Lubomír Zaorálek appelé à « sauver » les sociaux-démocrates

Lubomír Zaorálek, photo: Filip Jandourek, ČRo

Le nouveau leader du parti social-démocrate (ČSSD) pour la campagne électorale Lubomír Zaorálek réussira-t-il à insuffler à ce parti un nouvel élan pour empêcher sa débâcle aux prochaines élections législatives, annoncée par les sondages sur les intentions de vote ? La question a suscité l’intérêt des médias tchèques, et elle figure donc en bonne place dans cette nouvelle revue de presse. Le mobbing ou le harcèlement moral en Tchéquie, les nouvelles démarches en vue de la promotion de la littérature tchèque à l’étranger, les résultats d’une mini-enquête au sujet de l’héroïsme d’aujourd’hui, le succès de l’ensemble tchèque Collegium 1704 à Versailles : tels seront les autres thèmes au menu de cette émission hebdomadaire.

Lubomír Zaorálek,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek, qui a remplacé Bohuslav Sobotka au poste de leader pour la campagne électorale du Parti social-démocrate (ČSSD), va avoir la tâche difficile de « sauver » cette formation politique, la plus importante de la coalition gouvernementale, et de la faire sortir du marasme dans lequel elle semble avoir plongé. A près de quatre mois des élections législatives, les sondages ne donnent effectivement qu’entre 12% et 14% des intentions de vote à ce parti, comparé aux près de 30 % pour le mouvement ANO d’Andrej Babiš, l’ancien ministre des Finances. L’hebdomadaire Respekt a récemment proposé un portrait détaillé de Lubomír Zaorálek et un rappel des vingt années de son action au sein du ČSSD, mettant en relief ses talents d’orateur, son entrain et sa connaissance des langues. L’article remarque également que, alors qu’il soutenait clairement une orientation politique « proeuropéenne » au début de ses fonctions à la tête de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek est aujourd’hui davantage critique sur l’agenda européen. Le quotidien Hospodářské noviny, quant à lui, a publié un entretien avec le ministre. Il lui a été demandé entre autres de s’exprimer sur les menaces qui pourraient guetter la démocratie en Tchéquie et en Europe. Il répond :

Mondialisation,  photo : stokpic,  Pixabay / CC0 Public Domain
« En ce qui concerne le caractère de la société tchèque, je pense qu’il existe aussi de mauvais scénarios. Notre devoir est d’empêcher leur réalisation. Nous sommes confrontés à la troisième vague de la mondialisation, la deuxième vague qui était industrielle ayant débouché sur le fascisme et le communisme. Aujourd’hui, les gens se sentent de nouveau menacés par les grands processus de mondialisation qui alimentent leurs sentiments d’incertitude et de peur de l’avenir. Ils ne croient pas que les hommes politiques soient de leur côté, ce qui est très dangereux. Tout le monde dit qu’il faut trouver une bonne solution, sinon le sentiment de frustration s’approfondira encore et la crédibilité de la représentation politique diminuera. Dans une telle situation, la démocratie risquerait réellement d’être menacée. »

Le harcèlement moral au cœur de l’intérêt de sociologues

Photo : ČT24
Un Tchèque sur cinq dit avoir connu au travail une forme de mobbing, c’est-à-dire de harcèlement moral. C’est du moins ce que révèlent les résultats d’un sondage effectué par l’agence GfK. L’éditorial du quotidien Lidové noviny de ce mardi, qui a abordé ce thème, précise :

« Il existe des exemples qui montrent que même une forme de mobbing peu visible et furtive peut avoir des retombées graves sinon tragiques. Selon le sondage concerné, ce sont les femmes entre 40 et 49 ans qui sont pris le plus souvent pour cibles. Se défendre contre de telles pratiques demeure assez difficile en raison de l’absence de dispositions législatives adaptées. Ainsi, même si certains conflits liés au mobbing se voient traduits devant la justice, la procédure juridique apparaît comme une solution ultime, car elle est coûteuse, s’étend dans la plupart des cas sur une longue durée et n’apporte que des résultats peu convaincants. »

Photo illustrative: Université Charles
L’éditorial du quotidien Lidové noviny souligne le rôle important que peuvent jouer les syndicats dans la résolution de ce problème. Il constate cependant que même en cas d’interventions de ces derniers ou d’autres institutions, une amélioration de la situation des employés qui sont psychiquement et moralement harcelés n’est pas évidente.

