Gottland - Un musée pour l'idole des jeunes et surtout des moins jeunes

Gottland, photo: www.gottland.cz

Karel Gott est la plus grande vedette de la scène musicale contemporaine tchèque. A 67 ans, il est aussi le premier chanteur du pays encore vivant à avoir son propre musée, dénommé Gottland. Un véritable phénomène que nous allons découvrir dans cette émission qui commence évidemment en musique, avec l'un des premiers tubes de Karel Gott.

Karel Gott,  photo: CTK
Depuis quelques semaines, avec l'inauguration officielle du musée, la vie de Jevany est transformée. Cette petite commune située au bord d'un lac à une dizaine de kilomètres de Prague est devenue une destination incontournable pour les fans de Karel Gott, qu'ils soient tchèques, slovaques ou allemands. C'est dans son ancienne villa de Jevany que les visiteurs se pressent, une villa typique de la Première République tchécoslovaque que le chanteur a vendu pour la racheter quelques années plus tard puis la vendre à nouveau à un certain Jan Motovsky. Non content d'acheter une belle bâtisse, Motovsky a décidé d'exploiter le filon et de faire de l'endroit un lieu de pèlerinage pour tous les fans. Gottland, un vrai Graceland - en moins grandiose - pour le Elvis tchèque.

Pendant la visite guidée, une voix raconte les exploits de Karel Gott. Nous voici donc dans son bureau, où on apprend que c'est là, sur cette table, qu'il écrivait son courrier. Il y a lu des livres aussi, des livres d'histoire dont il peut parler pendant des heures, dit la voix-off. Les visiteurs peuvent également voir ses meubles, son piano à queue, ses tenues de scènes, ses photos, ses disques, mais aussi les tableaux qu'il peint, les photos de ses trois filles et le vrai Karel Gott... en cire. Le crooner tchèque serait-il en proie à un sévère crise de mégalomanie ? Pas du tout, selon le porte-parole du musée - et il aurait même fallu lui forcer un peu la main pour lui faire accepter le projet. Vlastimil Korec:

« Les premières pensées et les premières phrases de Karel Gott concernant le projet étaient très négatives : 'Mon dieu, vous plaisantez je ne suis pas narcissique à tel point que j'ai besoin d'avoir mon propre musée !' Mais ensuite, Jan Motovsky est parvenu à le persuader que cela n'avait rien à voir avec le fait d'être narcissique, que le projet était uniquement destiné à représenter sa vie, son oeuvre, et ses albums. Karel Gott a fini par accepter ses arguments et a accepté de participer au projet. »

36 millions d'albums vendus dans le monde, d'abord en Tchécoslovaquie, mais aussi en URSS, et en Allemagne, où le générique du dessin animé « Maya l'Abeille » a fait connaître Karel Gott au public germanique, qui ne l'appelle plus que « la voix d'or de Prague » ou le « Sinatra de l'Est ». Il semble d'ailleurs que les voyagistes allemands comptent inscrire « Gottland » parmi les étapes du parcours de la capitale tchèque, avec le Château, le Pont Charles, l'Horloge astronomique de la Vieille-Ville et la fameuse brasserie "U Fleku". Et force est de constater que, dès son ouverture, Gottland a réussi à attirer les foules. Vlastimil Korec :

« L'intérêt pour la visite a été vraiment important. On se s'attendait pas à ça. Tous les jours, des bus remplis de touristes se relaient ce qui, pour le musée Karel Gott, est exceptionnel. Pourtant, l'idée pouvait paraître saugrenue au départ. C'est un projet unique en son genre dans le pays, aucun autre artiste encore vivant n'a son propre musée. Aux Etats-Unis, c'est une pratique courante et même des stars relativement petites exposent leurs premiers vêtements de scène et instruments. Alors pourquoi ne pas essayer chez nous ? En plus Karel Gott est un personnage essentiel, donc cela coule de source... »

Dans le musée, plusieurs générations se retrouvent. Parmi les visiteurs, beaucoup de femmes, dont une majorité d'un certain âge, comme Milena, venue en famille :

« Mon préféré, c'est Monsieur Karel Gott, je l'aime beaucoup et je suis une fan! Cette visite du musée est un cadeau offert par mes petites-filles pour mon anniversaire. »

L'une de ses petites-filles veut donner l'impression d'être moins enthousiate :

"Moi je suis un peu là par hasard. Je n'écoute pas sa musique, je suis encore jeune!"

Mais sa soeur et d'autres partagent l'engouement des plus âgées: "Kaja (le diminutif affectueux de Karel), mérite un tel musée, qui devrait être encore plus grand", selon les vraies groupies qui ne se lassent pas de prendre des photos de la chambre à coucher du maestro.

Photo: CTK
Déception pourtant pour toutes celles qui avaient cru à une visite surprise de leur idole mais qui se retrouvent nez-à-nez avec sa statue de cire seulement. Le vrai s'est installé dans une villa du cinquième arrondissement de Prague, tout près de là où Mozart prenaient ses quartiers lorsqu'ils venaient en Bohême. Entre Amadeus et Gott, il doit forcément y avoir quelque chose de sacré...

Près de 150 couronnes, soit environ 5 euros, c'est la somme qu'il vous faudra débourser pour vous vous lancer sur les traces de Karel Gott et sur son parcours sans heurts, malgré les vicissitudes de l'histoire tchécoslovaque. N'est pas sacré meilleur chanteur national plus de trente fois qui veut. Et si son pays a connu des hauts et des bas au cours de sa carrière, Karel Gott a toujours su se maintenir au top. Ce n'est pas fini et le musée devrait continuer à se remplir de trophées et autres kitscheries : le jeune papa bientôt septuagénaire n'a pas l'air près de s'éloigner de la scène et du micro.