Des tableaux de peintres italiens sont à découvrir dans la galerie Břehová à Prague

Le Riche (Pluton) II

La galerie Břehová, dans le vieux quartier juif de Prague, est le but de notre balade, aujourd’hui. La galerie est située au milieu de la rue du même nom, Břehová, rues des bords, en raison de sa proximité avec la rivière Vltava. Après la visite des monuments qui se trouvent dans son voisinage immédiat, et surtout le vieux cimetière juif, les synagogues, la salle de concert de Rudolfinum et le Musée des arts et métiers, nous allons voir la galerie de Břehová qui propose jusqu’au 27 août une exposition de tableaux et d’œuvres d’art de maîtres italiens contemporains. Enrico Magnani, originaire de Milan, qui a passé une partie de sa vie artistique en France – près de Nice et à Paris, et qui vit actuellement à Karlsruhe, est l’un de ces artistes. Nous lui avons demandé de nous familiariser d’abord avec sa philosophie artistique, l’évolution de son travail, depuis l’art figuratif à l’art abstrait :

Enrico Magnani
« Ma philosophie artistique, c’est, en fait, que j’essaie de développer un langage artistique qui puisse stimuler le questionnement intérieur de l’homme, pour favoriser l’évolution spirituelle. C’est la base de départ de toute mon œuvre actuelle. Mais effectivement, j’ai eu un parcours bien différent. J’ai commencé en tant que peintre figuratif parce que je croyais que l’homme était vraiment tout : le centre, le début et la fin, et donc, j’ai vraiment focalisé mon attention sur l’être humain. J’ai commencé à peindre des corps et des visages. A l’époque, il y a déjà plus de 15 ans, il y avait beaucoup de rage, beaucoup de sexualité, beaucoup de technologie dans mes toiles, parce que je n’aimais pas la société, et je trouvais que beaucoup de traits de cette société n’allaient pas dans la direction que je souhaitais. J’ai donc essayé de choquer le public à travers l’amplification de ces défauts. Mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte que j’avais juste souligné le problème, mais qu’il n’y avait pas de solution dans mes tableaux. Inconsciemment, j’ai arrêté d’exposer mes tableaux dans des galeries et je me suis retiré. A l’époque, je vivais à Paris et j’ai passé beaucoup de temps à développer ces corps qui se sont transformés et sont devenus des sujets plus mythologiques, plus spirituels, plus religieux. Au bout d’un moment, il y a des symboles qui sont apparus à coté de ces corps. Et un jour, les corps ont disparu entièrement, et seuls les symboles sont restés. Et maintenant, ce que je fais est entièrement abstrait, et le symbole, c’est un moyen pour stimuler les questionnements intérieurs de l’homme. »

Quels sont les symboles que vous utilisez, qu’est-ce que vous voulez transmettre par ces symboles ?

Le Riche  (Pluton) II
« En fait, les symboles – il y en a beaucoup dans le monde, il y a des symboles plus complexes et plus simples. Moi, j’essaie d’utiliser les symboles élémentaires, c'est-à-dire la croix, la Lune et le cercle. Ces trois symboles sont des symboles archétypiques qui ont un pouvoir inconscient à l’intérieur de l’homme. Je fais toujours cet exemple : le grincement des ongles sur un tableau suscite immédiatement la chair de poule à quelqu’un qui peut l’entendre, même s’il ne sait pas d’une manière intellectuelle pourquoi ce phénomène se passe. Et le symbole, le symbole archétypique, il agit de la même manière : il suffit de le regarder et même si l’être humain, le spectateur, ne le comprend pas avec l’intellect, à l’intérieur de l’homme, il produit ces effets. Donc pour synthétiser le cercle, on a un symbole lié à l’intellect, mais aussi lié au principe masculin, peut-être on peut dire le yang des cultures orientales. La Lune est le principe féminin, le yin de la culture orientale, mais c’est aussi le symbole de l’âme, de l’émotion, du cœur. Et puis il y a la croix, symbole du corps physique, symbole de vie. Et ces trois symboles, on peut les disposer selon un ordre différent et créer des symboles qui sont plus complexes et qui expriment des qualités qu’on retrouve à l’intérieur de l’homme. »

Ces symboles sont également représentés sur les quatre tableaux que vous exposez actuellement à Prague, dans la galerie Břehová. Pourquoi avez-vous décidé d’exposer à Prague ?

Ici et au-delà
« Je dis toujours que dans la vie, les hasards ne sont jamais des hasards. Les critiques d’art qui suivent mon travail m’ont proposé cette exposition à Prague. Moi, j’ai trouvé cela exceptionnel, car mon travail est un travail basé sur des symboles archétypiques qui appartiennent à une tradition hermétique ou alchimique aussi. Et Prague, c’est une ville qui est imprégnée de la tradition alchimique, il y a beaucoup d’histoire, beaucoup de mythes, beaucoup de légendes sur les alchimistes à Prague. Je me suis dit que le fait que je puisse exposer dans cette ville était un vrai signe, Et donc la ville m’attendait et moi j’attendais la ville de Prague, c’est réciproque, je pense… »

Pour que l’auditeur puisse se faire une idée de votre création, pourriez-vous faire une brève description des tableaux exposés ?

Labyrinthe de Pluton
« Oui, à la galerie j’expose quatre tableaux qui sont, je pense, une bonne synthèse de mon œuvre. J’aimerais parler surtout du labyrinthe de Pluton. Pluton, c’est un symbole qu’on connaît bien à travers la mythologie grecque et romaine. C’est un symbole de vie, c’est un symbole de mort. Et dans le labyrinthe – en fait c’est le labyrinthe de Chartres qui est la base de ce tableau – donc dans le centre du labyrinthe, on trouve le cercle et la Lune, c'est-à-dire le principe masculin et le principe féminin. A l’extérieur du labyrinthe, il y a la croix, c’est le symbole de la vie. Et ces trois symboles, le cercle, la Lune et la croix ensemble deviennent les symboles astrologiques de Pluton. Donc Pluton comme symbole de vie, symbole de mort, et recherche de la vie, du principe originel de la vie elle-même. »

Cette exposition à Prague, c’est une première pour vous ?

Le jeu de Mars et Mercure
« C’est la première fois, mais comme il y a beaucoup d’alchimie ici et je sens cette ville très proche de moi, j’espère que cela ne sera pas la dernière fois et que beaucoup de choses pourront se développer grâce à cette exposition et peut-être aussi grâce à Radio Prague. »

Reste à compléter qu’Enrico Magnani a déjà exposé ses tableaux en Italie, en France et en Autriche. Quant à la présente exposition de maîtres italiens contemporains, elle est à voir à la galerie Břehová jusqu’au 27 août prochain.

Pour plus d’infos : www.galerie-brehova.cz www.enricomagnani-art.com