Pour mieux promouvoir la littérature tchèque à l’étranger

Le ministère tchèque de la Culture va désormais couvrir jusqu’à 70% du coût lié à la publication d’un livre tchèque traduit dans une langue étrangère. Une initiative prise en vue de la Foire du livre qui se déroulera en 2019 à Leipzig et dont la République tchèque sera le principal invité. Le journal internet Deník Referendum rapporte à ce sujet :

Tereza Brdečková,  photo : Magdalena Hrozinková
« Il y a près de deux cents titres tchèques qui sont chaque année traduits dans une langue étrangère. La constitution en février dernier du Centre littéraire tchèque, dont le but consiste à faire valoir la création d’auteurs locaux à l’échelle internationale est un autre signe marquant de l’attention vouée à ce domaine. Le programme de subventions lancé par le ministère concerne les éditeurs, les traducteurs ou les agents littéraires. Si la littérature contemporaine, représentée par des noms comme Miloš Urban, Tereza Brdečková ou Petra Soukupová, est privilégiée, des titres classiques de la plume d’auteurs comme Bohumil Hrabal, dont trois livres sont actuellement traduits en chinois, ou Vladislav Vančura, demeurent également prisés. La littérature tchèque est la mieux accueillie dans des pays géographiquement proches, dont en premier lieu la Pologne, l’Allemagne et l’Autriche. De même, elle se vend bien dans les Balkans. En revanche, il n’y a que très peu d’œuvres littéraires tchèques qui arrivent à s’imposer sur le marché anglo-américain. »

Le livre tchèque le plus traduit, c’est Le Brave Soldat Chveïk (Dobrý voják Švejk), un roman satirique de Jaroslav Hašek du début des années 1920.

Qui sont les héros d’aujourd’hui ?

Věra Roubalová Kostlánová,  photo : Milena Štráfeldová
Quatre hommes et femmes d’un certain âge, dont trois rescapés des camps de concentration, ont été interrogés par le magazine Respekt pour dire quels sont à leurs yeux les héros contemporains. Evitant dans la plupart des cas de donner un nom précis, elles constatent que des personnalités courageuses et agissant de façon désintéressée au profit des autres existent, mais à l’écart des feux de projecteurs. Ils insistent à la fois sur la nécessité de voir apparaître en Tchéquie une personnalité qui pourrait servir de modèle à suivre. L’activiste et ancienne dissidente, Věra Roubalová Kostlánová, déclare pour sa part :

« A l’heure actuelle, ce sont les gens qui manifestent ouvertement et durablement leur solidarité avec les réfugiés et qui leur offrent leur aide qui font preuve de courage et de détermination. Le tout en dépit de l’hystérie ‘anti-migratoire’ qui s’est emparée d’une partie de la société, de la grande partie des représentants politiques et des médias. J’apprécie également les gens qui accordent leur soutien aux nécessiteux chez nous, notamment dans des localités exclues, et à l’étranger. J’admire également tous ceux qui déploient leurs efforts inlassables en vue du développement de la société civique, en faveur de l’Europe et du respect des principes éthiques qui demeurent toujours en vigueur. »

L’ensemble tchèque Collegium 1704 ovationné à Versailles

Collegium 1704 | Photo: Luděk Sojka,  Collegium 1704
C’est avec un grand succès que l’ensemble tchèque Collegium 1704 a présenté dimanche dernier l’opéra Arsilda d’Antonio Vivaldi à Versailles. L’auteur d’un article sur cet événement et mis en ligne sur le site ihned.cz écrit les choses suivantes :

« La création de l’opéra Arsilda, qui marque son retour sur la scène européenne et qui est signée du réalisateur chevronné David Radok, est l’œuvre de l’ensemble tchèque Collegium 1704, composés de jeunes artistes autour de la trentaine et de la quarantaine et dirigé par le chef d’orchestre Václav Luks. Le nom de l’ensemble qui se spécialise dans la musique baroque se réfère à l’œuvre du grand compositeur tchèque Jan Dismas Zelenka. Après une douzaine de représentations dans les différentes métropoles européennes, le spectacle a été finalement présenté à deux reprises à Versailles, le lieu culte de la musique baroque. Le choix de l’opéra Arsilda, l’un des premiers drames musicaux que Vivaldi ait écrit, s’est avéré non seulement comme très ambitieux, mais également comme particulièrement heureux. Le public, enchanté, a adressé ses ‘bravo’ non seulement aux musiciens et aux interprètes, mais aussi aux danseurs et danseuses. On peut espérer que la mise en scène réalisée par l’ensemble Collegium 1704 confirme pour de bon le retour d’Arsilda sur les scènes d’opéra. »

L’auteur de l’article publié sur le site ihned.cz estime en même temps qu’il y a lieu de se poser une question. Celle de savoir pourquoi la présentation de l’opéra Arsilda qui s’est déroulée sur différentes scènes étrangères, par exemple à Bratislava, a évité la Tchéquie.