La carrière française d'Antonín Rejcha

Antonín Rejcha

"Il était avant tout un homme d'idées, propulsé par l'air du temps, un expérimentateur hésitant à passer lui-même au stade de l'application", dit le musicologue Guy Erismann à propos du compositeur tchèque Antonín Rejcha, universellement connu sous son nom partiellement francisé d'Anton Reicha. Ce Pragois ayant vécu entre 1770 et 1836 commence sa carrière à Hambourg et à Vienne, mais trouve finalement sa seconde patrie en France.

Antonín Rejcha
Installé à Paris, Antonín Rejcha devient professeur au Conservatoire où il enseigne notamment le contrepoint. Parmi ses élèves figurent non seulement Berlioz, Liszt, Gounod et Franck, mais aussi ses collègues, d'autres professeurs du Conservatoire, qui suivent ses leçons de contrepoint pour pouvoir enseigner selon sa méthode. Il est l'auteur d'opéras, de symphonies, de quatuors, de 26 quintettes à vent ainsi que de 36 fugues novatrices dédiées à Haydn. Guy Erismann cite dans son livre le poème français par lequel Rejcha a accompagné la dédicace de ses fugues au grand compositeur viennois :

« Souffre qu’un cœur reconnoissant

De ses foibles acords t’offre le juste hommage :

Il t’appartient et je suis ton ouvrage ;

Daigne sourire à mon zèle naissant.

Ainsi l’astre du jour achevant sa carrière

Sourit à sa propre lumière

Dont les flambeaux des nuits rayonnent à l’orient. »

La production d’Antonín Rejcha pour instruments à vent est extrêmement riche. Ses quintettes, quatuors et trios pour ces instruments sont remarquables par leur composition ingénieuse, leur esprit d’invention et leur poésie. C’est également le cas du Quintette pour instruments à vent en Mi bémol majeur.

Selon Guy Erismann, Antonín Rejcha a perçu ce que les instruments à vent, séparément ou en groupe, pouvaient apporter de richesse à l’orchestre. Nous en trouvons de nombreux exemples dans sa création. Son « Concerto concertant » est une composition qui marie la sonorité d’un orchestre à cordes avec le groupe de quatre solistes.

Antonín Rejcha excellait donc dans la musique instrumentale mais aussi dans les grandes formes symphoniques et vocales. On appréciait également beaucoup ses ouvrages théoriques dont « Cours de composition musicale (1818) » et « Traité de haute composition musicale (1824) ». Selon Berlioz, il écrivait "...tranquillement ce qui lui plaisait d'écrire, accumulant œuvres sur œuvres, toujours tranquille dans sa marche, sourd aux critiques, peu sensibles aux éloges." D’après Berlioz, Rejcha enseignait le contrepoint avec une clarté remarquable. « Il m’a beaucoup appris en peu de temps et en peu de mots, constate-t-il. Ce n’était ni un empirique, ni un esprit stationnaire ; il croyait au progrès dans certaines parties de l’art. »

Ce sont les compositions d’Antonin Rejcha pour instruments à vent qui sont sans doute la partie la plus vivante de l’ensemble de son œuvre et qui sont toujours jouées par les interprètes modernes. L’originalité de son style s’impose aussi dans le Quintette en La majeur.