas en cause l’orientation, « incontestable » selon lui, de la République tchèque vers l’Ouest. Il promet de respecter strictement la Constitution en cas d’exercice des fonctions de chef de l’Etat.

Miloš Zeman
Président de la République tchèque depuis 2013. Son mandat arrive à terme. Avec Václav Havel et Václav Klaus, Miloš Zeman est la figure la plus marquante de la scène politique tchèque depuis la chute du régime communiste. Ancien président du Parti social-démocrate (ČSSD), formation qu’il a ensuite quittée en mauvais termes. Miloš Zeman est une personnalité politique qui divise la société tchèque. D’abord partisan de l’Union européenne au moment de sa prise de fonctions de chef de l’Etat, il s’est mis progressivement à la critiquer de plus en plus souvent, tout en soulignant parallèlement la nécessité d’approfondir la coopération avec la Russie et la Chine. Favorable à la suppression des sanctions contre la Russie, qu’il considère comme inutiles, Miloš Zeman, auteur de plusieurs déclarations ouvertement islamophobes, est fermement opposé à l’accueil de réfugiés. Il est régulièrement critiqué pour sa libre interprétation de la Constitution du pays.

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