Plesy - la saison des bals

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Salut à tous les tchcécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Bien que 2008 soit une année bissextile et possède donc un jour de plus que les autres années, nous sommes malgré tout arrivés à la fin du mois le plus court. Février qui, d’un point de vue climatologique, est également censé être le dernier mois de l’hiver, même si en ce début d'année particulièrement doux, que cela n’en déplaise au président tchèque Václav Klaus, février aura plutôt été le premier mois du printemps. Mais si le mois de février est le plus court, il n’est pas forcément celui au cours duquel il se passe le moins de choses. Février peut même être considéré comme un mois particulièrement festif puisque la saison des carnavals et des bals – plesy, bat traditionnellement son plein. Peut-être vous en souvenez-vous, le carnaval – Masopust, avec ses multiples rituels, nous l’avions longuement évoqué dans plusieurs émissions l’année dernière, à peu près à la même époque. Pour cette fois, nous avons donc nous intéresser à une autre tradition d’importance que les Tchèques appellent « plesová sezona » - la saison des bals, et plus particulièrement aux deux petits mots que sont « ples » et « bál ».

Certes, lorsque l’on imagine les bals grandioses d’Europe centrale, on pense immédiatement à l’Autriche, à Vienne et à son plus célèbre des bals, le bal de l’Opéra, événement glamour couru par les personnalités riches et célèbres du monde entier qui viennent pour y être vus. La capitale autrichienne, c’est vrai, a donné ses lettres de noblesse à ces réunions de grand apparat qui, mis à part le fait que l’on y danse, ne possèdent, vous vous en doutez, aucun point commun avec, par exemple, les bals populaires du 14 juillet que l’on connaît en France. Ainsi, aujourd’hui encore, près de 300 bals sont organisés chaque hiver à Vienne.

Mais à Prague et partout ailleurs en Bohême et en Moravie, la tradition des bals perdure également. Dames et jeunes demoiselles en robes longues, messieurs et jeunes hommes en costume s’adonnent alors, entre autres, à la valse, dans les dizaines de bals organisés chaque fin de semaine. Institutions de l’Etat, municipalités, partis politiques, pompiers, associations en tout genre ou encore clubs sportifs organisent leur propre bal aux sons d’orchestres vivants. Vous l’aurez compris, en février, pendant la saison des bals – plesová sezona, les Tchèques dansent à la moindre occasion dans les salles majestueuses des bâtiments grandioses et historiques de Prague, mais aussi dans toutes les salles des fêtes et auberges du pays.

L’occasion nous est donc offerte de nous intéresser à ces deux petits mots de la langue tchèque que sont « ples » et « bál ». En fait, « ples » est l’équivalent tchèque du mot « bal » que nous connaissons en français et qui désigne donc une assemblée de personnes réunies pour danser. C’est aussi le mot qui est le plus généralement utilisé. « Ples » provient du vieux verbe tchèque « plesat » qui signifiait « tančit », « křepčit », soit « danser », et danser même avec fougue, avec une certaine forme de pétulance. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que depuis que le verbe « plesat » a donné vie au mot « ples », il ne signifie plus « danser », mais « exulter », « jubiler ». On peut donc aujourd’hui utiliser le verbe « plesat » lorsque les Tchèques se réjouissent, par exemple, d’un succès de leur équipe nationale de hockey sur glace ou de football, mais cela n’induit pas nécessairement qu’ils manifestent leur joie en dansant.

Quoiqu’il en soit, « ples » est donc un mot tchèque, d’origine slave, ce qui n’est pas le cas du mot « bál » que l’on retrouve également dans la langue tchèque, même s’il est relativement peu employé. « Bál » provient en effet de l’allemand. Plus précisément, les Tchèques l’ont récupéré de l’allemand pour lui attribuer un sens familier qui est passé dans le langage courant et en faire une variante du mot « ples » qui est, lui, plus officiel, plus solennel. En clair, les Tchèques utilisent le mot « bál » pour désigner ce que nous appelons en français un « bal populaire », tandis que le mot « ples » est donc plus représentatif. Mais ce qui devient encore plus intéressant est que le mot allemand « Ball » tire son origine du vieux français, dans lequel on relève l’existence de la forme « baler » qui signifiait notamment « danser ». Et ce mot de vieux français provenait, quant à lui, du latin « ballare », verbe qui, déjà, voulait dire « danser ».

Que nous ayons évoqué les mots « ples » ou « bál », dont nous connaissons donc désormais la nuance de l’emploi dans la langue tchèque, un autre mot qui, très logiquement, est souvent revenu dans cette émission est le mot « danser » - « tancovat » en tchèque. Deux verbes qui, on l’entend, se ressemblent beaucoup, et pour cause, puisque comme pour « bál », le mot tchèque « tanec » possède des origines communes avec le mot français « danse ». C’est ce que nous découvrirons dans une prochaine émission, tout comme les expressions de la langue tchèque relatives à la danse. En attendant, c’est la fin de la danse des mots pour ce « Tchèque du bout de la langue ». Portez-vous donc du mieux possible – mějte se co nelíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !