Tour de France : Kreuziger peut rêver du podium à Paris

Roman Kreuziger, photo: CTK

A l’issue de la 15e étape dont l’arrivée était jugée au sommet du Mont Ventoux et avant d’attaquer la troisième et dernière semaine de course, Roman Kreuziger, seul coureur tchèque engagé sur le Tour de France cette année, figurait à la 4e place au classement général. Et au vu de sa forme et du profil des étapes qui attendent encore le peloton dans les Alpes, Roman Kreuziger peut plus que jamais espérer terminer parmi les trois premiers à Paris. Ce serait une première historique pour le cyclisme tchèque.

Richie Porte,  Christopher Froome,  Alberto Contador,  Roman Kreuziger,  photo: CTK
Roman Kreuziger quatrième du classement général à quelques petites secondes seulement des deuxième et troisième marches du podium : vu avec des yeux tchèques, c’était une des principales informations à l’issue des deux premières semaines du Tour de France. Avant le second jour de repos, ce lundi, et d’attaquer la troisième semaine de course tant redoutée du peloton, le Tchèque possédait certes 4’28’’ de retard sur le leader britannique Chris Froome, mais seulement quatorze et trois secondes sur le Néerlandais Bauke Mollema et son coéquipier Alberto Contador. Présent sur la Grande Boucle d’abord pour aider son leader espagnol à ramener le maillot jaune à Paris, le coureur tchèque de l’équipe Saxo-Tinkoff fait donc pour l’instant mieux que remplir ses obligations de lieutenant. Et sa prestation sur les pentes du Mont Ventoux, dimanche, a une nouvelle fois confirmé que Roman Kreuziger était peut-être, dans cette première quinzaine de juillet, dans la meilleure forme de sa carrière sur un grand Tour. Malgré son « incapacité » à suivre le rythme imposé par Chris Froome et son équipier australien Richie Porte à huit kilomètres de la ligne d’arrivée, Kreuziger a répondu présent lors d’une 15e étape au bout de laquelle le Britannique a littéralement assommé le Tour de France de sa domination. Malgré les efforts produits, le Tchèque restait lucide au sommet de la montagne chauve :

« L’étape a été très rapide pendant les 220 premiers kilomètres jusqu’au pied du Mont Ventoux et au début de l’ascension. Mais on ne peut pas dire non plus qu’il y ait eu un quelconque ralentissement après dans la montée. Non, vraiment, la journée a été très longue et très dure. Après, à partir du moment où j’ai été lâché, je n’ai pas vu ce qui se passait devant moi et il m’est donc difficile de commenter. »

Photo: CTK
Arrivé en compagnie de Contador avec 1’40’’ de retard sur le vainqueur de l’étape, Roman Kreuziger n’a effectivement pas pu voir dans les derniers kilomètres du Ventoux l’envolée d’un Chris Froome lâchant l’un après l’autre ses derniers adversaires. Car avant cette démonstration forcément suspecte de force et de puissance du leader des Sky, le coureur tchèque, alors en compagnie de Froome, Porte et Contador, avait lâché prise au début de la seconde moitié de l’ascension

« On s’attendait à ce que Sky tente quelque chose du genre avec Richie Porte, on n’a donc pas été surpris. Il était évident pour Alberto et pour moi qu’il fallait résister et rester le plus longtemps possible dans le groupe de Froome et Porte. Quand on est sortis à quatre coureurs de la forêt, je savais qu’il restait encore un kilomètre avant que la route redevienne un peu plus plate. Si j’étais parvenu à rester dans ce groupe jusqu’à cet endroit, peut-être que cela aurait été un avantage pour moi. J’aurais peut-être été en mesure de les accompagner jusqu’au sommet. Mais Froome a prouvé qu’il était une nouvelle fois dans un grand jour et qu’il était le meilleur de tous aujourd’hui encore. Il faut reconnaître qu’il mérite son maillot jaune. Ceci dit, ça ne change rien pour nous. Après le jour de repos, on va continuer la bagarre et lutter jusqu’à Paris. »

En retrait et contraint d’abandonner Contador dans sa lutte à trois avec Froome et son équipier Porte, Kreuziger s’est alors accroché au premier groupe de poursuivants dans lequel figuraient plusieurs concurrents pour une place sur le podium. Placé à l’arrière du groupe, le Tchèque a d’abord laissé les autres assurer l’allure :

Roman Kreuziger,  photo: CTK
« Je ne dirais pas que c’était un choix tactique… La réalité est plutôt que j’aurais préféré rester devant avec Froome et Alberto, mais j’ai malheureusement été lâché. Après, j’ai effectivement préféré laisser rouler dans notre groupe les Belkin et les Fuglsang. Ce n’est qu’à l’approche de l’arrivée, quand Rodriguez a attaqué, que j’ai de nouveau essayé quelque chose. »

Les dernières centaines de mètres ont ainsi permis à Kreuziger de terminer cinquième au sommet du Ventoux, son deuxième meilleur résultat jamais obtenu dans une étape du Tour. Cette performance conjuguée à celles enregistrées depuis le départ en Corse font désormais du Tchèque un candidat affiché au podium, même si celui-ci continue de s’en défendre en affirmant que sa priorité reste de travailler pour Alberto Contador. Mais avec seulement trois petites secondes de retard sur l’Espagnol, difficile de croire que la direction de Saxo sacrifiera Kreuziger dans les étapes alpestres à venir au profit d’un Contador pour lequel le maillot jaune et la victoire finale sur les Champs-Élysées ne semblent plus pouvoir constituer un objectif réaliste.

Cette quatrième place au classement général, Roman Kreuziger ne la doit donc pas seulement à son ascension du Mont Ventoux, mais aussi à l’ensemble de la deuxième semaine. Mercredi, le Tchèque a d’abord terminé le contre-la-montre individuel à une honorable 16e place en limitant la casse, et vendredi, entre Tours et Saint-Amand-Monront, il a participé à la grande attaque menée par les Saxo-Tinkoff qui a permis à Contador et Kreuziger de reprendre un peu plus d’une minute à un Chris Froome piégé par le profil et le vent de cette 13e étape. Arrivé dans le groupe de tête en compagnie de treize autres coureurs, le Tchèque était alors très satisfait du coup de bordure joué essentiellement par les siens :

« On savait que c’était une étape qui pouvait apporter des surprises. Lorsqu’il y avait beaucoup de vent, on était déjà devant et on aurait voulu essayer d’attaquer plus tôt. Mais l’arrivée était encore loin, alors on a préféré attendre un peu. On a failli être rejoints par le peloton, mais finalement les choses ont tourné en notre faveur. »

On le sait, pas pour longtemps cependant… Car dès la première occasion, dimanche, Chris Froome a remis les pendules à l’heure, et les a même avancées encore un peu plus avec un avantage de plus de quatre minutes sur son premier poursuivant. Malgré le contre-la-montre et les étapes dantesques qui attendent le peloton du Tour de France dans les Alpes, le maillot jaune devrait rester sur les épaules du Britannique. Si le suspense semble donc devenu minime pour la victoire finale, il reste en revanche entier pour un podium sur lequel un coureur tchèque pourrait monter pour la première fois de l’histoire. Pour un Roman Kreuziger venu sur la Grande Boucle d’abord pour remplir un rôle d’équipier, certes de luxe, ce serait une sacrée et bien belle surprise.