Un dénouement heureux pour une jeune Ukrainienne en quête d’asile

Anastazia Hagen, photo: Alexey Ponomarev

Une histoire de demande d’asile pas comme les autres a fait récemment couler beaucoup d’encre dans les médias tchèques. Nous vous en présenterons les grandes lignes. Comme d’habitude, cette émission, en forme de revue de presse, ne manquera ni de thèmes politiques ni de sujets économiques.

Anastazia Hagen,  photo: Alexey Ponomarev
Elle s’appelle Anastazia Hagen et elle est Ukrainienne. Ces derniers temps, les photos de la belle jeune femme au passé d’actrice porno et de ses trois enfants en bas âge sont régulièrement apparues dans la presse nationale, accompagnant les informations sur ses démarches au sujet de sa demande d’octroi d’asile en République tchèque. Les autorités tchèques lui ayant d’abord catégoriquement répondu par la négative, un dénouement surprenant est pourtant survenu récemment, lorsque le ministère de l’Intérieur lui a finalement accordé un titre de séjour permanent. Le journal Mladá fronta Dnes a à ce sujet précise :

« Anastasia Hagen a quitté l’Ukraine il y a environ deux ans, au moment où la police locale l’a accusée de diffusion de contenu pornographique. Une accusation que la jeune femme réfute et considère être une manipulation sous forme de vengeance dirigée par des gens influents. La demande d’asile, elle l’avait déposée dès son arrivée en Tchéquie, au nom de ses enfants mineurs. Pendant plus d’un an, elle a fait tout pour convaincre les autorités tchèques que son éventuel retour en Ukraine signifierait pour elle et pour sa famille un réel danger. En vain. »

Dans les pages du quotidien Lidové noviny, Petra Prochazková a attentivement suivi l’affaire et apporté quelques détails concernant la vie de la jeune femme dont le fils cadet est né en République tchèque. Nous citons :

« L’histoire d’Anastazia a commencé à s’écrire dans les années 1990 en Crimée. Agée de 15 ans, elle y a fait la connaissance de son futur époux et s’initie à la pornographie, des films qu’elle a tournés, entre autres, en Tchéquie. Et ce sera finalement dans ce pays qu’elle se réfugie pour échapper à l’accusation et au risque de se voir retirer par la police ukrainienne ses enfants... Cet été encore, la situation d’Anastazia semblait désespérée. Son mari ne disposant que d’une permission de séjour touristique, elle a pu survivre grâce à l’aide de citoyens tchèques et de dons. Tout a changé pour elle le 2 septembre, jour de la rentrée scolaire pour son fils aîné, lorsqu’elle a reçu un coup de téléphone lui annonçant l’heureuse nouvelle. »

« Ces dix années de malheur son désormais finies, je recommence à zéro », a-t-elle commenté pour le journal, visiblement émue... Le séjour permanent garantit aux ressortissants étrangers une grande partie des droits dont disposent les citoyens de la République tchèque. Au bout de cinq ans, ceux-ci peuvent déposer une demande en vue d’obtenir la nationalité tchèque.


Photo: Archives de Radio Prague
Dans nos précédents programmes, nous avons parlé de l’émiettement de la scène politique tchèque et, notamment, de son aile droite. Sur le serveur Respekt.cz, Martin Šimečka situe ce phénomène dans le contexte de toute l’Europe centrale. Estimant qu’il existe un certain modèle commun d’évolution politique dans ces pays, il affirme :

« Un des traits communs, c’est que les forces politiques de la transformation, qu’elles soient de droite ou de gauche, ont perdu leur souffle au fur et à mesure. Elles disparaissent ou luttent tout simplement pour survivre... C’est le cas de la droite slovaque qui a été, après la chute de Vladimir Mečiar, en 1998, le moteur de la transformation. Depuis plusieurs années, elle est dans un état minable qui semble prédestiner le futur sort de la droite tchèque. On voit maintenant en Slovaquie au moins cinq partis de droite qui rivalisent et dont chacun se réfère ‘aux racines’ et à la gloire passée ».

