Ces Tchèques qui vivent à Casablanca

Casablanca, photo: Magdalena Hrozínková

Parmi la centaine de Tchèques qui vivent au Maroc, il y en a une poignée qui est installée dans la dynamique et tumultueuse ville de Casablanca. Dans un café du centre-ville, Renata Orlovská et Roman Trzaskalik ont raconté à Radio Prague la vie professionnelle et familiale qu’ils mènent à Casablanca, ainsi que leur expérience du Maroc et des Marocains.

Renata Orlovská,  photo:  Magdalena Hrozínková
Renata Orlovská, bonjour. Depuis combien de temps vivez-vous à Casablanca ?

« Depuis douze ans déjà. »

Votre mari est marocain, donc vous l’avez suivi, n’est-ce pas ?

« Oui, nous nous sommes connus en France. Comme il est originaire de Casablanca, logiquement, nous sommes venus vivre ici, auprès de sa famille. »

Que faites-vous ici ?

« Pendant plusieurs années, je me suis occupée de notre fils, donc j’étais mère au foyer. Je me passionne pour tout ce qui est beauté et esthétique et comme je n’étais pas satisfaite des services d’onglerie proposés au Maroc, j’ai décidé, avec mon mari, d’ouvrir notre propre salon ici. Il y a cinq ans, nous avons réalisé ce projet. »

Les salons de ce type, sont-ils nombreux ici ?

« Oui, depuis quelques années. A Casablanca, on en trouve maintenant à chaque coin de rue, comme aux Etats-Unis. Par contre, il y a douze ans, on ne savait pas ce qu’était une onglerie au Maroc. A l’époque, c’étaient des coiffeurs qui faisaient les ongles, mais ils ne savaient pas vraiment comment s’y prendre. C’était vite fait, mal fait. A présent, la concurrence est grande. Nous, dans notre salon, nous essayons de faire de notre mieux pour satisfaire une clientèle qui est assez exigeante. Car les femmes marocaines veillent beaucoup à la beauté des mains et des pieds. »

Ont-elles les mêmes exigences et souhaits que les femmes tchèques, par exemple ?

Casablanca,  photo: Magdalena Hrozínková
« Au niveaux des ongles, j’ai remarqué une différence au niveau de la fantaisie. Dans notre salon au Maroc, nous faisons ‘la french’, le vernis rouge ou rose et c’est tout. Tandis que les Tchèques ont des ongles ‘de toutes les couleurs’, ce qui me plaît beaucoup. Mais nous avons aussi une clientèle internationale, car on parle l’arabe, le français et l’anglais dans notre salon. Les femmes américaines par exemple aiment venir chez nous, car elles ont du mal à se faire comprendre ailleurs. »

De quelle manière Casablanca et le Maroc ont-ils changé depuis douze ans ?

« Ça a beaucoup changé en termes de choix. C’est-à-dire qu’il y a douze ans de cela, il n’y avait pas de centres commerciaux, il n’y avait pas de choix au niveau de la nourriture. Je me rappelle très bien que quand je partais chaque mois en France, j'avais une valise vide et je la remplissais en France avec des produits laitiers ou de la lessive par exemple. Mais cela a beaucoup changé et maintenant, on trouve un peu de tout ici. »

Vous plaisez-vous à Casablanca ? Est-ce une ville agréable à vivre ?

« Je dirais que Casablanca est une ville assez stressante avec la circulation des voitures. Les gens conduisent n’importe comment, c’est un peu la jungle. Ils ne respectent pas les règles du code de la route. Ils ne mettent pas de clignotant, ils klaxonnent à tout va. »

Conduisez-vous ?

Casablanca,  photo: Magdalena Hrozínková
« Je conduis mais c’est très stressant. Pour le moment, je n’ai pas de voiture. Pendant des années j’ai eu une voiture mais dès que je montais dedans j’étais déjà énervée. »

Vous avez un fils de onze ans. Quelle école fréquente-t-il ?

« Il va à l’école française. Nous sommes plus ou moins obligés, car il a la nationalité française. En plus, il faut avouer que les écoles marocaines n’ont pas un bon niveau. C’est-à-dire que si votre enfant fréquente une école française au Maroc et qu’il part ensuite faire ses études en France il n’y a aucun problème, au contraire. Quand vous venez en France en ayant suivi les cours à l’école française au Maroc vous avez un très bon niveau même pour les standards français. Les professeurs sont exigeants, la barre est placée très haut. C’est une école qui est assez chère donc nous avons intérêt que notre fils étudie bien. C’est un investissement pour son avenir. Je trouve toutefois que Mais les prix sont exagérés. »


Cela fait trois ans que le Tchèque Roman Trzaskalik, qui travaille pour le groupe Danone, vit à Casablanca, avec sa femme slovaque et leurs deux enfants qui y fréquentent une école américaine. On l’écoute :

Roman Trzaskalik,  photo: Magdalena Hrozínková
« La première chose qui m’a choqué ici au Maroc, c’est le nombre de gens pauvres, le nombre de gens qui vivent dans la rue, dans les bidonvilles. C’est énorme. Ils vivent avec très peu. J’ai eu la chance de visiter beaucoup d'appartements et de maisons marocaines et parfois, j'ai vu des familles de sept, huit personnes vivant dans une seule pièce, avec un budget de 1000 ou 1500 dirhams par mois. C’est quelque chose qui est difficile à accepter. Une autre réalité à la quelle je devais m'habituer, c’est le rapport au travail, car les Marocains n'ont a pas le même sens des responsabilités et des précisions que l’on peut connaître en République tchèque. Lorsqu'ils sont demandés d'effectuer un travail, cela prend du temps, parfois c’est mal fait, donc il faut refaire deux, trois, quatre fois et c’est fatigant. Enfin, on se heurte à la bureaucratie des autorités, par exemple des sociétés d’eau et d’électricité. C’est vraiment la galère. »

Quels sont les côtés positifs de la mentalité marocaine ?

« Les gens sont agréables, bienveillants et amicaux. Il est assez facile de créer une relation rapidement. A chaque fois que l’on avait des difficultés ou que l’on était un peu perdu, les Marocains nous ont aidés que ce soit à Casa ou ailleurs dans les montagnes. Il y a toujours quelqu’un pour vous aider. »

Voyagez-vous dans le pays ?

« Beaucoup oui. Ma famille et moi, nous avons visité quasiment la totalité du Maroc, du nord au sud et d’est en ouest. Il nous reste deux, trois endroits, mais ils sont prévus pour avril. »

Casablanca,  photo: Magdalena Hrozínková
Comment est la vie à Casablanca en particulier ?

« C’est une ville de business, donc on ne visite pas Casablanca pour le tourisme. En même temps, on y trouve tout : de bonnes écoles, de bons hôpitaux, de bons restaurants, des activités pour les enfants et pour les adultes. C'est une ville où l'on ne s’ennuie pas. »

Vous sentez-vous en sécurité ici ?

« Complètement. C’est un avantage du système qui est sous la surveillance de la police, la police secrète aussi. Elle gère bien. »