A Prague, les marchés de Pâques séduisent les touristes

Photo: Lucile Meunier

Même si le soleil n’est pas encore tout à fait au rendez-vous en ce début de printemps, les marchés de Pâques fleurissent sur les grandes places pragoises. On y trouve bien sûr des œufs décorés, des mets traditionnels tchèques, et évidemment l’incontournable boisson nationale, la bière… Une période festive dont les touristes profitent tout particulièrement. Radio Prague est allée à leur rencontre pour recueillir leurs impressions, à environ quinze jours de la fête pascale.

Maria,  photo: Lucile Meunier
Notre balade commence à Naměstí Míru, non loin du siège de notre radio, où un petit marché s’est installé. Sur cette place, au pied de l’église Sainte-Ludmila, des dizaines de cabanes en bois ont été montées ces derniers jours. Maria, derrière le comptoir de son stand, vend des produits typiques :

« Ce sont des produits faits maison et spécialement pour Pâques. On a de la brioche pascale, on a du « beránek », un gâteau en forme d’agneau. Ce sont uniquement des produits frais et faits à la main dans notre café. »

Outre le « beránek », la République tchèque offre beaucoup de spécialités culinaires, typiques de la période pascale. Parmi les plus connues, on compte les « vdolky », des sortes de beignets souvent servis avec de la crème fouettée ou du jambon, ou encore la farce pascale « nádivka », à déguster le jour de Pâques.

Photo: Lucile Meunier
Ce qui fait aussi la particularité de cette période, ce sont les décorations qui ornent les rues. Des rubans, et des fleurs sont hissés à l’entrée de chaque marché de la capitale. Un décor qui a pour but de fêter le retour du printemps, mais aussi d’attirer l’attention sur les nombreux objets artisanaux proposés par les commerçants. Parmi ces objets, il y a les œufs de Pâques décorés. La technique utilisée pour leur fabrication est celle du « batik », qui consiste à protéger la couleur obtenue à l’aide d’une couche de cire. Une fois les motifs peints à la main, on plonge l’œuf dans l’eau bouillante pour faire disparaître la cire, et ainsi faire apparaître les couleurs. Ces œufs décorés, qu’on retrouve dans de nombreux pays d’Europe centrale, en étonnent plus d’un. C’est le cas de Liliane et de son groupe d’amis, que nous avons rencontrés sur la place de la Vieille- Ville :

Liliane : « C’est un peu mythique, et en plus, nous avons vécu dans un quartier tchèque en France, où il y avait des gens de Ba’ta, une entreprise d’origine tchèque, qui avaient pris leur retraite là-bas, donc nous étions vraiment imprégnés de la culture tchèque autour de nous. »

Dans quelle ville se trouve ce quartier ?

Liliane avec ses amis,  photo: Lucile Meunier
Liliane : « Ça s’appelle Vernant, dans l’Ain, c’est une petite ville à mi-chemin entre Paris et Rouen. Donc nous avons été sensibilisés un peu à cela, cela faisait longtemps que nous voulions venir. »

Son amie : « Et nous étions d’accord pour venir à Prague parce que des amis qui étaient venus nous avaient dit : ‘C’est une ville splendide !’ »

Vous avez vu les marchés de Pâques ce matin…

Liliane : « Voilà. Nous sommes descendus, et nous avons vu les marchés… C’est chouette, c’est vraiment sympa. Parmi les choses spéciales, nous avons d’abord vu la nourriture, ça fait très envie, et puis c’est tout à fait particulier parce que nous n’avons pas l’habitude. Et personnellement, ce qui m’a surpris, c’est la tradition des œufs décorés. Cette tradition, nous l’avons perdue, c’est clair. »

Vous dites que nous l’avons perdue, mais cette tradition était-elle importante auparavant en France ?

Photo: Lucile Meunier
Liliane : « Pas chez nous… Enfin si, les œufs en chocolat pour les enfants, mais les œufs décorés comme ça, non, pas en France, je n’en ai jamais vus. »

La tradition veut aussi que le lundi de Pâques, les jeunes garçons fouettent les filles avec la « pomlázka », une verge de branches tressées et liées par un ruban. En échange, elles leurs offrent des œufs décorés, enfin, selon la coutume, puisque nombre d’entre elles se cachent pour éviter le triste sort qui leur est réservé.

Ces traditions, Irma les connaît bien. Nous l’avons croisée sur le chemin entre la Vieille-Ville, le centre névralgique et touristique de Prague, connu pour son horloge astronomique, et la place de la République, au milieu des rues commerçantes. En tant que guide touristique, Irma constate une évolution des mœurs :

Irma : « Pour nous, c’est plutôt la fête du printemps, pas la fête religieuse… C’est une coutume. Nous avons des décorations partout : à travers les fenêtres, on peut voir les œufs décorés. C’est une tradition qui existe toujours, mais pour la plupart des gens, ce n’est pas une fête religieuse. Cela varie bien sûr selon les régions, la fête religieuse est plus forte en Moravie du Sud qu’en Bohême et à Prague. »

En ce moment, vous accompagnez un groupe de jeunes… Comment trouvent-ils ces marchés ?

Irma : « C’est ça, j’accompagne un groupe scolaire français. Ils n’ont pas encore fait de remarques parce que nous avons fait une petite visite de Prague, nous avons visité les ruelles de la Vieille- Ville, le pont Charles, jusqu’ici, et maintenant nous allons vers la place Venceslas, et puis nous allons finir sur la place de la Vieille- Ville. »

Et des marchés, ils auront eu l’occasion d’en croiser plusieurs, en particulier sur la célèbre place Venceslas, dont la statue équestre domine les ‘Champs-Elysées’ pragois, mais aussi sur la place de la Vieille-Ville. Des marchés traditionnels qui semblent intéresser, et surtout surprendre les touristes français à Prague. Charlotte et Emilie, deux futures enseignantes, s’interrogent :

Charlotte et Emilie,  photo: Lucile Meunier
Charlotte : « Je n’étais pas du tout au courant qu’il y avait une fête spéciale pour Pâques. C’est vraiment la découverte, la grande surprise, nous sommes tombées au bon moment, finalement. »

En ce moment, nous sommes sur un marché de Pâques. Qu’avez-vous vu et est-ce différent de ce qu’on peut trouver dans d’autres pays ?

Charlotte : « J’ai l’impression que les Tchèques sont très attachés aux valeurs traditionnelles, je suis étonnée de voir autant de spécialités, on a l’impression de changer un peu d’époque, une époque plus ancienne…un retour aux valeurs simples, traditionnelles… »

Emilie : « Je pense que c’est vraiment un attachement à leur culture de campagne, ce qui se passe dans les campagnes et qui est resté depuis le Moyen-Âge, je suppose, vu les traditions avec les bâtons, les petits rubans, ça doit être médiéval. Ils ont l’air encore attachés à ce qui se passe, pas uniquement à Prague, mais aussi autour de chez eux. »

Qu’avez-vous vu sur ce marché ?

Photo: Lucile Meunier
Charlotte : « Du fromage, de la charcuterie, on a vu également des moutons. »

Emilie : « Oui, ils sont juste à côté du feu, et du maréchal-ferrant. »

Les marchés seront ouverts jusqu’à Pâques sur les principales places de la capitale. Les touristes ont donc encore le temps de découvrir les fromages et la charcuterie tchèques, sans oublier les moutons.