Foot – Mondial 2014 – Eliminatoires : pour les Tchèques, le rêve s’envole

República Checa - Armenia, foto: ČTK

Battue par l’Arménie (2-1) à Prague, vendredi soir, l’équipe de République tchèque de football a hypothéqué pratiquement toutes ses chances de qualification pour la Coupe du monde 2014. Il faudra désormais réaliser une dernière ligne droite sans fautes, avec trois victoires en autant de matchs, dont une première en Italie dès ce mardi soir, pour espérer participer aux barrages.

Tomáš Rosický,  photo: CTK
C’est une belle bordée de sifflets et des « Bílek ven ! » (« Bílek, démission ! ») qui ont accompagné le retour aux vestiaires des joueurs tchèques au coup de sifflet final de l’arbitre français Anthony Gautier vendredi. Justifié ou pas, le mécontentement, qui ressemblait plutôt à du désappointement, des supporters était légitime.

Il faudra encore attendre mardi soir et la fin du match contre l’Italie à Turin pour pouvoir l’affirmer avec certitude ; mais après la défaite concédée contre l’Arménie, la République tchèque est d’ores et déjà pratiquement éliminée de la course à la Coupe du monde 2014. Il faudrait désormais un petit, voire même un sacré miracle pour que Petr Čech, Tomáš Rosický et leurs partenaires terminent à la deuxième place du groupe B et puissent ainsi participer aux barrages, dernière étape pour décrocher une qualification pour la phase finale au Brésil. Pour y parvenir, les Tchèques doivent remporter leurs trois derniers matchs, tous en déplacement contre l’Italie donc, Malte et la Bulgarie, et espérer un faux-pas de leurs concurrents directs dans leur groupe. Cela fait quand même beaucoup, fort probablement même beaucoup trop… Toutefois, bien que très abattu à la sortie du terrain, Petr Čech voulait encore y croire :

Petr Čech,  photo: CTK
« Ce n’est pas fini, mais il faut reconnaître que nous sommes dans une situation particulièrement critique avec maintenant trois matchs à l’extérieur qui nous attendent, dont un chez les vice-champions d’Europe. Et il nous faut absolument gagner les trois. Je pense que nous en sommes toujours capables. Rien n’est impossible en football. Nous nous battrons tant qu’il y aura encore une petite chance. L’espoir demeure au moins jusqu’à mardi. Après, ça ne dépend que de nous. »

Même en rêvant un peu, un tel scénario pourrait encore s’avérer insuffisant, puisque seuls les huit meilleurs des neuf pays deuxièmes de groupe participeront aux barrages. Or, avec seulement neuf points obtenus en sept matchs, dont trois contre Malte bon dernier du groupe qui ne seront pas pris en compte dans le classement des meilleurs deuxièmes, la République tchèque ne présente pas, c’est le moins que l’on puisse dire, un bilan des plus brillants.

Déjà lourdement battue par le Danemark (0-3), également incapable d’inscrire le moindre but lors des deux matchs nuls concédés lors des réceptions de la Bulgarie et de l’Italie, la République tchèque a donc laissé échapper trois points supplémentaires à Prague contre l’Arménie. Cette stérilité offensive et ce bilan famélique à domicile expliquent aujourd’hui en grande partie, alors qu’approche la fin des éliminatoires, la position désespérée dans laquelle se trouvent les hommes de Michal Bílek, même si le sélectionneur, bien obligé de dire quelque chose en conférence de presse d’après match, s’efforçait encore de relativiser l’ampleur des dégâts :

Michal Bílek,  photo: CTK
« Avant le match, nous avons dit qu’il nous fallait gagner trois des quatre matchs qui nous restent. Et trois matchs nous attendent encore… »

