Les dialectes de la langue tchèque

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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Bien que la République tchèque soit ce qu’on appelle un petit pays avec un territoire peu étendu et une population relativement peu nombreuse, la langue tchèque, dont on peut estimer qu’elle est plus ou moins bien parlée par environ 15 millions de personnes dans le monde, possède elle aussi un certain nombre de dialectes, et ce comme toute autre langue. Pour cette fois, c’est donc à ces différents dialectes – nářečí, de la langue tchèque que nous allons nous intéresser…

En tchèque, il existe deux mots pour désigner un dialecte, à savoir la variante régionale d’une langue. Il s’agit de nářečí et dialekt, mais aucune différence sémantique notable n’existe entre ces deux mots, nářečíétant simplement la forme tchèque du mot « dialecte », qui tire, lui, son origine du grec et signifie « discuter, parler ensemble ». Mais en tchèque cependant, la branche de la linguistique qui étudie les dialectes (ou nářečí si vous préférez), s’appelle bel et bien dialektologie, comme dans les autres langues européennes.

Grosso modo, on distingue quatre grands groupes de dialectes sur ce qui est considéré comme le territoire historique des Pays tchèques, à savoir les trois grandes régions qui, depuis le Moyen Age, constituent le pays désormais appelé République tchèque. Vous le savez, ces trois grandes régions sont la Bohême – Čechy, la Moravie – Morava, et la Silésie – Slezsko, du moins sa partie tchèque. Quant aux groupes de dialectes, citons donc le groupe de la Bohême – česká skupina, le groupe de la Moravie centrale – středomoravská skupina, le groupe de la Moravie de l’Est – východomoravská skupina, et enfin le groupe de la Silésie – slezská skupina. Deux de ces groupes, celui de la Bohême d’abord, qui représente pratiquement toute la moitié ouest du pays à l’exception des régions frontalières, et celui de la Silésie, se divisent encore en différents sous-groupes, et cette division est sans doute la plus intéressante en Silésie, dans l’extrême Est du pays, aux alentours de la ville d’Ostrava, avec le sous-groupe moravo-silésien – moravoslezská podskupina, et surtout le sous-groupe polono-silésien – polskoslezská podskupina pour la partie de la Silésie tchèque limitrophe à la Pologne.

Au-delà même du ou des dialectes pratiqués, cette région de Moravie-Silésie est d’autant plus intéressante qu’une partie relativement importante de la population est de culture et de langue polonaise. On pense en particulier à la ville de Český Těšín, séparée de sa sœur jumelle polonaise Cieszyn seulement par une rivière et dont les aléas de l’histoire ont fait qu’elle appartient aujourd’hui à la République tchèque et non pas à la Pologne. Reste qu’à l’origine il s’agissait bien d’une seule et même ville, et c’est ce qui explique cette forte présence polonaise et une certaine forme de métissage linguistique. Ainsi donc, Český Těšín possède notamment un théâtre, le seul au monde, disposant d’un ensemble professionnel polonais en dehors de la Pologne. Il peut donc se permettre le luxe de proposer des pièces aussi bien en tchèque qu’en polonais, deux langues comprises par l’ensemble de la population. Et la signalisation routière est également bilingue, une mesure qui ne plaît pas à tout le monde d’ailleurs comme en témoigne la disparition ou l’endommagement de plusieurs dizaines de panneaux en début d’année, sauf sans aucun doute au célèbre chansonnier Jaromír Nohavica, originaire de la région.

České Budějovice
Plus généralement, et sans entrer dans les détails, car cela deviendrait trop compliqué, contentons-nous de noter que les dialectes tchèques sont divisés en plusieurs groupes essentiellement selon les différences phonétiques qui existent entre eux. Pour le reste, les diverses variantes de dialectes reconnues en Bohême sont sans aucun doute plus homogènes qu’elles ne le sont en Moravie, ce qui explique d’ailleurs qu’il n’existe qu’un seul groupe de dialectes pour la Bohême contre trois pour la Moravie (si l’on considère que la Silésie appartient à la Moravie du Nord). Plus concrètement, s’il existe des différences entre la façon de parler d’un habitant de České Budějovice, en Bohême du Sud, et celle d’un habitant de Prague, en Bohême centrale, ou de Hradec Králové, en Bohême de l’Est, ces différences ne sont toutefois pas aussi marquées qu’elles le sont en Moravie, où un habitant de Brno, en Moravie du Sud, possède une façon de s’exprimer et même un vocabulaire très dissemblables de ceux d’un habitant d’Ostrava, en Moravie du Nord, et même d’Olomouc, en Moravie centrale. Et toutes ces différences entre les diverses parties de la Moravie, l’existence de ces nombreux dialectes, font qu’il est bien difficile de parler d’une langue morave – moravština, une forme de la langue tchèque dont se réclament certains Moraves mais qui ne possède pas suffisamment d’unité pour pouvoir exister indépendamment.

C’est sur ce constat selon lequel le tchèque possède un nombre finalement relativement élevé de dialectes mais pas de langues régionales à proprement parler que se referme ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver pour d’autres découvertes dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !