Olomouc, métropole historique de la Moravie

La colonne de la Sainte Trinité, photo: Miloš Turek

Olomouc est une ville de 100 000 habitants, à 250 kilomètres à l'est de Prague. Capitale de la Moravie jusqu'en 1642, Olomouc est aujourd'hui une capitale régionale et un centre universitaire, religieux et culturel de la Moravie du Nord. L'Université Palacký, fondée en 1573, est la deuxième plus ancienne dans le pays. Depuis le XIe siècle, Olomouc accueillait le siège de l'évêché morave élevé en 1777 au rang d’archevêché. La ville possède un riche patrimoine architectural : églises, palais, fontaines baroques, maisons patriciennes et forteresses, ces dernières dont elle s’est dotée au XVIIIe siècle. Le noyau historique d'Olomouc est classé réserve protégée. En 2000, la colonne de la Sainte Trinité a été inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

La colonne de la Sainte Trinité,  photo: Miloš Turek
Avec ses 32 mètres, la colonne domine la place Haute d'Olomouc – Horní náměstí où nous sommes accueillis par le guide touristique, Štefan Blaho :

« En Europe centrale où les colonnes de la peste sont très courantes depuis Budapest, Vienne et Prague, celle d'Olomouc est la plus élevée et aussi l'une des plus robustes : à l'intérieur, on trouve une petite chapelle. Erigée en 1740, pour célébrer la fin d'une épidémie de peste, la colonne est exceptionnelle au regard de sa décoration extérieure. Conçue au départ comme une œuvre votive classique, on y a ajouté les statues des principaux patrons de Bohême et de Moravie : Adalbert, Venceslas, Cyrille et Méthode, Michel. Pour cette raison, on l'appelle la colonne de la Sainte Trinité. La colonne a été consacrée en 1762, pendant le séjour de l'impératrice Marie-Thérèse qui, avant de retourner à Vienne, a alors pour la dernière fois confirmé le titre d'Olomouc en tant que capitale de la Moravie. »

L'hôtel de ville d'Olomouc avec l'horloge astronomique,  photo: CzechTourism
Toujours sur la place Haute, nous nous arrêtons devant l'hôtel de ville d'Olomouc, un beau bâtiment renaissance du XVe siècle abritant une horloge astronomique remaniée dans les années 1950 dans un style réaliste socialiste. Le défilé des apôtres est remplacé par celui de douze figurines représentant des métiers contemporains : ouvrier, paysan, sportif, femme de ménage, ainsi que le détaille notre guide :

« Par sa conception, ce type d'horloge est proche de l'horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg : ses trois étages sont divisés en sphères terrestre et céleste et elle est en partie occupée par un calendrier et un dispositif particulier permettant de distinguer les fêtes. Depuis sa rénovation, en 1955, par Karel Svolinský, il s’agit sans aucun doute de l'unique horloge au monde où on voit défiler les ouvriers et les ouvrières. La Vierge Marie y est remplacée par une joueuse de volley-ball. Peu appréciée des Tchèques, l'horloge en est d'autant plus admirée par les touristes étrangers, notamment ceux venant d'Italie. En tous cas, la décoration est tributaire de l'époque socialiste et elle y restera comme un mémento. »

Olomouc possède trois colonnes baroques ainsi qu'un ensemble de sept fontaines édifiées à l'époque baroque pour orner les places de la ville et récemment restaurées et complétées. La plus grande d'entre elles est dédiée à Jules César, car selon la légende, Olomouc aurait été fondée par ce dernier, ainsi que le raconte Štefan Blaho :

La fontaine de Jules César,  photo: Archives de Radio Prague
« Pour cette raison, la plus grande fontaine d'Olomouc porte son nom. A l'origine, la ville s'appellait en latin Iuliomontium (Mont Jules) qui serait devenu Olomutium, puis Olomutz. Bien que la légende reste improuvable, il n'en reste pas moins que des fouilles archéologiques récentes ont dévoilé l'existence d'un campement romain du IIe siècle après Jésus-Christ dans l'enceinte de la ville d'Olomouc, ce qui confirme la présence des légions romaines, non pas celles de César, mais celles de Marc Aurèle. Des fouilles ont également confirmé la présence des Celtes sur le territoire de l'actuelle Olomouc, puis de colonies germaniques, au Ve siècle, avant l'arrivée des Slaves, au VIe siècle. La région est peuplée depuis plus de 6 000 ans ce qui est dû à l'existence d'un gué préhistorique à travers la rivière Morava. Plus tard, une route commerciale pour l’ambre traversait la ville. Bref, Olomouc était un carrefour de voies commerciales. »

D'autres fontaines baroques d'Olomouc sont dédiées à Neptune, Hercule, Jupiter, Mercure. La septième qui complète l'ensemble s'appelle la fontaine d'Arion. Le sculpteur Ivan Theimer qui l'a créée en 2003 s'est inspiré du projet baroque en choisissant également un personnage de la mythologie grecque :

La fontaine d'Arion,  photo: Michal Maňas,  CC BY 2.5 Generic
« Arion, c’est un chasseur géant, aveuglé et abandonné sur le rivage, en allusion au destin qu'a connu Olomouc lors de l'occupation suédoise, lorsqu'elle a failli être détruite pour finalement renaître ensuite de ses cendres. Or les objets historiques les plus précieux, dont des codex romans rarissimes du XIIe siècle ont été emportés comme butin par les armées suédoises au cours de la Guerre de Trente ans et ils se trouvent aujourd'hui à Uppsala et Stockholm. »

Très endommagée, Olomouc s'est trouvée détrônée, en 1640, par Brno comme ville principale de la Moravie. Elle conserve toutefois son importance en tant que ville militaire. Au XVIIIe siècle, au cours des guerres de Silésie opposant la Prusse et l'Autriche, Olomouc est transformée en une des plus grandes forteresses baroques de l'empire austro-hongrois. En 1795, Gilbert du Motier de La Fayette, un général français, est emprisonné à Olomouc avec Jean-Xavier de Pusy et Charles-César de Fay de la Tour-Maubourg.

