Le Stabat Mater de Dvořák : le dépassement de la douleur

Jeudi et vendredi dernier, le Rudolfinum accueillait deux représentations du Stabat Mater d’Antonín Dvořák, interprété par la Philharmonie tchèque, sous la direction du chef d’orchestre autrichien Manfred Honeck. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette œuvre exceptionnelle.

Stabat Mater est une séquence, c’est-à-dire une pièce liturgique composée au XIIIe siècle par un moine italien franciscain, qui évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion du Christ. Le titre est en fait une abbréviation de « Stabat mater dolorosa », le premier vers, soit : « La Mère douloureuse se tenait debout... ». Elle a inspiré de nombreux compositeurs à travers les âges, dont l’un des plus connus est Pergolèse.

En 1875, Antonín Dvořák perd sa fille Josefa, nouveau-née. Il compose une première version de l'œuvre au printemps 1876, mais sans orchestration. Dvořák perd deux autres enfants à quelques semaines d'intervalle, en 1877. Il reprend le travail de l’année précédente et créée une version définitive pour orchestre.

Restant au plus près du texte médiéval, le Stabat Mater de Dvořák est une œuvre entièrement de sublimation du deuil, de dépassement de la douleur. Catharsis de la perte ultime, celle du fruit de sa chair, l’oeuvre rappelle aussi la foi profonde qui animait le compositeur tchèque.

L’œuvre fut exécutée pour la première fois à Prague la veille de Noël 1880, avant de connaître un succès immense à Londres en 1883. Première œuvre sacrée de Dvořák, c’est aussi une de ses créations qui le rendront célèbre en-dehors des frontières de son pays d’origine.