Un accueil chaleureux, pour Anne Golon, à Prague

L'écrivaine française Anne Golon est venue à Prague pour assister à la présentation d'une comédie musicale selon sa célèbre saga Angélique et, aussi, pour soutenir par sa présence la sortie du premier tome d'une version intégrale et refaite de son ouvrage. On écoutera la confession de sa fille, Nadia Goloubinoff, éditrice, qui l'accompagnait.

Angélique, ses péripéties, ses amours et ses aventures ont toujours beaucoup d'attraits pour les lecteurs tchèques. L'auteur de la série de romans consacrés à la belle marquise, Anne Golon, 86 ans, a pu s'en convaincre, vendredi dernier, à l'occasion de la publication de la traduction en tchèque de son premier tome. Elle a dit à cette occasion avoir aimé la comédie musicale Angélique de Michal David qu'elle a pu voir sur la scène du théâtre Broadway, lors de son séjour pragois. Elle déplore en revanche la série de films qui a été tournée dans les années soixante selon ses romans et qui pourtant ont été très populaires auprès d'un certain public tchèque. Nadia Goloubinoff explique pourquoi.

« Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, c'est un film agréable à voir et, finalement, pourquoi pas. Mais quand on a lu le livre, on veut autre chose. Les femmes et même les hommes qui ont aujourd'hui des rapports plus normaux qu'auparavant avec les femmes, qui aiment les femmes intelligentes, les femmes qui ont de l'esprit, et non pas tellement une femme capricieuse qui dit oui et après qui dit non, il y en a comme ça, mais ce n'est pas la majorité des femmes. Et Angélique est une femme normale. Ce n'est pas bien sûr une chercheuse en biologie, mais elle n'a rien à voir avec le personnage du film. La femme dans le film est jolie, mais capricieuse, qui se débat comme elle peut, mais qui a des crise de nerfs, qui tue.

Robert Hossein et Michèle Mercier
Tandis que dans le livre, elle tue seulement pour sauver ses enfants. Vous voyez, il y a beaucoup de différence dans le caractère entre le film et le livre. Et puis, l'histoire a été beaucoup changée dans le film. Angélique retrouve Peyrac qui revient deux fois, trois fois, on ne comprend rien, cela fait un peu kitch et ridicule. Mais dans le livre, c'est comme dans la vie, c'est comme beaucoup d'histoires pendant les guerres : les femmes qui croient que leur mari est mort et puis, des années après, il revient. Ça arrive, ce n'est pas une imagination complètement stupide, et dans l'histoire d'Angélique, c'est comme ça. Elle croit qu'il est mort et puis, des années plus tard, elle découvre qu'il n'a pas été tué et elle va à sa recherche. Le film a fait beaucoup de mal au livre, parce que cela a donné une image ridicule et populaire, mais dans le mauvais sens. Si j'avais vu le film je n'aurais jamais eu envie de lire les livres de ces films ».

Hana Mullerova est traductrice du premier tome d'Angélique. Son travail n'a pas été sans difficultés.

« Pour moi, le plus difficile a été de distinguer si les personnages étaient réels ou fictifs. J'avais à chercher si vraiment une personne historique a servi de modèle à un personnage du film. Il s'agissait en quelque sorte de recherches historiques. D'autant que Mme Anne Golon est très érudite en ce qui concerne l'histoire, la géographie et les traditions et je ne voulais pas gâcher son livre. »

Vous aimez l'histoire d'Angélique ?

« Angélique est sympa. Pourquoi pas alors. Mais pour moi, c'est une histoire un peu trop romantique ».

Vous avez aimé le film ?

« Le film est encore plus romantique que le livre. Alors je préfère le livre.»

En lançant une nouvelle version intégrale d'Angélique, Nadia Goulibonff ne craint-elle pas un certain conservatisme des lecteurs ?

« On a la réaction de beaucoup de lecteurs quand ils vont aux salons. Ils sont contents de voir Anne Golon et ils disent : non, je les ai déjà et ils ont un geste de recul et ils ne veulent pas les nouveaux. Mais on leur dit : vous allez louper, vous allez manquer, parce que la fin, vous n'aller pas comprendre bien ce qui se passe. Il y a un certain suspens, une certaine issue de l'histoire qui d'ailleurs n'est pas toutes les cavalcades que l'on peut imaginer, c'est plutôt quelque chose de très historique et mystique. Angélique a plusieurs couches, plusieurs tiroirs de suspens, plusieurs niveaux de mystères comme dans notre vie... Une lectrice a écrit sur le web : j'ai commencé les premières pages et j'avoue que je suis rentrée comme quand on rentre dans une maison où l'on a déménagé avec méfiance ne sachant pas ce que l'on allait trouver. Elle a dit - j'ai commencé une première, une deuxième page et puis après, le bonheur! «