Le théâtre morave
En quittant la place Haute, nous passons à côté du théâtre municipal où le compositeur Gustav Mahler exerçait, en 1883, la fonction de directeur. Dans l'immeuble voisin se trouvait autrefois le célèbre Café Opéra, lieu de rencontres de personnalités célèbres comme Sigmund Freud, psychanalyste, Josef Hoffmann, architecte, ou Friedrich Nietzsche, philosophe.

Et nous voilà arrivés sur la place Basse – Dolní náměstí, qui fait penser, elle, à une place de Rome, avec ses églises et ses fontaines dont celle dédiée à Jupiter qui est la plus grande et la toute première à avoir été érigée à Olomouc. Au coin de l'une des maisons, une plaque commémorative commémore le court séjour de la famille Mozart à Olomouc, en 1767 :

La maison du séjour de Wolfgang Amadeus Mozart,  photo: Michal Maňas,  CC BY 2.5 Generic
« Wolfgang Amadeus Mozart, alors âgé de 11 ans, y a trouvé refuge avec ses parents et sa sœur devant une épidémie de variole qui s’était répandue à Vienne. Wolfgang ainsi que sa sœur sont tombés malades. On dit que par reconnaissance pour avoir été guéri, Mozart a composé sa symphonie en Fa majeur dite d'Olomouc. »

Olomouc a parfois été surnommée la « Salzbourg » de la Moravie, en raison de ses traditions musicales. En 1823, Beethoven a composé sa Messe Solennelle pour la cathédrale Saint-Venceslas d'Olomouc. Bedřich Smetana, Antonín Dvořák et Leoš Janáček ont souvent séjourné dans cette ville.

Olomouc possède par ailleurs une longue tradition ecclésiastique. Au XVe siècle, elle devient le centre de l'inquisition morave. Depuis 1777, elle accueille le siège de l'archevêché. L'imposant palais archiépiscopal qui se dresse sur la place éponyme a plusieurs fois été le théâtre d'événements majeurs de l'histoire :

Le palais archiépiscopal
« Le palais conserve le trône sur lequel était assis François-Joseph lors de son couronnement, après que Ferdinand Ier d'Autriche ait abdiqué, en 1848, en faveur de son jeune neveu. C'est là encore que la rencontre entre le chancelier autrichien et le ministre des Affaires étrangères prussien, connue sous le nom de « reculade d'Olmütz » a donné lieu au rétablissement de la Confédération germanique en 1850. Avant la bataille d'Austerlitz, le général russe Koutouzov a été à l'archevêché d'Olomouc pour y négocier une jonction avec les corps autrichiens. Bien des rois, empereurs, officiers et des personnalités célèbres ont été accueillis au palais archiépiscopal. »

Comme le note notre guide, on surnommait cette partie d'Olomouc le petit Vatican, en raison de sa séparation du reste de la ville. Aujourd'hui, elle sert de lieu de tournage à des scènes de films comme « Le docteur Jivago » ou tout récemment « Les Trois Mousquetaires. »

La cathédrale gothique Saint-Venceslas,  photo: Miloš Turek
A quelques pas du centre-ville se trouve le principal édifice qui domine la ville d'Olomouc : la cathédrale gothique Saint-Venceslas, dotée de deux tours hautes de cent mètres. Un château roman, le premier d'Olomouc, se trouvait au XIIe siècle à cet emplacement. Les vestiges d'une basilique romane primitive, d'une crypte et d'autres bâtiments d'époques différentes ont été réunis, au XIXe siècle, en une seule cathédrale construite dans le style gothique, comme l'explique Štefan Blaho :

La cathédrale gothique Saint-Venceslas,  photo: Daniel Baránek,  CC BY 3.0 Unported
« Dans la période romane, le château est le centre du pouvoir de la Moravie : les évêques et les princes Přemyslides y ont leur siège. Un lieu fortifié s'y trouve déjà au Xe siècle. Par un concours de circonstances tragiques, le roi de Bohême Venceslas III est assassiné en 1306 au château d'Olomouc. Son décès marque la fin de la dynastie des Přemyslides et l'arrivée des Luxembourg au trône de Bohême. On ignore où il a été assassiné exactement et par qui. »

En 1995, le pape Jean-Paul II a célébré une messe à la cathédrale, à l'occasion de la canonisation de deux saints : Jan Sarkander et Zdislava de Lemberk. Lors de notre visite, les églises d'Olomouc ont été richement ornées de fleurs, dans le cadre d'une manifestation qui s'appelle « Les monuments fleuris » qui a lieu régulièrement au mois d'octobre, simultanément avec le Festival international de musique spirituelle.

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