Militaires et ONG tchèques pour la reconstruction de l'Afghanistan

Photo: www.peopleinneed.cz

Depuis 2002, soit peu après le début de l’action militaire en Afghanistan, les Tchèques font partie intégrante des forces de l’OTAN engagées dans le conflit. Ils sont particulièrement présents dans la région de Logar où plusieurs contingents forment une équipe de reconstruction. Parallèlement aux forces militaires, des ONG tchèques sont également présentes. Panorama sur cette présence tchèque en Afghanistan, grâce à Christian Falvey, de la rédaction anglaise, envoyé spécial de Radio Prague en Afghanistan.

On compte environ 500 soldats en Afghanistan, et c’est l'équipe de reconstruction de la province de Logar qui rassemble le plus grand nombre de militaires tchèques dans le pays, soit près de 275 soldats et une dizaine de civils. Le programme de reconstruction provinciale du Logar a pour objectif d'aider le gouvernement afghan à assurer les besoins fondamentaux de la population dans cette province située au sud de la capitale. Les missions des soldats en Afghanistan consistent par exemple à mener des programmes agricoles, ainsi qu’à veiller à la formation de la police locale.

La base de Sharana,  photo: www.army.cz
Une unité d’hélicoptères est également particulièrement appréciée. Trois hélicoptères tchèques modernisés Mi-171S opèrent actuellement sur la base de Sharana, dans la province de Paktika. Les Tchèques sont dans ce domaine reconnus pour leur savoir-faire en matière de maintenance et de réparation sur un certain nombre d’appareils de construction russe.

Autre unité importante, l’unité de décontamination chimique de l’armée tchèque, qui est considérée comme une des meilleures du monde. Au micro de Christian Falvey, un des experts de cette unité explique quelle est la situation du terrain en Afghanistan.

Photo: www.army.cz
« Il y a beaucoup de travail ici parce que le passé a laissé ce pays dans une situation catastrophique, dans le domaine de la sécurité. L’unité trouve de vieilles usines qui sont de véritables bombes à retardement, où se trouvent beaucoup de substances toxiques, qui gisent ici depuis trente ans, sans être entreposées. Personne n’y prête attention, il peut se passer quelque chose à tout moment. Nous suivons également les installations sanitaires, qui ont divers niveaux. Certaines ont des systèmes de radiologie qui datent d’il y a cinquantaine ans. D’autres sont plus récents. D’autres installations sanitaires fabriquent des médicaments mais ils sont très chimiques et fabriqués de façon artisanale, ce qui peut être très dangereux, pour les unités de la coalition comme pour les habitants. »

Jan Štěpán
En parallèle avec l’action militaire tchèque, souvent plus orientée vers des missions humanitaires, des ONG sont présentes, et notamment l’organisation ‘Člověk v tísni’ (People In Need), qui est la plus importante organisation non-gouvernementale de République tchèque. Jan Štěpán est le chef de la mission de People In Need en Afghanistan.

Photo: www.peopleinneed.cz
« Il y a plusieurs raisons qui m’ont fait venir en Afghanistan. Le pays lui-même m’intéressait, et je voulais voir de mes propres yeux si ce conflit est aussi dur dans la réalité que comme il est décrit dans les médias. Je voulais aussi découvrir ce pays parce qu’il est magnifique. Les montagnes sont fascinantes et c’est quelque chose qui m’a toujours attiré. Ça, c’est du point de vue personnel. Du point de vue professionnel, cela m’intéressait pour voir de quelle façon on peut aider les gens de façon effective. Qu’est-ce que mener une mission dans le tiers-monde et dans une zone en guerre. Et les questions suivantes se posaient, à savoir si j’avais quelque chose à offrir ici. Je voulais essayer de voir si j’étais capable de faire quelque chose comme ça. »

La mission de l’Homme en détresse a commencé en Afghanistan dès la chute du régime taliban, en 2001. Jan Štěpán est assez satisfait du déroulement de la mission aujourd’hui.

« La mission est stabilisée, elle a des ressources, elle a des relations excellentes avec les donateurs et le travail que nous effectuons depuis déjà huit ans a beaucoup de sens. Nous travaillons dans presque toutes les écoles agricoles du pays, soit 20 écoles dans 22 provinces. Nous formons les enseignants et nous créons, en collaboration avec l’université américaine, un nouveau programme éducatif parce que celui qu’ils avaient avant est vieux de 60 ans. C’est une aide sur le long terme et elle a beaucoup de sens. Elle est centrée sur l’avenir des Afghans et sur leur agriculture. L’Afghanistan est à 98% agricole. Et s’ils n’ont pas de bonne agriculture, ils auront toujours faim. Notre aide est importante dans les régions les plus retirées, dans les villages les plus pauvres. Vous vous asseyez avec les plus vieux et ils sont contents d’être capables de mieux cultiver des céréales, ils ont de l’eau qui évite que leurs enfants meurent à cause d’une eau polluée. Donc cela donne le sentiment que ce que vous faites a un sens. »

Mazar-i-Sharif,  photo: Christian Falvey
Même si les projets de Člověk v tísni sont préalablement planifiés, il faut toujours compter sur les imprévus. Jan Štěpán :

« Il est toujours impossible de savoir quelles seront les priorités du lendemain. Il y a des priorités sur le long terme qui concernent les besoins nécessaires, préparer des propositions, trouver de l’argent, entraîner les gens, organiser les équipes. Ces priorités ne changent pas et s’organisent correctement. Mais ce que vous ne savez pas, ce sont les priorités qui surgissent d’un seul coup. S’il y a une explosion à Kaboul, il faut assurer la sécurité de nos équipes.

Kaboul,  photo: Christian Falvey
Quand quelqu’un vient vous voir d’une région où on a construit un pont quelques mois auparavant et qu’il vous demande 5 000 dollars pour les pierres alors que vous pensiez qu’il s’agissait d’une contribution de la communauté, alors vous devez résoudre ce genre de problèmes. Ensuite, il y a ces choses inattendues comme la chute d’un satellite à Kaboul et vous n’avez plus de connexion à internet. Il faut trouver une solution pour rentrer en contact avec nos gens. Ou une panne de voiture dans les montagnes et vous devez organiser le rapatriement de vos équipes. »

Christian Falvey en Afghanistan
Dernière question posée par notre collègue Christian, comment les Afghans perçoivent-ils les Tchèques ?

« Nous sommes perçus de façon différente par les gens des ministères et les gens instruits, parce que la Tchécoslovaquie en Afghanistan a une très bonne réputation, ancrée dans l’histoire. Parce que de nombreux Afghans ont étudié en Tchécoslovaquie et la Tchécoslovaquie ici, avant les guerres locales a construit plusieurs grandes entreprises importantes. La deuxième chose est quand vous allez dans ces villages. Là-bas, nous sommes les seuls étrangers qui viennent et qui vivent simplement avec la communauté, qui y restent et qui sont prêts dans ces régions éloignées à les aider. »