Balade automnale au Château de Prague

Le jardin Royal – Královská zahrada, photo: Štěpánka Budková

Le week-end écoulé, des milliers de Praguois se sont rendus au jardin Royal du Château de Prague qui accueillait la fête des vendanges. L'occasion de vous faire découvrir le jardin et son architecture, de revenir sur la tradition de la culture de la vigne au Château et de vous inviter aux manifestations culturelles proposées pendant la saison d'automne.

Le jardin Royal – Královská zahrada,  photo: Štěpánka Budková
Le plus grand des jardins du Château de Prague, le jardin Royal – Královská zahrada, s'étend sur 3,6 hectares de terre du côté nord du Château dont il est séparé par le Fossé des cerfs. Fondé en 1534, il occupe l'emplacement d'anciennes vignes médiévales. A l'origine, il est un jardin d'acclimatation de plantes exotiques. L'architecte Giovanni Spati, qui l'a créé s'est, inspiré des jardins Renaissance italiens, comme le raconte František Kadlec, historien et responsable du tourisme au Château :

La maison du Jeu de paume,  photo: Kristýna Maková
« Le jardin Royal fait partie des plus beaux et des plus anciens jardins au Château de Prague. Son fondateur, l'empereur Ferdinand Ier, a veillé à ce qu'on ait de quoi admirer, non seulement une riche végétation, mais aussi l'architecture et les constructions qui s'y trouvent : la maison du Jeu de paume de style Renaissance édifiée en 1569 par l'architecte Bonifac Wohlmut et décorée de splendides sgraffites, le Belvédère de la reine Anne aujourd'hui complètement restauré, ainsi que la fontaine chantante. »

La fontaine chantante,  photo: Kristýna Maková
Les gouttes d'eau, en tombant dans les vagues de bronze, font résonner la fontaine chantante dessinée en 1568 par Francesco Terzio. La fontaine est située juste en face du Belvédère de la reine Anne – construction Renaissance du milieu du XVIe siècle que Ferdinand Ier a dédiée à son épouse, Anne de Jagellon. Le jardin est orné de plusieurs plastiques baroques dont l'allégorie de la Nuit de Matyáš Bernard Braun et Hercule de Jan Jiří Bendl. La Cour du lion refermant le jardin Royal du côté nord-ouest doit son nom à un jardin zoologique fondé par Rodolphe II. Aujourd'hui, la Cour du lion - Lví dvůr est un restaurant romantique.

Des châtaigniers, des tilleuls et des hêtres dont certains sont vieux de 300 ans agrémentent le jardin Royal. Parmi les plantes et arbustes d'ornement, les plus admirées sont les magnolias, avec leurs fleurs solitaires et très décoratives. Dans le passé, ce jardin a été l'un des premiers en Europe centrale où poussaient des tulipes, ainsi que l’observe František Kadlec :

Le jardin Royal,  photo: Site officiel du Château de Prague
« Ferdinand Ier, fondateur du jardin, est un passionné de botanique, et son ambassadeur auprès du Sultan turc ramène à Prague plusieurs bulbes de tulipes. Plantées dans le jardin du Château, les premières tulipes y sortent au printemps 1554. Tout le monde en tombe fou et la tulipe est à l'époque considérée comme la huitième merveille du monde. Au fur est à mesure, la tulipe se répand dans d'autres jardins royaux, et une vague de tulipomanie s'empare au XVIIe siècle de la Hollande. »

L'orangerie,  photo: Kristýna Maková
Sur le versant sud du jardin Royal, on tombe sur une réalisation très contemporaine : la nouvelle orangerie construite à l'emplacement de celle de 1590 détruite par les troupes suédoises durant la Guerre de Trente ans. La construction mêlant l'acier et le verre a été conçue en 2002 par l'architecte tchèque installée à Londres, Eva Jiřičná. La forme en serre accueille trois espaces pour autant de zones climatiques différentes. Les visiteurs y trouvent, entre autres, plusieurs variétés de citrus dont un agrume aromatique, le citrus medica, qui est une variété de cédrat surnommé « la main de Bouddha », en raison de sa forme : ses fleurs blanches ou pourpres se développent en des grappes très odorantes.

Le pavillon des chefs d'Etat,  photo: Štěpánka Budková
Le jardin Royal est devenu accessible au public en 1990 grâce à Václav Havel. Dès son arrivée au Château, Václav Havel a ouvert en grand les portes de l'ensemble du complexe du Château, jusqu'alors territoire fermé. Ainsi, il a décidé de l'ouverture du jardin et de la suppression des fortifications autour d'un pavillon au milieu du parc qui était habité depuis les années 1950 par les chefs d'Etat.

