Equitation : le Cadre noir de Saumur prêt à être plus présent en République tchèque

Directeur général adjoint de l’Institut français du cheval et de l’équitation et directeur de l’Ecole nationale d’équitation de Saumur, Robert d’Artois était de passage à Prague fin janvier. L’Institut français de Prague avait en effet organisé une conférence intitulée « De la théorie à la pratique… cheval ! » durant laquelle sont intervenues Nadège Bourdon et Sophie Biau, respectivement écuyer du très prestigieux Cadre noir et responsable du service recherche de l’Ecole nationale d’équitation. Avant cette conférence, Robert d’Artois a expliqué au micro de Radio Prague les raisons de cette visite en République tchèque. Voici l’intégralité de l’entretien :

Robert d’Artois
« Il y a plusieurs jeunes Tchèques qui sont venus travailler à l’école pendant plusieurs mois sur des formations que nous proposons. Nous avons fortement senti qu’ils voulaient faire connaître à leurs compatriotes ce qu’est le Cadre noir et l’Ecole nationale d’équitation. Une première collaboration est donc née, puisque Nadège Bourdon, qui est un écuyer du Cadre, vient de passer deux jours à 150 kilomètres de Prague pour proposer une séance de formation et faire mieux connaître le travail que l’on fait sur le plat et à l’obstacle. »

Peut-on envisager une collaboration plus approfondie entre votre école et la République tchèque ?

« Si nous sommes sollicités, surtout par des pays de l’espace européen, nous nous efforçons de répondre présents en fonction de nos plans de charges. C’était l’exemple ce week-end. Mais si la fédération tchèque d’équitation ou d’autres structures nous demandaient d’intervenir, alors oui, nous pourrions le faire. »

Concrètement ?

« Ca peut donc être ce qui a été fait ce week-end. Mais ça peut aussi être des choses de plus grande ampleur, des conventions de partenariat assez étoffées comme nous en avons signées avec d’autres pays d’Europe centrale. »

Justement, deux spectacles galas du Cadre noir ont été organisés à Budapest dans un passé récent. Il y a aussi une forme de collaboration qui fonctionne déjà avec une école d’équitation en Hongrie. Peut-on imaginer la même chose en République tchèque ?

« Effectivement, nous sommes allés à Budapest pour un spectacle en octobre 2008, et depuis nous avons étoffé nos relations avec l’académie équestre de Kaposvar. Presque tous les ans maintenant, nous avons des écuyers qui vont participer à des formations ou par exemple à des jurys d’examen. Mais il ne faut pas toujours faire de l’analogie. Si on nous demande des interventions, de préparer des relations de partenariat, il faudra le faire à partir d’une analyse du vécu ici et de la demande des gens pour savoir comment y répondre. Mais c’est quelque chose qui est faisable. Nous n’avons jamais de schémas pré-établis que nous essayerions de plaquer sur la réalité. Nous nous efforçons plutôt de nous adapter et de répondre à la demande des gens qui souhaitent travailler avec nous. »

Connaissez-vous déjà un peu le petit monde de l’équitation en République tchèque ?

« Très peu, car même sans être impromptu, mon déplacement s’est greffé sur cette formation qui a été mise en place et cette conférence. J’ai néanmoins le sentiment que nous aurons un certain nombre de choses à faire ensemble, que ce soit avec la fédération tchèque d’équitation ou d’autres intervenants. »

Vous avez évoqué cette conférence à l’Institut français, qui a rencontré un grand succès puisque toutes les places ont été réservées plusieurs jours avant sa tenue. Quels en sont les thèmes ?

« Tant mieux ! Je suis d’abord content pour les deux intervenantes. Nadège Bourdon et Sophie Biau vont témoigner l’une comme l’autre d’un certain nombre de travaux qu’elles ont faits et de leur manière de travailler. C’est déjà une première chose. Si on nous le demande, nous reviendrons pour d’autres choses. Nous sommes aussi allés voir l’O2 Arena, qui est une très belle salle de spectacles. Et si nous arrivions à faire mûrir un projet de déplacement du Cadre noir à Prague, nous nous efforcerions de le mener à bien. Mais pour l’instant, nous n’avons fait que visite la salle… »

Cette salle ultramoderne, grande, de 17 000 places, inaugurée en 2004, est conçue pour accueillir un peu tout type de spectacle. Ses paramètres correspondent-ils à ce dont vous avez besoin pour l’organisation de votre gala ?

« Ca correspond largement à la majeure partie de nos besoins… »

Comment se présentent vos spectacles ?

