Karlstejn a rouvert ses portes le 1er mars

Castillo de Karlstejn
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C'est habituellement le 1er avril que les châteaux tchèques et moraves rouvrent leurs portes, mais ces derniers temps, de plus en plus de châteaux restent ouverts pendant toute l'année ou bien ils ouvrent déjà le 1er mars. Parmi eux, le château fort de Karlstejn, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Prague. La silhouette romantique de ses tours et ses remparts crénelés domine la valée sinueuse de la rivière Berounka. La première pierre du château a été posée le 10 juin 1348 par l'archevêque de Prague, Arnost de Pardubice, en présence du roi Charles IV qui l'a conçu comme une sorte de bastion sacré, reposoir du trésor royal, des joyaux de la couronne et des collections de reliques saintes. Les travaux ont été dirigés par Matthieu d'Arras, le premier bâtisseur de la cathédrale Saint-Guy au Château de Prague. Karlstejn fait partie des projets visionnaires de Charles IV, devant, comme la cathédrale, confirmer le rang spirituel et temporel de sa dynastie. Le château a été solennellement ouvert il y a 650 ans, le 27 mars 1355.

Avec ses 283 000 visiteurs, en 2004, le château de Karlstejn est le deuxième le plus visité du pays, après le château de Prague. Que peut-il offrir dans la nouvelle saison? Le guide Jaromir Kubu, au micro de Radio Prague:

"Karlstejn ouvre ses portes, traditionnellement déjà, le 1er mars. Et qu'est-ce qu'il peut offrir ? Pour l'instant, le 1er circuit de visites guidées qui conduit les visiteurs dans les intérieurs du palais Impérial, dans la tour Mariale, la salle des Chevaliers et aussi dans la prison du château. Je voudrais prévenir les visiteurs que Karlstejn subit la 4e étape de travaux pour régler les problèmes d'équilibre statique. Pour cette raison, le 2e circuit ne sera ouvert que le 1er juin prochain."

La chapelle de la Sainte-Croix,  photo: Lucie Zemanová / ČRo
Plusieurs ensembles architectoniques ont été créés sur la pente raide du site dans le cadre d'un plan trapézoïdal à quatre terrasses : la cour et les dépendances des burgraves, le palais Impérial, l'église Ste-Marie avec un oratoire privé et la miniscule chapelle Sainte-Catherine, et la Grande Tour avec la chapelle de la Sainte-Croix. Selon le guide, Jaromir Kubu, la visite de la Grande Tour fait partie du 2e circuit de visites, de même que celle de l'église Sainte-Marie qui conserve d'importants vestiges des peintures murales gothiques d'origine montrant des scènes de l'Apocalypse et Charles recevant des reliques saintes. Pour ce qui est de la chapelle de la Sainte-Croix, il est nécéssaire de faire une réservation à l'avance, puisque sa visite est limitée à des groupes qui ne peuvent former plus que douze personnes par heure. Cette mesure est nécessaire pour maintenir le microclimat de la chapelle à l'extraordinaire décor: murs recouverts d'or et de pierres précieuses et ornés de tableaux gothiques du maître Théodoric. La chapelle de la Sainte-Croix représente la partie la plus importante et la plus précieuse du château. Elle était conçue pour abriter la couronne tchèque de saint Venceslas et les joyaux de l'empire germanique romain et les reliques saintes dont un fragment de la vraie Croix.

En 1355, lorsque le roi Charles IV a, pour la première fois, séjourné à Karlstejn, il a décidé d'une décoration exceptionnelle de la chapelle, en confiant la tâche au peintre Théodoric. Ce dernier s'est parfaitement acquitté de la réalisation de l'image que le roi a eue sur cette chapelle. Image de ville céleste appelée à garder les joyaux de la couronne. La chapelle produit une impression mystique et remplit d'émerveillement ceux qui ont la chance de s'y recueillir. La voûte de la chapelle, sur fond bleu, imite le ciel où brillent des étoiles en or. Les murs sont incrustés de pierres fines et au-dessus, les panneaux en bois avec des figurines grandeur nature représentant des personnages authentiques: souverains, papes, apôtres, évêques, chevaliers, mais aussi prophètes et martyrs... Toute une armée céleste de Jésus-Christ, gardiens des trésors du royaume. Le maître Théodoric nous a laissé à Karlstejn une galerie sans pareille de peintures gothiques sur panneaux en bois. Le château de Karlstejn a conservé les joyaux de la couronne jusqu'en 1420. Menacés par les guerres hussites, les joyaux de la couronne impériale ont été transférés à Vienne, et ceux de la couronne de Bohême dans la cathédrale Saint-Guy au château de Prague. A Karlstejn, on expose leurs répliques.

Le château de Karlstejn a été construit non seulement comme un abri représentatif des joyaux de la couronne, mais aussi comme un des lieux de résidence de Charles IV. Les forêts profondes entourant le château convenait parfaitement à sa grande passion, la chasse. Plusieurs légendes se rapportent à Karlstejn. Selon l'une d'elles, le château a été, pendant un certain temps, interdit aux femmes. On dit que le roi, marié quatre fois, a voulu faire de Karlstejn une résidence de repos, loin des soucis et de la vie mondaine. Ce n'est que la quatrième et dernière épouse de Charles, Elisabeth de Poméranie, réputée pour sa force et dont on disait qu'elle savait briser l'épée, qui a rompu cette règle et séjourné plusieurs fois au château.

Selon une autre légende, un dragon est apparu, un jour, à Karlstejn. On prétendait que c'était le même que saint Georges avait tué. Mais, ce qu'on a pris pour un crâne de dragon fait réellement partie des réserves du château. Jusqu'en 1679, l'objet était caché dans un dépôt secret, au-dessous de l'autel de la chapelle. On juge que le roi Charles IV, grand collectionneur des reliques et de curiosités, a acquis ce crâne pour enrichir les collections. Mais comme beaucoup de reliques moyenâgeuses étaient des faux, le roi Charles IV a été, lui aussi, trompé. Au lieu d'une tête de dragon, on lui a vendu celle d'un crocodile, le plus probablement du Nil, apporté en Europe comme souvenir par les croisés.

Karlstejn a perdu son rôle impérial quand la guerre de Trente Ans a éclaté. Pillé par les Suédois, il souffrait d'une dégradation jusqu'à 1812 où l'empereur François II a accordé les premières subventions pour sa restauration. A la fin du XIXe siècle, il a été remanié par l'architecte-restaurateur Josef Mocker dans le style néo-gothique ce qui a, dans une certaine mesure, retouché son aspect original. Pour cette raison, le château n'a pas satisfait aux conditions sévères de la procédure d'inscription sur la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO. D'autre part, ils ont fait de Karlstejn un château de contes de fées. Une place privilégiée à l'échelle des monuments tchèques lui revient surtout pour l'importance de sa construction et son rôle de château impérial ayant autrefois abrité les joyaux de la couronne. Karlstejn est unique aussi du fait que malgré des détériorations et les remaniements mentionnés, son plan original conçu, il y a plus de 650 ans ait été sauvegardé.

L'accès au château est interdit en voiture, il faut stationner en bas et faire environ 1,5 km à pied ou en calèche. La rue est bordée de cafés, restaurants et boutiques où on peut entre autres acheter le vin des vignes de Karlstejn. Il s'agit de cépages amenés autrefois par l'empereur Charles IV de la Bourgogne. La montée aboutit à la porte ouest du château. De l'autre côté de la cour une porte mène à la cour du Burgrave. Une arête crénelée offre des vues splendides sur la valée boisée.

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