Avant le coup d’envoi contre l’Arménie, on savait la Reprezentace fragile. On savait aussi l’adversaire du jour et son formidable meneur de jeu Henrikh Mkhitaryan dangereux, surtout depuis leur surprenante victoire au Danemark (4-0) en juin dernier. Et pourtant, tout a bien commencé vendredi en fin d’après-midi. Non seulement il faisait un soleil radieux sur Prague, mais trois occasions franches et une maîtrise totale ou presque du début de la rencontre ont d’abord fait penser aux 18 000 spectateurs qui avaient rempli le stade d’Eden que leurs favoris avaient pris ce rendez-vous crucial par le bon bout et que le premier but n’était qu’une question de patience. Sauf que ce sont les Arméniens qui, sur une de leurs rares et premières incursions dans le camp tchèque, ont ouvert le score. A la 31e minute, une frappe splendide de vingt-cinq mètres de Karlen Mkrtchyan nettoyait la lucarne d’un Petr Čech irréprochable mais trop court. Ce but jettait le froid dans le public et assomait littérallement des Tchèques mal récompensés de leurs efforts, comme le reconnaissait Jaroslav Plašil à notre micro à l’issue du match :

« C’est compliqué… On a très bien entamé le match. On a vingt à vingt-cinq très bonnes premières minutes où on doit marquer et on ne le fait pas. Eux (les Arméniens) ont une action suite à une perte de balle de notre côté, le mec met une super frappe et ça fait 1 à 0. Après, c’est toujours difficile de jouer contre une équipe qui est bien regroupée derrière. »

Jaroslav Plašil,  photo: CTK
Sonnés et même tétanisés, les partenaires de Jaroslav Plašil sont alors restés incapables de réagir avant le repos comme en début de seconde période :

« Ca fait toujours très mal d’encaisser un but comme ça. On s’efforçait de faire le jeu et de se créer des occasions, qu’on a eues. Mais on a manqué d’efficacité et on l’a payé cash. Après, on revient quand même au score avec un but qui vient peut-être un peu tard pour finalement se faire surprendre dans les arrêts de jeu. »

Après l’égalisation à la 70e minute sur une frappe de Tomáš Rosický, le meilleur joueur de champ tchèque vendredi, les hommes du sélectionneur Michal Bílek ont poussé et encore poussé pour inscrire le deuxième but libérateur. Mais malgré un total de dix-sept corners et de treize tirs, ils sont le plus souvent apparus trop désordonnées et brouillons. Lui aussi auteur d’une performance très moyenne dans l’entrejeu et la distribution des ballons, Jaroslav Plašil admettait que les Tchèques avaient été somme toute assez peu dangereux dans le dernier quart d’heure :

« Ce n’est pas évident. C’est vrai, on a fait beaucoup de centres, on a eu beaucoup de corners, mais on n’a pas su se créer de véritable occasion franche vers la fin. C’est dommage… Maintenant, il reste trois matchs et il faudra aller gagner en Italie. »

Pour envisager un exploit à Turin, contre une Squadra Azzura qu’ils ont dominée stérilement à Prague en juin dernier (0-0) et qu’ils auraient alors sans doute mérité de battre, les Tchèques devront toutefois marquer. Or, avec seulement sept buts inscrits en sept matchs depuis le début des éliminatoires, dont trois lors de la victoire contre les faibles Maltais, l’efficacité, ou plus précisément l’inefficacité, est indéniablement le gros point faible de la Reprezentace, comme le reconnaît Jaroslav Plašil :

« C’est dur. On a toujours du mal à se créer des occasions. Mais il y a aussi des attaquants qui sont là et ce serait bien qu’ils en mettent un de temps en temps... »

Car effectivement, sans but, il est bien difficile d’envisager gagner un match de football. Alors, trois d’affilée, on ne vous fait pas de dessin… Et encore moins au commentateur de la télévision arménienne, dont le « goooaaal !!!!! » dont il a gratifié la tribune de presse lorsque son équipe a inscrit le deuxième but vainqueur dans le temps additionnel résonne encore dans tout Prague… Et parce qu’il ne s’agit après tout « que » de football, c’était là une raison bien suffisante pour garder le même sourire à la sortie du stade que celui que l’on avait à son entrée quelques heures plus tôt.