JO de Rio : un bilan mitigé pour les Tchèques

Photo: ČTK

Après deux semaines de compétition, les XXXIes Jeux olympiques d’été ont été clôturés dimanche soir à Rio de Janeiro. Malgré un total de dix médailles proche en quantité de celui de Londres (11) en 2012, le bilan tchèque a été un des moins bons de l’histoire. Surtout, à l’exception du judoka Lukáš Krpálek, aucun autre sportif tchèque n’a été sacré champion olympique.

Photo: ČTK
Les médias tchèques, ce lundi matin, n’ont pas manqué de le noter : même la Slovaquie (grâce à deux médailles d’or et deux autres d’argent) a fait que mieux (que « nous » les Tchèques) à Rio. Si l’on prend en considération le nombre et surtout les métaux des médailles (une d’or, deux d’argent et sept de bronze), il faut même remonter très loin dans les annales, jusqu’aux Jeux de Los Angeles en… 1932 (en 1984, la Tchécoslovaquie avait boycotté les Jeux comme la plupart des pays sous influence soviétique) pour trouver trace d’un bilan tchèque aussi faible. A l’époque, la Tchécoslovaquie, qui n’était représentée que par sept sportifs, soit près de cent de moins qu’au Brésil cette année, avait ramené quatre médailles, dont une d’or et deux d’argent, de Californie. Pour autant, Jiří Kejval, le président du Comité olympique tchèque, affirmait ne pas être déçu au moment de reprendre l’avion pour Prague :

Jiří Kejval,  photo: ČTK
« Compte tenu de la situation dans laquelle se trouve le sport tchèque et du fait que nous avions une délégation moins nombreuse que lors des Jeux précédents, je pense que notre bilan n’est pas si mauvais. Bien sûr que nous regrettons de ne pas avoir fait meilleure figure, mais la marge entre le succès et l’échec est souvent infime à ce niveau de compétition. Il faut aussi parfois un peu de réussite : une réussite que nous avons peut-être eue à Londres et un peu moins cette fois. Il faut savoir l’accepter, et mon sentiment général au bout du compte est donc que notre bilan est plutôt bon. »

Au classement final des nations, avec le kayakiste Josef Dostál pour seul représentant parvenu à décrocher deux médailles (argent en K1 et bronze en K4 sur la distance du 1 000 mètres), la République tchèque figure en 43e position, très loin donc de la 19e place à laquelle elle avait achevé les précédents Jeux il y a quatre ans de cela. Si le nombre de breloques décrochées à Rio est pratiquement identique à celui de Londres en 2012, la différence repose dans la composition des métaux. Sur les dix médailles tchèques, pas moins de sept n’ont été « que » de bronze, dont trois rien qu’en tennis dans des épreuves comme le double dames ou le double mixte qui, sans diminuer le mérite de leurs participants, ne possèdent pas le prestige de certaines autres disciplines. Ce constat est aussi celui d’un Jiří Kejval qui, et c’est tant mieux, s’en amuserait presque :

Jan Štěrba,  Josef Dostál,  Lukáš Trefil,  Jan Štěrba,  photo: ČTK
« Si je regarde notre bilan en prenant en considération uniquement les médailles de bronze, nous sommes la douzième nation au monde... Il y a une vraie différence entre finir troisième, et donc monter sur le podium, et quatrième et rester au pied du podium sans médaille. Nous avons eu pas mal de représentants qui ont fini quatrièmes dans plusieurs disciplines, mais tout le monde les a déjà oubliés ou presque. C’est malheureux, mais c’est comme ça… Et puis il y a ceux qui ont fait mieux encore et ont terminé premier ou deuxième. Mais je reconnais qu’ils ne sont pas très nombreux. »

Jaroslav Kulhavý,  photo: ČTK
Nettement moins nombreux qu’à Londres en tous les cas, où pas moins de quatre Tchèques avaient été sacrés champions olympiques. A Rio, la lanceuse de javelot Barbora Špotáková, médaillée de bronze, la skiffeuse Miroslava Topinková Knapková, éliminée en demi-finales, Jaroslav Kulhavý en VTT, médaillé d’argent, et David Svoboda, neuvième de l’heptathlon moderne, ont tous abandonné leur couronne. Seul donc le judoka Lukáš Krpálek, vainqueur dans la catégorie des moins de 100 kilos, a permis au public brésilien d’entendre résonner l’hymne tchèque. C’est peu, même si ce n’est pas non plus la première fois que cela arrive. Sans remonter jusqu’à l’entre-deux-guerres, à Athènes en 2004, le décathlonien Roman Šebrle avait déjà été le seul Tchèque à offrir un peu d’or à son pays.

Barbora Špotáková,  photo: ČTK
En athlétisme justement, une des disciplines reines aux Jeux, seule Barbora Špotáková, qui restait sur deux sacres à Pékin et Londres, est parvenue à monter sur un podium. Pour le reste, Zuzana Hejnová, pourtant championne du monde en titre de la discipline, a dû se contenter d’une quatrième place sur le 400 mètres haies, tandis qu’aucun des trois lanceurs de javelot qualifiés pour la finale chez les hommes, n’a pu faire mieux que la septième place de Vítězslav Veselý. Idem sur le 1 500 mètres, où Jakub Holuša a été éliminé au stade des demi-finales.

En gymnastique et en natation, autres disciplines olympiques traditionnelles, c’est même un zéro pointé qui brille au tableau. Ainsi, pas le moindre nageur tchèque n’est parvenu à se qualifier pour une finale. Mais au-delà des chiffres toujours relatifs pour un petit pays de dix millions d’habitants, c’est autre chose que Martin Doktor, le chef de la délégation tchèque, retiendra :

Martin Doktor,  photo: ČT24
« Ce dont je me souviendrai d’abord est que ces Jeux ont été très beaux, et ce même si rien ou presque ne marchait comme cela aurait dû marcher. Les gens en ont profité, je pense. Regardez les grandes distances qu’il y avait entre les différents sites. Tout se trouvait très loin, il fallait toujours voyager. Mais personne ne s’est jamais plaint, il n’y a pas eu le moindre problème. Toutes les équipes ont fait des efforts et il faut les en remercier, car ce n’était vraiment pas facile. »

Finalement, ce qui a peut-être fonctionné le mieux à Rio est le fait que pour la première fois de l’histoire, l’ensemble des 105 sportifs tchèques en compétition ont logé au village olympique, formant ainsi une vraie équipe, la seule équipe même, puisque la République tchèque n’était représentée cette année dans aucun sport collectif.