« L’objectif est de faire mieux connaître ce qu’est la spécificité de l’équitation à la française. Nos galas sont donc construits d’une certaine manière. Nous les voulons un peu didactiques : au début du spectacle, nous expliquons beaucoup de choses aux gens pour qu’ils aient les clefs de lecture de qu’ils vont voir. »

Là aussi, comment cela se passe-t-il concrètement sur la piste ?

« Un écuyer seul fait d’abord une démonstration de toutes les figures de l’équitation académique avec un commentateur qui explique pourquoi et comment on fait ce type de mouvements. Parce que, après, on retrouve ces mouvements dans des ensembles plus grands. Et de la même manière pour les sauteurs, c’est-à-dire ceux qui font les différents sauts d’école que sont la croupade, la courbette et la cabriole, on explique comment ça fonctionne de manière à ce que, après, au moment où ça se fait dans l’ensemble, les spectateurs puissent les voir. L’intérêt, la façon dont nous avons conçu nos spectacles, est que ceux-ci soient lisibles à tout niveau de compétence du cheval. On peut être particulièrement technicien et apprécier, mais on peut être aussi quelqu’un qui a envie de voir quelque chose de beau et arriver à le déguster parce qu’on aura auparavant donné un certain nombre de clefs pour pouvoir le lire. »

Vous avez dit que les paramètres techniques de la salle pragoise correspondent à ce dont vous avez besoin. Quels sont maintenant les autres éléments nécessaires pour que le projet aboutisse et que le public pragois puisse profiter du spectacle du Cadre noir ?

« D’abord, il n’y a pas de projet sans porteur de projet. Ensuite, il faut analyser quel type de public peut être concerné et quel nombre de spectateurs. C’est quand même une entreprise relativement lourde : nous venons avec une trentaine de chevaux, une vingtaine d’écuyers, les soigneurs, etc. Et puis il y a le déplacement : il y a quand même 1 400 kilomètres entre Saumur et Prague. Une étape serait donc nécessaire, les chevaux ne pouvant pas voyager plus de huit ou neuf heures d’affilée. Autrement, ça les stresse et les fatigue trop. Il y a donc tout un tas de choses qui relèvent à la fois de la logistique et de l’organisationnel. Tout cela sans oublier, bien entendu, les paramètres financiers qui ne peuvent pas être négligés. Mais je le répète, avant d’envisager tout cela, il faut d’abord qu’il y ait un porteur de projet. »

Qui dit spectacle équestre dit aussi musique. Peut-on envisager un gala du Cadre noir avec de la musique tchèque ?

« Nous essayons… Vous savez, les chevaux ont trois allures : le pas, le trot, le galop. Nous nous efforçons donc de trouver des musiques dont les tempos correspondent à ces allures-là. A mon avis, il y a dans la musique tchèque un certain nombre de choses qui sont utilisables. Et nous essayons toujours d’adapter ce que nous faisons au pays dans lequel nous nous trouvons. »

Cela signifie-t-il que vous avez déjà commencé à réfléchir à cet éventuel spectacle à Prague ?

« Pas encore. Nous ne sommes qu’à l’esquisse de ce qui pourrait être un spectacle à un moment ou à un autre. »

Chaque spectacle est-il différent selon le lieu où il est présenté ?

« Il y a un tronc commun, comme je vous le disais, parce que ce sont pas simplement des gammes. C’est vraiment l’expression de cette pratique équestre. C’est la première chose. Après, nous nous adaptons aux lieux. Quand c’est en plein air, c’est différent. Ca l’est aussi si, par exemple, nous travaillons avec un orchestre. Nous nous adaptons à tout cela. »

Vous avez évoqué la conférence, votre visite de l’O2 Arena, une éventuelle collaboration approfondie avec la République tchèque, y a-t-il encore d’autres aspects de votre passage à Prague ?

« Pour le moment, non. Mais j’ai le sentiment fait par Nadège Bourdon durant ces deux jours de formation a beaucoup plu. Il n’est donc pas exclu que nous revenions pour d’autres choses comme celle-là. Et puis si nous parvenons à aller plus loin, à finaliser cette esquisse d’un déplacement du Cadre noir, nous serons appelés à revenir pour tout mener à bien. »

Peut-on malgré tout déjà évoquer une date ?

« 2012, c’est bloqué. Tout notre carnet de bals est pris. De toute façon, surtout quand c’est à l’étranger, ce sont des choses qui se montent assez longtemps à l’avance et qu’il ne faut pas faire dans la précipitation. »