« Zatopek », le magazine francophone de course à pied (suite, 2e partie)

Il y a un peu plus d’un an de cela, en janvier 2007, sortait en Belgique le premier numéro d’un magazine consacré à la course à pied baptisé « Zatopek », du nom du plus grand athlète et sportif tchèque de l’histoire, Emil Zátopek. Depuis quelques semaines, le cinquième numéro de « Zatopek », trimestriel, se trouve dans les librairies de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’en France. Un premier anniversaire qui était l’occasion de s’entretenir avec Gilles Goetghebuer, le rédacteur en chef du magazine. Dans la première partie de cet entretien, diffusée jeudi dernier (http://www.radio.cz/fr/article/101121), Gilles Goetghebuer avait notamment expliqué le choix du nom de Zátopek et ce que celui-ci évoque aujourd’hui en Belgique. En voici la suite :

-Vous avez évoqué le fait qu’Emil Zátopek était un précurseur en matière de préparation. Retrouve-t-on cette idée d’innovation dans le magazine ? Et qu’est-ce qui différencie « Zatopek » des autres magazines consacrés à la course à pied relativement nombreux sur le marché ?

« On va s’efforcer. C’est vraiment l’objectif que l’on s’est fixé, c'est-à-dire d’avoir à l’image du champion éponyme une approche sportive, bien sûr, mais quand même très axée sur les méthodes d’entraînement : comment faire pour progresser, pour se nourrir, pour s’équiper de la façon la plus intelligente possible, etc. Et une approche, sans être trop présomptueux, que je qualifierais d’« humaniste ». Car finalement, c’est aussi peut-être ça qui différenciait Zátopek des autres champions de sa génération ou des générations futures. Il y avait chez lui une démarche admirable : tous ceux avec qui il était en compétition au cours de sa carrière lui vouaient une sorte de fascination, que ce soit Gaston Reiff, Alain Mimoun ou Ron Clarke, à qui il a offert une de ses médailles d’or pour le consoler de ne pas en avoir gagnée lui-même alors qu’il régnait pourtant sur l’athlétisme dans les années 1960. Il y avait chez Zátopek une sorte d’empathie et on va donc essayer, de notre côté, avec ce titre de reproduire ce sentiment-là, c'est-à-dire d’avoir à la fois un magazine de course à pied avec tous les conseils d’usage pour essayer de s’épanouir le mieux possible dans cette discipline, mais aussi une approche liée au respect de l’environnement et à l’idée de la compétition sportive comme un lieu de partage et pas forcément d’affrontement, de rivalité, spectacle qui nous est malheureusement souvent donné de voir. Là, on va s’efforcer au contraire de mettre le sport en avant sur tout ce qu’il a de plus beaux côtés d’humanisme, de partage, d’amour, d’épanouissement… »

-Depuis quelques années déjà, Emil Zátopek n’est plus parmi nous. En revanche, sa femme, Dana Zátopková, vit toujours à Prague. Est-elle au courant de l’existence du magazine ?

« Mieux que ça ! La première personne que nous avons contactée pour obtenir l’autorisation d’appeler le magazine « Zatopek », c’est elle, évidemment. Elle a accepté avec enthousiasme. Elle garde un très bon souvenir de la Belgique justement par le biais des voyages qu’elle et Emil rendaient à la famille Gaston Reiff. Il faut bien se dire que l’on a affaire, là aussi, à une très grande championne, médaillée d’or olympique au lancer du javelot aux Jeux d’Helsinky, et donc une personne assez formidable parce que amoureuse de la vie et qui nous a raconté pour les trois premiers numéros du magazine sa vie et celle de son mari sous forme d’épisodes. Les trois premiers magazines ont donc été consacrés à un long entretien de madame Zátopková qui raconte tout dans le détail. Et c’est ravissant car il y a de tout dans son récit : de l’humour, de l’amour, de l’histoire, du sport, bien sûr, avec des notions très précises sur l’entraînement de son mari et comment elle-même vivait sa vie de sportive de haut niveau. C’est un moment vraiment magique. Elle nous supporte dans cette initiative et nous avons été vraiment très touchés de découvrir ce personnage qui, à l’image de son mari, est tout à fait unique en son genre. »

-Depuis la naissance du magazine, avez-vous d’autres échos en provenance de la République tchèque ?

« Nous avons quelques abonnés de Tchéquie, ce qui nous a surpris, bien entendu. Et puis au sein de la communauté de l’Union européenne, nous avons des Tchèques d’origine résidant à Bruxelles qui se sont abonnés eux aussi. On compte donc dans la liste des abonnés quelques noms à consonance tchèque. Et si on se renseigne un peu, on s’aperçoit que ce sont des compatriotes qui ont été sensibles au fait que l’on appelle notre magazine du nom de leur célébrissime champion. »

-Votre magazine est le premier magazine belge de course à pied. Il est donc d’abord destiné au marché belge, mais envisagez-vous de le développer au-delà des frontières ?

« Oui, c’est déjà fait. On a rencontré pas mal de succès, et même plutôt plus que ce à quoi on s’attendait. On l’a donc d’abord développé dans le nord de la France, où il y a aussi une communauté de coureurs à pied qui pratiquent ce sport avec vraiment beaucoup d’assiduité. On est donc allé dans un premier temps dans le Nord-Pas-de-Calais. Et puis les échos ont été excellents là-bas aussi, peut-être justement parce que l’on est un peu en décalage avec ce qui se fait classiquement en matière de course à pied… Vous savez, en termes de presse, on appelle ça des marronniers, c’est-à-dire des sujets saisonniers qui reviennent de façon récurrente. C’est toujours un peu la même chose : ‘quelles chaussures choisir ?’, ‘comment perdre du poids ?’, etc. Il y a donc un certain ‘ronron’ qui s’est établi dans la presse sportive axée sur la course à pied avec lequel on essaie de rompre. Et je pense que cela doit répondre à une certaine attente des coureurs parce qu’on a enregistré pas mal de succès dans ces premières et timides tentatives de s’agrandir sur la France.

Et là, ça y est, on est également présents dans d’autres régions en France avec à chaque fois le magazine et à l’intérieur de celui-ci un journal d’informations régionales encarté auquel nous avons donné le surnom de Zátopek, ‘La locomotive’. Dans le développement du magazine, cela implique bien évidemment de changer selon les régions le contenu de ‘La locomotive’ afin d’apporter l’information la plus proche du lecteur. On a donc, pour l’instant, six versions différentes du magazine « Zatopek », cinq distribuées en France et une en Belgique. »

C’était Gilles Goetghebuer, le rédacteur en chef du magazine belge de course à pied « Zatopek ». Vous pourrez entendre la suite et dernière partie de cet entretien dans la prochaine rubrique sportive, lundi prochain.