L’auteur de l’article illustre cette évolution également sur l’exemple de la situation en Hongrie et en Pologne. Tandis que dans le premier cas, c’est la gauche et les libéraux qui se sont selon lui essouflés, en Pologne, cela a concerné à tour de rôle toute une gamme de partis. Il note plus loin :

« Avec le recul, on peut constater que les partis politiques qui ont participé à la transformation de ces pays et qui incarnaient à leurs propres yeux et aux yeux des électeurs le passage du communisme à la démocratie et à l’économie de marché, n’ont pas su supporter le poids du pouvoir. Faute de leurs faibles structures, ils ont finis par se disloquer en de petits partis ou par disparaître. En revanche, les partis qui ont longtemps vécu dans l’opposition ou qui ne faisaient que naître, accèdent aujourd’hui au pouvoir et sont beaucoup plus forts et unis que leurs prédécesseurs, acteurs de la transformation... Telle est d’ailleurs l’histoire de Miloš Zeman, ainsi que celle du Parti social-démocrate (ČSSD). »

C’est la Pologne où l’éclatement des élites de la transformation a été plus rapide qu’ailleurs, qui donne à l’auteur de cette réflexion un certain espoir. D’après lui, la vie politique y semble aujourd’hui relativement stabilisée. De ce fait, elle pourrait servir d’inspiration au reste de l’Europe centrale.


Photo: Barbora Kmentová
A l’heure actuelle, les ressortissants étrangers qui avaient acheté des maisons et des appartements en République tchèque, commencent à les vendre, afin de récupérer ne serait-ce qu’une partie de leur investissement. Le principal motif d’un tel comportement est simple : la baisse du prix de l’immobilier tchèque. De surcroît, il s’avère qu’il est de plus en plus difficile de les louer à un prix raisonnable. Dans un article consacré à ce sujet, le quotidien Lidové noviny rappele que le plus grand boom immobilier est survenu en Tchéquie dans les années 2006 – 2008, donc avant la crise. Depuis, les prix des appartements ont baissé en moyenne d’environ 10%. Il note également :

« Des statistiques précises à ce sujet faisant défaut, on peut tout de même constater que l’intérêt des propriétaires étrangers s’est principalement porté vers certains arrondissement de Prague, ainsi que la ville de Karlovy Vary ou encore des localités autour de la réserve d’eau de Lipno. Russes, Italiens, Canadiens, Britanniques ou Allemands – ils sont aujourd’hui des milliers à chercher à s’en débarrasser. »

Désormais, ce sont les petits appartements, d’une surface de 40 à 60 m2, qui représentent, selon les experts immobiliers, un bon investissement. Le journal constate que l’on assiste, outre le départ d’investisseurs et propriétaires traditionnels, à l’intérêt croissant d’une nouvelle clientèle étrangère, qui est en premier lieu celle venue de Chine.


Krzysztof Penderecki
Les pages culturelles des journaux ont réservé une grande place à un grand événement culturel - la présentation à Prague, en première mondiale, les 10 et 11 septembre, de la composition Adagio de la 3ème symphonie – adaptation pour cordes du très connu compositeur polonais Krzysztof Penderecki. Un événement honorant le 80ème anniversaire du compositeur et s’inscrivant dans des festivités qui s’étendent sur toute la saison d’automne. A cette occasion, un article publié sur le serveur aktuálně.cz a rappelé certaines des nombreuses précédentes présences du compositeur polonais à Prague.

« Penderecki a souvent visité Prague. Il y a cinq ans, il a par exemple présenté dans le cadre du festival du Printemps de Prague son Concerto grosse. Il a aussi dirigé à Prague sa 3ème symphonie, tandis que la Philharmonie tchèque a exécuté sous sa baguette un concert composé de ses oeuvres et d’oeuvres de Beethoven. Une des précédentes éditions du Printemps de Prague a également pu présenter son opéra le Masque noir. »

Le serveur rappelle également que Krzyzstof Penderecki est deux fois lauréat du prix américain Grammy et qu’il est l’auteur de la musique du célèbre film Katyn du réalisateur Andrzej Wajda sur le massacre, en 1940, de plusieurs milliers d’officiers polonais par les Soviétiques, film qui a été projeté avec succès, aussi, en République tchèque.