Attention aux drogues en Slovaquie

Il était une fois... un pays, la Tchécoslovaquie. Il était habité par deux nations, les Tchèques et les Slovaques. Elles ont vécu ensemble pendant 74 ans, pour le meilleur et pour le pire, cela depuis 1918. En 1992, elles ont décidé de se séparer. Deux nouveaux Etats sont apparus sur la carte du monde, la Tchéquie et la Slovaquie. Semblables, très proches, entretenant d'étroites relations. Il existe, pourtant, des différences majeures. La législation n'est pas la même, par exemple. Penchons-nous sur ce qui peut arriver à un Tchèque qui, lors de son voyage en Slovaquie, oublierait qu'il n'est plus en Tchécoslovaquie...

Le château de Bratislava
Nous nous intéresserons au seul problème des stupéfiants : consommation, fabrication, transport. En Tchéquie, la loi sur les stupéfiants comporte un article assez ambigu et qui a, d'ailleurs, été très critiqué. Cet article stipule « qu'il est un délit de posséder une quantité de drogue plus importante qu'une petite quantité ». Belle formulation diriez-vous. En fait, le législateur, sans légaliser la détention ou l'usage de la drogue, a voulu dépénaliser, en quelque sorte, le petit fumeur de joint, pour poursuivre sévèrement les dealers, les trafiquants. Tel n'est pas le cas en Slovaquie. Le législateur slovaque a strictement interdit la détention de la drogue, quelle qu'en soit la quantité. Cela peut représenter un grand danger pour le citoyen tchèque qui se rend en Slovaquie. Nous parlons, naturellement, du citoyen qui a coutume de fumer un joint de temps en temps, pas du trafiquant de drogue. Alors qu'à Prague, on ne risque pratiquement rien à s'allumer une cigarette de cannabis, dans la rue ou dans un café, à Bratislava le fumeur de joint risque jusqu'à huit années de prison !

Marian Vysnovsky, chef de la section consulaire de l'ambassade tchèque, à Bratislava, reconnaît que des cas de Tchèques emprisonnés pour détention de drogue en Slovaquie existent. Selon lui, ils ne sont pas fréquents, et il s'agit, la plupart du temps, de jeunes de 18 à 25 ans. Il admet, aussi, que les services diplomatiques tchèques ne prennent, certainement pas, connaissance de tous les cas, bien que la collaboration avec les autorités slovaques soit exemplaire. Ces dernières peuvent respecter les désirs des Tchèques poursuivis pour détention de drogue et ne pas en informer les autorités tchèques. La situation peut aussi se révéler comme très compliquée en ce qui concerne les personnes possédant la double nationalité.

Alena Koisova, du ministère slovaque de l'Intérieur, affirme que la situation devient plus grave, car le nombre de Tchèques arrêtés pour détention ou usage de drogue est en hausse : 26 cas en 2001, mais plus de 40 cas en 2002. Ces données ne font pas la différence entre les trafiquants et les dealers ou les jeunes Tchèques qui se paient un joint sur les bords du beau Danube bleu, dans la capitale slovaque, un « plaisir » entre guillemets qui est toléré à Prague.

Le consul tchèque, Marian Vysnovsky, cite le cas de deux jeunes Tchèques qui, dans une discothèque slovaque avaient choisi le mauvais moment pour fumer un joint : manque de chance, c'était juste au moment d'une descente de la police dans le local. Le juge prononça un verdict qui, en comptant le temps passé en détention préventive, signifiait seulement l'expulsion, mais l'année passée dans la prison slovaque fut dure pour les deux jeunes Tchèques.

Le consul tchèque à Bratislava conseille de ne pas transporter de la drogue à travers le territoire slovaque, même en très petite quantité, car les sanctions sont lourdes. Posséder une nationalité étrangère ne sert à rien, les autorités slovaques sont intransigeantes - dans le cadre des lois naturellement. Marek Jehlicka, du bureau du médiateur de la République tchèque pour les affaires de stupéfiants, met en garde, lui aussi. En une période relativement courte, il a dû prendre connaissance d'un grand nombre de dossiers de jeunes Tchèques poursuivis pour détention ou usage de drogue, en Slovaquie. Ils ne possédaient, souvent, que quelques grammes de cannabis... En Slovaquie, cela peut conduire de 2 à 8 ans de prison ! Un exemple : Petra, une Pragoise de vingt ans, se rendait en voiture en Slovaquie. Au passage-frontière, les douaniers remarquèrent son porte-monnaie, posé négligemment sur le siège avant. Ils y découvrirent un petit sac en plastique contenant deux grammes de cannabis... une quantité tolérée en Tchéquie. Pas en Slovaquie, elle fut arrêtée, accusée de trafic de drogue et poursuivie en justice. Un autre exemple démontrant que la quantité peut être infime : deux jeunes Tchèques, tous deux se nommant Martin, furent arrêtés à la frontière du nord-ouest de la Slovaquie. L'un d'eux possédait seulement 0,89 gramme de cannabis... Les autorités compétentes tchèques recommandent même de nettoyer très soigneusement l'intérieur et le coffre d'une voiture avant un voyage en Slovaquie. En effet, le plus petit grain de cannabis pourrait être considéré comme du trafic de drogue.

Les stupéfiants... ce ne sont pas seulement le cannabis, l'héroïne, la cocaïne, la pervitine tchèque, etc. Ce sont aussi certains champignons. Par exemple le psilocybe. C'est à cause de lui qu'un certain Robert, 23 ans, Tchèque de son état, a connu de graves problèmes à la frontière slovaque. Les douaniers se sont intéressés à une petite boîte en métal, dans son sac à dos. Elle contenait des psilocybes séchés. Robert fût arrêté et accusé de détention de ce champignon présentant des propriétés aphrodisiaques : un acte criminel pour les autorités slovaques. Un peu fort ? Peut-être, car ce champignon peut servir d'aphrodisiaque, mais surtout sous sa forme connue sous le nom de « mexican mushroom », donc champignon mexicain. Les formes européennes sont beaucoup plus inoffensives. D'un autre côté, la loi c'est la loi, elle est faite pour être respectée. Si elle interdit, en Slovaquie, la drogue sous toutes ses formes possibles, il faut bien si conformer. Fumez un joint, si vous voulez, mais à vos risques et périls.

En conclusion disons que la collaboration entre la Slovaquie et la Tchéquie, en matière de répression de détention et d'usage de la drogue, est vraiment exemplaire. En général, les citoyens tchèques rencontrant des problèmes de ce genre en Slovaquie, et condamnés éventuellement à des peines de prison, les purgent en Tchéquie. Attention, quand même, car passer un an ou plus dans une prison tchèque pour avoir fumé un joint en Slovaquie, c'est vraiment un peu dur !