Au Moyen-âge, un vignoble s'étendait là où se trouve aujourd'hui le jardin Royal. La culture de la vigne est de tradition très ancienne au Château de Prague. C’est ce que note František Kadlec :

« Selon la légende, les vignes auraient été plantées au château au milieu du Xe siècle par saint Venceslas, patron des Tchèques, et servaient à la production de vin de messe pour les couvents chrétiens de Prague. Une vigne située en-dessus du vieil escalier du château porte le nom de saint Venceslas, et est, effectivement, la plus vieille vigne en Bohême. Or, officiellement la culture de la vigne commence au XIVe siècle, sous le règne de Charles IV : ce dernier publie, en 1358, un décret ordonnant de cultiver la vigne sur les terrains libres, y compris ceux du château de Prague. Au départ, les cépages avaient été importés de Bourgogne et de Rhénanie. La production actuelle est basée sur la variété qui s'appelle Hibernal : il s'agit d'un cépage blanc qui est cultivé dans les vignes rénovées du Château de Prague depuis les années 1990. »

Photo: Site officiel du Château de Prague
La fête des vendanges a lieu traditionnellement à la mi-septembre. D'autres festivités organisées au mois de septembre au château de Prague sont liées à la Fête nationale célébrée le 28 septembre, Jour de l'Etat tchèque et de saint Venceslas. František Kadlec précise quelles seront les manifestations en l'honneur du saint patron des Tchèques :

« Saint Venceslas, patron du pays dont les reliques sont abritées au Château de Prague, dans la cathédrale Saint-Guy, sera commémoré d'une manière solennelle et digne. La veille de la fête, un concert sera donné dans la cathédrale et le lendemain, une journée porte ouverte sera organisée au Château de Prague qui rendra accessibles des salles représentatives habituellement fermées au public. A cette occasion, on exposera, pour la première fois après une restauration complète, l'armure de saint Venceslas comprenant l'épée, le casque et la chemise de mailles. »

Château de Prague,  photo: Google Maps
Chaque année, on organise au Château de Prague plus d'une dizaine d'expositions. L'exposition permanente intitulée « L'Histoire du Château de Prague » familiarise le visiteur avec l'histoire millénaire de l'édifice, la fondation d'une forteresse à cet emplacement probablement autour de l'an 880, la construction de la cathédrale Saint-Guy commencée en 1344, les vastes remaniements réalisés au XVIIIe siècle par l'architecte de Marie-Thérèse, Nicolo Pacassi, jusqu'à la construction de deux tours de la cathédrale en 1929. L'exposition est complétée d'un concours rappelant un événement qui s'est déroulé dans les locaux du Château il y a tout juste 200 ans. On écoute Václav Beránek, responsable de la culture du Château :

« C'est l'un des moments-clé où le Château de Prague s'est retrouvé au centre de l'attention des puissances européennes : en 1813, le tsar russe Alexandre Ier, l'empereur autrichien, François Ier et le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III se sont rencontrés ici pour négocier une stratégie commune face à Napoléon avant la bataille décisive de Leipzig, appelée bataille des Nations, qui a définitivement scellé le sort des guerres napoléoniennes. »

Le trésor de la cathédrale Saint-Guy,  photo: Site officiel du Château de Prague
Une nouvelle exposition permanente installée dans la chapelle Sainte-Croix présente le trésor de la cathédrale Saint-Guy. Jusqu'au 13 octobre se tient dans la salle du Manège du Château une grande exposition consacrée à Marilyn Monroe. Quatre nouvelles expositions seront inaugurées d'ici à la fin de l'année :

Belvédère de la reine Anne,  photo: ŠTěpánka Budková
« Le 19 septembre, c'est l'inauguration, au Belvédère de la reine Anne, d'une exposition intitulée Stanislav Libenský Award 2013, qui rend hommage à l'artiste-verrier décédé en 2002 et dont les œuvres ont été exposées en 1958 à Bruxelles, puis encore à l'Expo de Montréal et d'Osaka et qui nous a laissé, entre autres, des vitraux monumentaux à la cathédrale Saint-Guy. Le 23 septembre, le couvent Saint-Georges accueillera un festival d'architecture présentant les monuments de l'UNESCO et l'architecture historique et moderne d'une quarantaine de pays du monde. La salle des Ecuries impériales abritera une exposition d'art français dans les collections des châteaux tchèques. »

Plus de 1 200 000 visiteurs payants se sont rendus, l'an dernier, au Château de Prague qui est le monument le plus visité à l'échelle du pays et l'un des premiers à avoir été inscrit, en 1992, au patrimoine culturel mondial de l'UNESCO.

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