Les origines des chants de Noël tchèques

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Après deux dernières émissions consacrées tout d’abord à la manière dont les Tchèques fêtent la Saint-Nicolas puis ensuite plus généralement à la vie religieuse et spirituelle en République tchèque, nous allons poursuivre en ce temps de l’Avent la présentation de traditions avec cette fois les chants de Noël – Vánoční koledy. L’occasion de découvrir les origines très anciennes de ces chants…

Photo: Archives de Radio Prague
Le mot tchèque « koleda », que l’on retrouve également sous des formes similaires dans toutes les langues slaves, du russe au serbe ou au croate en passant par le polonais, équivaut au « cantique de Noël » ou tout simplement à un « noël », c'est-à-dire un cantique célébrant la Nativité, une chanson populaire inspirée par le thème de Noël.

Etymologiquement, le mot « koleda » provient du latin « calendae », qui signifiait les premiers jours du mois chez les Romains. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’en français comme en tchèque, le terme « calendrier » - kalendář, possède la même origine latine et dérive aussi de « calendae ». Si l’on s’en tient au dictionnaire étymologique de la langue tchèque, il semble qu’à une certaine époque, sous l’ère chrétienne, les Romains qui vivaient probablement dans la région des Balkans appelaient « calendae » les rites païens qui accompagnaient le solstice d’hiver, célébrations associées à des processions et autres chants. Des célébrations, assez proches des saturnales organisées en l’honneur du dieu Saturne, que l’Eglise interdit pendant un certain temps avant qu’elle ne les reprenne à son compte et ne les adopte mais en changeant leur contenu et leur signification.

Ainsi donc, les « koledy » que l’on connaît aujourd’hui comme chants de Noël seraient une dérivation des chants des fêtes païennes. Des chants qui, à l’origine, étaient bien entendus chantés en latin, langue des Romains et de l’Eglise, mais qui, peu à peu, furent interprétés dans la langue populaire, et ce pour une raison fort simple, le latin n’étant pas compris et parlé par tout le monde. D’une manière plus générale, le Noël chrétien a adopté toute une série de rites et traditions antiques liés à la célébration du solstice d’hiver.

Mais pour en revenir aux chants, les croyances populaires attribuaient un pouvoir magique aux étrennes durant lesquelles on chantait et auxquelles les gens se rendaient non seulement lors de la veillée de Noël mais aussi le jour de la fête de saint Etienne – svátek svatého Štěpána, le jour de l’An – Nový rok, ou le jour dit en tchèque des Trois rois – svátek Tří králů, qui équivaut en français à l’Epiphanie et à la présentation de l’enfant Jésus aux trois Rois mages.

Autrefois, le mot « koleda »était également lié au Nouvel An, puisqu’il semble que le mot de vieux slave « koleda » signifiait jour de l’An. Pour les Romains, il s’agit d’ailleurs même d’un mot qui désignait chaque premier jour de mois.

Pour en revenir aux origines païennes, on retrouve celles-ci dans la coutume des étrennes qui étaient accompagnées par ces chants. Ainsi, avant l'ère chrétienne même, tous les premiers jours du mois, les prêtres païens faisaient le tour des foyers avec les symboles de leurs croyances, selon les pays, et recevaient des présents. Les prêtres de l'ère chrétienne continuèrent dans cette tradition, donnaient leur bénédiction aux foyers et recevaient des « étrennes ».

En fait le mot « calendae », en tchèque « kalendy », s'est transformé, au fil du temps, en « koleda ». Intéressant de découvrir que le mot « koleda », en slave ancien, pouvait désigner le jour du Nouvel An. Quant aux Balkans, on y revient, le terme « kalendy »était donc l'appellation des fêtes du solstice d'hiver, accompagnées toujours de cortèges et de chants. Et il est encore plus intéressant d'apprendre que dans le sud de la France, en Provence, Noël s'appelait « Calendo », et qu’en Angleterre, les chants de Noël s'appellent aujourd’hui encore « Carols ».

Enfin, pour terminer, mentionnons encore que dans les Pays tchèques, les « koledy » sont chantés depuis le Moyen-âge, une coutume qui remonte avant même encore la fin du XIVe siècle.

C’est ainsi que se referme ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux origines des chants de Noël tchèques – « koledy ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj!