Histoire de la langue tchèque (3e partie)

Bible de Kralice

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovnikum cestiny Radia Praha. Ce quarante-quatrième numéro du « Tchèque du bout de la langue » sera consacré à la suite de notre découverte de l'histoire et de notre recherche sur l'évolution de la langue tchèque.

Grâce aux écrivains humanistes, le tchèque comme langue littéraire se parfait. Ces auteurs ont pour idéal l'art antique gréco-latin, et le retour à ces canons et à ces thèmes se manifeste dans la langue qu'ils emploient notamment par une influence principalement latine que l'on retrouve non seulement dans le vocabulaire, mais également dans la syntaxe. La présence de phrases complexes est caractérisqtiue de cette époque. Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Ce quarante-quatrième numéro du « Tchèque du bout de la langue » sera consacré à la suite de notre découverte de l'histoire et de notre recherche sur l'évolution de la langue tchèque.



Pour se rafraîchir la mémoire, rappelons que lors de nos deux émissions précédentes, nous avions évoqué, dans leurs grandes lignes, les origines du tchèque comme langue slave pour en arriver au XVe siècle, période où la langue tchèque se transforme en instrument de la fameuse propagande hussite, moment-clé de l'histoire des pays tchèques. En l'espace de presque dix siècles, soit à partir des Ve et VIe, marqués par la grande expansion des tribus slaves et leur arrivée dans la région, jusqu'à la rédaction en latin par le réformateur et prédicateur Jan Hus de l'ouvrage « De orthographia bohemica », le tchèque est donc devenu, étape après étape, une langue littéraire à part entière, influencée tout d'abord par le latin et le vieux slave, les deux langues liturgiques, puis, à partir du VIIIe siècle par l'allemand. Une tendance qui se poursuivra d'ailleurs jusqu'au milieu du XXe siècle et la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant que l'anglo-américain, au lendemain de la Révolution de 1989, ne prenne le relai, phénomène qui n'est d'ailleurs nullement particulier à la langue tchèque. Mais voilà un bond dans l'histoire qui nous éloigne de nos préoccupations liées à l'évolution du tchèque au Moyen-âge. Plongeons-nous donc plutôt dans l'étude passionnante du tchèque à la période des humanistes de la Renaissance, mouvement d'esprit caractérisé par la volonté de relever la dignité de l'esprit humain et le mettre en valeur. Un essor intellectuel certes provoqué en Italie, mais qui marque progressivement un retour des idées partout en Europe, et donc dans les pays tchèques également. Nous sommes alors dans la seconde moitié du XVIe siècle...







La traduction de la bible, connue sous l'intitulé « Bible kralická », « Bible de Kralice », par les membres de l'Unité des frères protestants de Bohême et de Moravie entre 1579 et 1596 témoigne du niveau exceptionnel de la langue des humanistes. Les qualités linguistiques de la « Bible kralická» restent d'ailleurs encore reconnues aujourd'hui, l'usage de l'orthographe s'uniformisant alors. L'ouvrage servira même encore de modèle pour la codification du tchèque littéraire moderne à l'époque du Réveil national au XIXe siècle, période à laquelle nous nous intéresserons dans notre prochaine émission et qui marque un tournant dans l'histoire des pays tchèques, notamment par le renouveau de l'intérêt pour l'usage de la langue tchèque.



Vers la fin du XVIe siècle, de nombreux travaux théoriques sur la langue tchèque ainsi que des dictionnaires voient le jour. Dans ceux-ci, on retrouve le mot tchèque avec ses équivalents allemand, latin et grec.



Toujours à la même époque, l'expansion de la langue tchèque à l'étranger atteint son plus haut degré. Son influence sur le polonais n'a jamais été aussi forte. Le tchèque devient la langue de conversation dans les cercles de la noblesse polonaise, et par son intermédiaire, l'influence du tchèque se déplace encore un peu plus à l'est de l'Europe. Certains mots tchèques font alors leur apparition dans la langue russe, tandis que le tchèque est même la langue administrative et culturelle de la Haute-Hongrie, territoire de l'actuelle Slovaquie.



La bataille de la Montagne blanche en 1620
Au XVIIe siècle, la langue tchèque conserve encore son éclat, même si son évolution est influencée par les événements politiques qui découlent de la terrible défaite lors de la première bataille de la Guerre de Trente ans, la célèbre bataille de la Montagne blanche, en 1620, qui mit un terme à la volonté des protestants de Bohême de s'affranchir de la domination des Habsbourg. Une grande partie de la population instruite, la noblesse non catholique et la bourgeoisie sont condamnées à l'émigration. Pour les trois siècle à venir, les Tchèques perdent leur indépendance, réalité qui ne sera, bien entendu, pas sans incidence sur l'évolution de leur langue...



C'est ce que nous verrons dans notre prochain rendez-vous du « Tchèque du bout de la langue », où nous aborderons principalement le tchèque baroque et le Réveil national. D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp ! même en automne, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !