Quarante ans du stade de natation de Prague, Podoli

Photo: www.pspodoli.cz
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Quand on parle d'aller faire trempette, à Prague, surtout en ces journées chaudes que nous vivons depuis le début de l'été, la plupart des habitants de la capitale pensent à la piscine, plus précisemment au stade de natation de Podoli. Il se trouve dans le quatrième arrondissement, sur la rive droite de la Vltava, dont il n'est pas trop éloigné d'ailleurs, et reste vraiment la piscine la plus connue de Prague. Pourquoi vous en parler dans la rubrique du quotidien des Pragois de cette semaine ? Parce qu'en ce moment, les amateurs de natation ou tout simplement de bronzage sont des plus nombreux à s'y rendre, aussi bien en semaine que pendant le week-end. Et, en plus, le stade de natation de Podoli fête, cette année, son quarantième anniversaire.

La localité où se trouve la piscine était quelque peu délaissée, dans le passé. Il y avait un hameau qui s'appelait Podoli, où s'arrêtaient, éventuellement, les trains de bois que charriait la Vltava. Au XVIIIe siècle, dans les hauteurs qui surplombent le cours de la rivière, on mit en service une carrière de marne. Il en fut ainsi jusqu'en 1945, quand l'extraction de la marne fut abandonnée. Le gisement avait été épuisé, et il ne resta qu'un grand trou dans la colline. Vers la fin des années cinquante, les autorités pragoises, face à la demande des habitants qui voulaient profiter pleinement et au bord de l'eau, des congés payés, et aussi en raison du nombre insuffisant de piscines dans une ville qui grandissait rapidement, décidèrent de construire non pas une piscine, mais un véritable stade de natation dans la localité. Avec le tram, elle n'était pas loin du centre, l'exposition à l'ouest, sud-ouest, était idéale pour construire un centre de loisirs au bord de l'eau. L'ancien trou de la carrière de marne était baigné de soleil pendant presque toute la journée, et on décida vite de construire plusieurs bassins, à ciel ouvert et couvert.

Arriva l'année 1959 et, à l'automne, on commença les travaux, d'après un projet de l'architecte académique Richard Podzemny. Une année plus tard, on mit en service les deux bassins, un extérieur, l'autre couvert. Ils offraient une eau assez froide, sans aucune filtration et on tenta de chauffer l'eau, ou au moins de la tempérer pour les compétitions de la Spartakiade, la grande rencontre sportive du régime communiste. En vain : deux locomotives n'y parvinrent pas ! La véritable mise en service eut lieu seulement cinq années plus tard, à l'occasion des compétitions en natation de la Spartakiade suivante, au mois de juin. Le 28 juin 1965, les Pragois, mais aussi les visiteurs de la capitale, purent, enfin, utiliser leur nouvelle piscine. L'eau était tempérée déjà, mais pour bénéficier d'une piscine chauffée pendant toute l'année, il fallut encore attendre 1967 : le premier bassin extérieur offrait une température de 26 degrés. En 1969, crise énergétique obligeant, avec une insuffisance des livraisons de gaz, on passa au chauffage au fuel. Le bâtiment du bassin couvert est intéressant du point de vue architectonique. Il sert aussi de coupe-vent contre les rafales qui viennent souvent de la Vltava. Au début le stade de Podoli attirait les amateurs de la nage surtout grâce à son bassin couvert. En effet, à cette époque, seules deux villes de Tchécoslovaquie possédaient une piscine de 50 mètres semblable : Olomouc en Moravie et Zilina aujourd'hui en Slovaquie. Dehors, il y avait deux bassins dont l'un possédait une tour de plongeon. Même l'hiver, le bassin à l'eau chauffée était assez fréquenté. En effet, se baigner dans une eau d'où monte la vapeur, au beau milieu de la ville enneignée était assez attirant !

L'année 1973 fut une année record pour le stade de natation de Podoli. Il reçut 2.321 000 visiteurs, une moyenne de plus de 6 300 personnes par jour. Mais, avec les années, il s'avéra qu'il fallait reconstruire le toit en verre du bassin couvert. On améliora le système de filtrage, on aménagea d'une manière moderne les vestiaires. La tribune qui forme une sorte d'amphithéâtre autour des bassins fut modernisée en 1995, le tobogan fut ralongé et diverses attractions aquatiques pour les enfants furent construites. Le stade de Podoli a beaucoup servi, aussi, aux compétitions sportives. La plus importante a eu lieu en 1997, avec les Sixièmes championnats d'Europe de natation qui ont vu la participation de 3 255 sportifs de 32 pays. Lors de ces championnats, trois records du monde et 59 records européens furent battus. En 1998, le stade de Podoli fut le théâtre du championnat du monde junior féminin et d'une compétition de prestige, la Coupe d'Europe de natation synchronisée.

En l'an 2000, les travaux de modernisation se poursuivirent, avec un nouveau système de chauffage. Bien entendu, aujourd'hui, l'eau est chauffée dans tous les bassins, extérieurs et couvert. En 2002, le stade de Podoli n'échappa pas à la catastrophe qui traumatisa la capitale Prague. Les équipements de filtrage, la centrale de chauffage et les vestiaires furent envahis par les eaux de la crue de la Vltava. Un mois après les inondations du mois d'août, le stade ouvrait, de nouveau, ses portes au public. Avec une nouvelle entrée à tourniquet. Alors qu'à l'origine, il était planifié pour recevoir 600 personnes seulement par jour en hiver et mille en été, cette capacité est bien dépassée de nos jours. Aller à « Podoli », comme le disent familèrement les Pragois, ce n'est plus seulement aller faire quelques brasses dans les eaux de ses bassins. Le stade offre d'autres possiblités pour les loisirs : un centre de réhabilitation, une petit restaurant-buffet, une salle d'haltérophilie. Les personnes handicapées peuvent y accéder facilement grâce à une rampe et un ascenceur. Prague possède, certes de nombreuses autres possibilités pour s'adonner à la natation, lacs de barrages dans les alentours, pisicines couvertes ou en plein air, mais le stade de Podoli reste un endroit où l'on aime se rendre aussi bien en semaine, pour faire un peu de sport, que le week-end pour se détendre. Et, cet été, faire trempette, comme nous le disions au début, on en a bien besoins avec les chaleurs torrides de certaines journées. Alors si vous venez à Prague, ne soyez pas étonné si un des habitants de la ville aux cents tours vous dit : » Je vais à Podoli cet après-midi ». Il n'ira pas dans le quartier du même nom, mais à la piscine. Une piscine qui a déjà quarante ans et qui marque aussi le quotidien de la vie en Tchéquie...