Biathlon – Mondiaux : Koukalová, Koukalová, Koukalová et les autres

Gabriela Koukalová, photo: ČTK

Avec quatre médailles dont une d’or, les championnats du monde de biathlon, qui se sont achevés dimanche à Hochfilzen (Autriche), ont confirmé que la République tchèque comptait désormais bien parmi les nations fortes d’un sport suivi par un public toujours plus nombreux.

Laura Dahlmeier et Gabriela Koukalová,  photo: ČTK
On le répète à chaque fois ou presque qu’on en parle, mais ces Mondiaux en ont, une fois de plus, été la parfaite illustration : le biathlon est bel et bien devenu, en l’espace de quelques années seulement – avec l’indétrônable hockey - la nouvelle discipline reine parmi les sports d’hiver en République tchèque. Et pas seulement parmi les sports d’hiver d’ailleurs, puisque les téléspectateurs étaient quatre fois plus nombreux devant leur écran, mercredi dernier dans la matinée, pour suivre la course individuelle féminine que pour le huitième de finale aller de Ligue des champions de football entre le Paris Saint-Germain et Barcelone diffusé en direct la veille en soirée par la chaîne sportive de la Télévision tchèque. Qu’on se le dise donc : les exploits de la belle Gabriela Koukalová et de ses compatriotes montés sur des skis avec un fusil dans le dos attirent davantage les amateurs de sport tchèques que les exploits de Verratti, Cavani, Messie et autres Neymar même lorsque ceux-ci sont réunis sur une même pelouse…

Il faut dire que les Tchèques ont toutes les raisons de se passionner pour le biathlon. Derrière l’Allemagne de la boulimique Laura Dahlmeier, reine de ces Mondiaux avec six médailles dont cinq d’or, et la France de Mourtin Fourcade, la République tchèque a terminé à la troisième place du classement final par nations. Notamment grâce à celle qui est probablement d’ores et déjà devenue la sportive préférée du public tchèque. A son titre de championne du monde, le premier de sa carrière, dans l’épreuve du sprint dès l’entame de la compétition, Gabriela Koukalová a ajouté une médaille d’argent en individuelle (15 km) et une autre de bronze en poursuite, tandis qu’Ondřej Moravec, lui, chez les hommes, est monté sur la deuxième marche du podium dans l’épreuve individuelle (20 km). Un bilan qui aurait pu être plus reluisant encore sans deux malheureuses quatrièmes places, mais néanmoins amplement satisfaisant si l’on s’en tient aux propos de l’entraîneur en chef Ondřej Rybář :

Gabriela Koukalová,  photo: ČTK
« L’année dernière, nous étions revenus des Mondiaux d’Oslo les mains vides sans la moindre médaille, et cela avait été une relative déception par rapport aux attentes. Vous imaginez donc bien que le sentiment n’est pas le même cette année. Même si tout n’a pas été parfait et que l’on attendait peut-être davantage de certains de nos représentants, on ne peut raisonnablement pas faire la fine bouche. »

La fine bouche, ce n’est pas non plus ce que faisait Gabriela Koukalová à l’issue de ces Mondiaux. Déjà vainqueur du classement général de la Coupe du monde la saison dernière, la Tchèque a notoirement étoffé son palmarès lors de cette dizaine autrichienne. Et malgré une quatrième place source de quelques petits regrets dans la mass start, la dernière épreuve des championnats disputée dimanche, c’est d’abord le positif que Koukalová voulait retenir :

« Je ne m’attendais plus du tout à remporter une épreuve de championnats du monde dans ma carrière. Tout le monde me dit que ce n’est que du bla-bla, mais je pensais vraiment être devenue une collectionneuse de quatrièmes places, que ce soit aux Mondiaux ou aux Jeux olympiques. Alors d’avoir été sacrée dès la première épreuve individuelle est incroyable. »

Avec toutes ses médailles auxquelles s’ajoutent ses nombreux succès et places d’honneur décrochés en Coupe du monde ces derniers mois, Gabriela Koukalová, très appréciée de journalistes dont on arrive parfois même à se demander s’ils n’ont pas secrètement le béguin pour elle, fait parfois de l’ombre à ses coéquipiers de la sélection. Certains arrivent néanmoins à attirer et retenir l’attention sur eux aussi grâce à leurs performances, à l’image donc d’Ondřej Moravec deuxième de la course individuelle (20 km), devancé de justesse par le surprenant Américain Lowell Bailey :

Ondřej Moravec,  photo: ČTK
« J’étais si près de la médaille d’or rêvée que mes sentiments sont un peu partagés… D’un côté, je suis déçu car le titre mondial était à portée de main, d’un autre, je suis aussi très heureux de l’argent, car chaque médaille mondiale a de la valeur. »

Des médailles dont la saveur est encore tout autre lorsqu’elles sont olympiques ; des Jeux qui, une fois la saison en cours de Coupe du monde achevée, deviendront le prochain nouveau grand objectif de Koukalová, Moravec et consorts. La Télévision tchèque se frotte déjà les mains dans la perspective de Pyeongchang 2018…