A la découverte d’un petit village fortifié

Le bastion de Žumberk

Cette semaine, dans une nouvelle édition de notre rubrique touristique, nous vous allons faire un tour en Bohême du Sud, une région des plus pittoresques de la République tchèque, avec de profondes forêts et surtout une multitude d’étangs et de lacs. Pourtant, ce n’est pas des beautés naturelles que nous nous entretiendrons. Nous allons nous rendre dans l’un des trois villages partiellement fortifiés en Europe centrale. Il s’appelle Žumberk.

Le bastion de Žumberk
Le village de Žumberk se trouve dans la région de la ville provinciale de Nové Hrady, presque sur la frontière entre la Tchéquie et l’Allemagne, plus exactement la Bavière. A l’origine Žumberk s’appelait Sonnberg en allemand donc. Les premières informations sur ce village datent de la moitié du XIIIe siècle. C’était un petit hameau, au début, qui faisait partie de la propriété du couvent des Rožmberk à Vyšší Brod. Plus tard, il a appartenu à plusieurs membres de la famille aristocratique des Rožmberk et à d’autres familles de la basse noblesse tchèque. Vers la fin du XVe siècle, un vaste bastion en pierre a été construit. Ce fut au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, que cette fortification fut transformée en petit palais Renaissance. Entre 1612 et 1618, le nouveau propriétaire de la localité, Theobald Hock, fit construire des remparts autour du bastion et du centre historique du village. Les fortifications étaient complétées par six fortins. Pourtant, après 1618, la noblesse abandonne Žumberk et le bastion et les remparts sont utilisés à d’autres fins. Avec les siècles et pendant longtemps, ils sont complètement laissés à leur sort pour se retrouver dans un état désastreux au XXe siècle. En 1969, une vaste reconstruction de ce site historique commence et elle dure jusqu’en 1974. En cette année, le bastion est ouvert au public. En 1997, la reconstruction de deux fortins sur les cinq qui existent encore, est terminée et en 1998 le lac qui subsiste des anciennes douves, est rempli d’eau.

Le bastion de Žumberk
Aujourd’hui, le bastion de Žumberk abrite une exposition de meubles peints datant des XVIIIe et XIXe siècles. Les meubles proviennents surtout de la région de la Bohême du Sud. On y trouve aussi bien du mobilier paysan que celui de la noblesse. L’exposition est complétée par des objets en verre, de la céramique et d’autres échantillons de l’art populaire. Le lapidaire du Musée de la Bohême du Sud, dont le siège se trouve à České Budějovice, nous offre une exposition de fouilles archéologiques, des pierres tombales, des cloches, etc… Nous allons pourtant revenir dans le passé, avec une exposition intéressante qui sera installée dans le bastion de Žumberk au mois de juin prochain. Elle présentera la montée et le déclin des fonctionnaires qui étaient au service de la famille des Rožmberk, il y a des siècles…

Pourquoi monter une exposition sur les fonctionnaires de la famille des Rožmberk, au XVIIe siècle ? Le directeur du Musée de la Bohême du Sud, Pavel Šafr, l’explique ainsi :

« C’est un projet original, car la vie des fonctionnaires à cette époque est très peu connue. Nous avons choisi, dans les archives, les fonctionnaires de cette famille noble qui ont fait parler d’eux en leur temps. En effet, certains fonctionnaires n’étaient pas très dévoués à leurs maîtres, bien au contraire. »

Petr Vok
A l’exposition, nous pourrons faire connaissance, par exemple, avec le secrétaire de Petr Vok, l’un des Rožmberk les plus connus, dont certains épisodes de la vie ont été portés à l’écran. Le secrétaire s’appelait Theobal Hock est fut l’un des propriétaires du bastion de Žumberk. C’était un humaniste et homme de lettres très érudit. Le bastion, il le reçut en récompense de ses services pour Petr Vok justement. C’était en 1610. Pourtant, sept ans plus tard, il fut convoqué au Bureau de la noblesse tchèque et accusé de faux en écriture. Il aurait falsifié un grand nombre de documents officiels… Plusieurs fonctionnaires de la noblesse ont vécu ou été propriétaires du bastion de Žumberk. Un bon nombre d’entre eux a fini en prison pour faux en écriture ou détournement de moyens financiers. L’un de ces fonctionnaires de Petr Vok, il s’appelait Jan Ledenicky, fut même condamné à mort et exécuté. Il avait été accusé d’avoir détourné d’importants moyens financiers appartenant à la famille des Rožmberk, de fréquenter les filles de joie et de séduire trop de femmes – ce qui ne plaisait aucunement à Petr Vok, pourtant très connu dans l’histoire comme coureur de jupons. En plus, il aurait offensé Vok d’une si vilaine manière que les archives ne citent même pas ses propos. Le directeur du musée de la Bohême du Sud, Pavel Šafr, nous donne encore quelques détails sur l’exposition :

« Les visiteurs pourront faire connaissance des destins des fonctionnaires de la famille Rožmberk, à l’intérieur du fortin C qui faisait partie des anciennes fortifications. C’est ici que Theobald Hock avait son cabinet de travail. La riche décoration des intérieurs date du XVIIe siècle. La vie et le destin des fonctionnaires sont présentés par des documents d’époque et des projections en trois dimensions. »

A l’intérieur du bastion qui domine un peu tout le village de Žumberk, on peut admirer surtout la décoration en style Renaissance et les peintures sur le plafond où le motif principal est représenté par une rose, le symbole de la famille des Rožmberk.

Encore quelques informations pratiques. Si vous voulez visiter le bastion de Žumberk et le fortin où sera installé l’exposition sur les fonctionnaires des Rožmberk, à partir du mois de juin, vous pouvez le faire tous les jours, sauf le lundi, de 9 heures à 17 heures. Les expositions sont fermées du mois de novembre au mois de mars. Des visites sont possibles en dehors des jours d’ouverture, mais sur commande et pour les groupes seulement et qui ne doivent pas dépasser les cinquante personnes. Autrement, nous vous recommandons, lors d’un voyage dans la région, de vous rendre aussi à Nové Hrady, une pitorresque petite ville provinciale et naturellement au chef-lieu de la région, České Budějovice. Refermons, maintenant notre guide, car c’est la fin de notre ballade touristique de cette semaine…

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