Les camarades, amis, partenaires, « ex », etc.

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Salut les amis – Ahoj přátelům ! pourrait-on même dire pour cette fois puisque ce sont des amis, des copains, des camarades, des partenaires, des mari et même des « ex » dont nous allons parler. Il est en effet intéressant de constater que la langue, en l’occurrence ici la langue tchèque puisque c’est elle qui nous intéresse, réagit avec sensibilité aux changements qui se produisent dans nos vies et à l’évolution de nos rapports avec le monde, ou plus concrètement de nos relations avec les gens plus ou moins proches qui nous entourent.

Photo: Archives de Radio Prague
Avant de commencer, remarquons tout d’abord une chose évidente. Mis à part les membres de notre famille, au début, tous les êtres qui nous entourent sont des inconnus. Ensuite, avec le temps, nous apprenons au fur et à mesure à faire connaissance avec ces étrangers – « seznámit se ». Comme en français, et logiquement, les Tchèques parlent alors de « známý » - « connaissance », un terme qui sert donc à désigner une personne que l’on connaît, certes, mais avec laquelle on n’entretient aucun rapport intime. On s’est bien rapprochés avec la personne en question, mais on n’est pas des proches pour autant.

Plus proche est déjà le copain, le camarade et plus encore l’ami. Pour les désigner, les Tchèques utilisent essentiellement deux mots synonymes : « přítel » et« kamarád ». Attention à ne pas faire la confusion entre les mots « kamarád » et « soudruh ». Mais pourquoi donc les confondre, nous direz-vous ? Tout simplement parce que, traduit en français, ils signifient la même chose : un camarade. Mais comme nous l’avons déjà expliqué dans une récente émission, en tchèque, le mot « kamarád » est l’équivalent du camarade français dans le sens d’ami, de copain, de pote, tandis que « soudruh »équivaut aussi en français à camarade, mais au camarade qui appartient au même parti de gauche, généralement communiste. Cette civilité servait donc à interpeller un camarade mais dans le sens de collègue ou de confrère communiste.

Photo  illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Bien qu’ils soient synonymes, il existe quand même une petite nuance entre les mots « přítel » et« kamarád ». Un peu plus formel, « přítel » peut aussi être utilisé pour exprimer une plus forte relation d’amitié. En bref, en tchèque comme en français, le lien qui unit des amis est plus fort que celui entre des camarades ou des copains.

Désormais, en tchèque, « přítel » désigne également le petit ami ou le copain, « přitelkyně » la petite amie, la copine. Et ce petit ami, ce copain, est même plus qu’un grand ami puisque c’est la personne avec laquelle on entretient une relation plus qu’amicale, une relation amoureuse. Si une fille ou une femme tchèque affirme donc « to je můj přítel » - soit littéralement « c’est mon ami », ne vous trompez pas, elle veut sans aucun doute dire que le garçon ou le jeune homme en question est quelqu’un pour qui elle ressent plus que de l’amitié. En somme, elle y est tendrement attachée.

Photo: Archives de ČRo 7
Et cette relation peut se transformer avec le temps en une relation de partenariat. Pour désigner cette association, à savoir le partage de la vie en commun sans mariage ou tout autre engagement auprès des autorités, on parle depuis quelques années de« partner » ou « partnerka » - de partenaire. Un terme relativement récent puisque, auparavant, les Tchèques parlaient plutôt de « milenec » ou de « milenka » pour désigner leur amoureux ou amoureuse. Aujourd’hui, le « milenec » ou « milenka »équivaut plutôt à l’amant ou à l’amante, soit de facto un ou une partenaire sexuel en dehors de la relation conjugale.

Et puis cette relation extraconjugale mène parfois au divorce. Le mari – « manžel » devient alors « byvalý manžel » ou « exmanžel », soit « ancien mari » ou « ex-mari », et l’épouse - « manželka » devient elle « byvalá manželka » ou« exmanželka ».

Et puisque nous en sommes arrivés aux « ex », mentionnons encore un mot « bejvalka », un mot relativement populaire et très informel qui signifie « ancienne » et désigne de manière raccourcie l’ancienne épouse, partenaire ou petite amie. Un mot qui n’a rien de péjoratif, il s’agit simplement de « l’ancienne », mais ce qui est surtout intéressant de noter, c’est qu’il n’existe aucun équivalent masculin. Les femmes tchèques ne peuvent donc tout simplement pas dire « mon ancien » lorsqu’elles évoquent par exemple leur ex-mari. Allez savoir pourquoi, mais puisque, comme nous l’avons dit en introduction, la langue s’adapte dans son usage à l’évolution de nos styles de vie, ne doutons pas que d’ici peu, avec le nombre toujours grandissant de divorces et de séparations, les femmes tchèques pourront également parler de leur « ancien ».

C’est ainsi que se referme ce « Tchèque du bout de la langue » et en attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, plutôt que de penser à vos « ex », pensez plutôt, au moins ceux ou celles qui le peuvent, à vos futurs amis et autres partenaires, et surtout à ceux que vous avez actuellement. Pour le reste, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj!