Patinage de vitesse : l’insatiable Sáblíková

Martina Sáblíková, photo: CTK

Martina Sáblíková a confirmé qu’elle était bien une des meilleures patineuses de ces dernières années. La Tchèque a décroché deux nouveaux titres aux championnats du monde qui se sont tenus le week-end dernier. A seulement 24 ans, Martina Sáblíková est déjà devenue un phénomène comme le sport tchèque n’en avait plus connu depuis bien longtemps.

Martina Sáblíková,  photo: CTK
Et deux de plus ! Pour les huitième et neuvième fois de sa carrière, Martina Sáblíková a été sacrée championne du monde de patinage de vitesse. Vainqueur du 3 000 mètres, jeudi, puis du 5 000 mètres, samedi, aux Mondiaux d’Heerenveen, aux Pays-Bas, la Tchèque, double championne olympique en titre, a confirmé, si besoin encore en était, qu’elle était bien la reine des longues distances. Sur 5 000 mètres, sa course de prédilection, Sáblíková a même été sacrée championne du monde pour la cinquième année consécutive… Déjà vainqueur du classement général de la Coupe du monde sur longues distances, la Tchèque a donc conclu de la plus belle manière une saison 2011-2012 en tout point parfaite. Avec déjà neuf titres mondiaux à son actif à seulement 24 ans, Martina Sáblíková, qui est la patineuse de vitesse la plus titrée en exercice, peut même raisonnablement espérer rejoindre un jour dans la légende les Allemandes Gunda Niemann et Anni Friesinger, détentrices respectivement de dix-neuf et seize titres de championne du monde, records absolus.

En attendant d’en arriver là, samedi, Martina Sáblíková a remporté le 5 000 mètres en signant la meilleure performance mondiale de la saison et avec plus de 6’’ d’avance sur sa dauphine, l’Allemande Stephanie Beckert, et près de 14’’ sur Claudia Pechstein, qui complète le podium. Indiscutable vainqueur, la Tchèque rayonnait forcément à l’issue de la course :

Martina Sáblíková a remporté le 5 000 mètres en signant la meilleure performance mondiale de la saison et avec plus de 6’’ d’avance sur sa dauphine,  l’Allemande Stephanie Beckert,  et près de 14’’ sur Claudia Pechstein,  qui complète le podium,  photo: CTK
« Quand j’ai vu les autres concurrentes avant moi, je me suis dit que le plus important serait de ne pas partir trop vite. Certaines sont parties très vite, mais vers la fin, elles bouclaient les tours en 35 ou 36 secondes. Ma tactique était donc d’être plus économe dans les trois ou quatre premiers tours et de garder de l’énergie. Après, il ne restait plu que 3 000 mètres et c’était le moment pour augmenter la cadence. C’était la bonne tactique, car je me suis sentie vraiment sentie de mieux en mieux au fil des tours. J’ai alors pris beaucoup de plaisir sur la glace. Les spectateurs ont été formidables : plus j’avançais et plus les gens me supportaient. A un moment, je ne pensais même plus qu’au public. Je savourais en me disant : plus que quatre, trois, deux tours et ce sera fini. »

La course finie, Martina Sáblíková pouvait également, outre ses titres, savourer le fait d’être restée invaincue sur longues distances, tant donc sur 3 000 que sur 5 000 mètres, tout au long de la saison :

« C’est super ! C’est vrai que j’y ai pensé avant le départ du 5 000 mètres. Je me suis dit : ‘si personne ne t’a battue cette année, tu ne vas quand même pas laisser une autre remporter la dernière course de la saison, qui plus est pour une médaille d’or mondiale’. Et quand j’ai vu la tête de mon entraîneur sur la ligne de départ, j’ai bien compris que je n’avais pas le droit de ne pas gagner. J’ai même pris peur un instant en le regardant (rires). »

Toutefois, son entraîneur, Petr Novák, grand artisan de la carrière de Sáblíková, n’avait que des mots d’éloge pour sa protégée à sa descente du podium :

Martina Sáblíková,  photo: CTK
« Elle a été fantastique ! Vraiment. J’en ai pris pleinement conscience pendant la course en voyant son rythme et ses temps intermédiaires. Elle a toujours eu cette faculté d’accélérer. Cinq tours avant l’arrivée, je lui ai déjà crié qu’elle était sur la base d’un temps final en 6’50’’. Et c’est précisément ce qu’elle a réalisé ! Vu sa performance aujourd’hui, je suis persuadé que dans de meilleures conditions, comme à Calgary ou à Salt Lake City, elle était capable de descendre pour la première fois sous la barre des 6’40’’. »

En attendant d’éventuellement établir un nouveau record du monde sur 5 000 mètres, un record dont elle est bien entendu la détentrice (6’42’’66), la saison 2011-2012 terminée, Martina Sáblíková va désormais pouvoir se reposer avant de se fixer de nouveaux objectifs. Et à l’en croire, ces objectifs resteront uniquement dans le domaine du patinage de vitesse. Double championne de République tchèque en titre sur route et du contre-la-montre, Sáblíková ne semble plus pour l’heure envisager de participer aux épreuves de cyclisme aux Jeux olympiques de Londres, l’été prochain.

« Je préférerais me concentrer sur le patinage, parce que, comme on dit, j’en ai vraiment plein le dos. Aujourd’hui, je me vois mal m’asseoir sur un vélo dans trois semaines et m’aligner sur une course. Ça me semble totalement impossible. J’ai besoin de repos. Je ne suis pas une machine et la saison de patinage a vraiment été longue et épuisante. En plus, il y a les Jeux d’hiver de Sotchi dans deux ans, c’est mon grand objectif et je n’ai pas du tout envie de sous-estimer quoi que ce soit dans ma préparation. »

Et Martina Sáblíková a ses raisons : car si elle parvient à garder le niveau de performance qui est le sien depuis plusieurs saisons, et malgré le faible intérêt médiatique porté au patinage de vitesse, elle s’annonce d’ores et déjà comme une des grandes vedettes des prochains JO d’hiver.