Les sans-abris au coeur de l’intérêt de la mairie de Prague

Photo: Kristýna Maková

Une des dernières éditions de l’hebdomadaire Respekt s’est penchée sur le phénomène des sans-abris à Prague. Nous allons vous en présenter les grandes lignes. Dans la presse de ces derniers jours, nous avons également retenu quelques autres informations intéressantes que nous aurons le plaisir de vous faire découvrir.

Photo: Kristýna Maková
Se référant aux dernières évaluations de travailleurs sociaux, l’hebdomadaire Respekt indique qu’il y aurait à l’heure actuelle dans la capitale tchèque près de six milles sans-abris. Et comme le bataillon de ces personnes sans domicile ne cesse de s’élargir, on peut s’attendre à ce que d’ici l’an 2020, Prague accueille quelque treize mille SDF ce qui correspond à la taille d’une petite ville tchèque. Prague devra faire face à ce véritable problème social. L’auteur de l’article explique les raisons de cette évolution :

« Aux dires de sociologues, la raison principale de cette tendance serait la récession économique, car le chômage et le manque d’emploi touchent plus lourdement les personnes les plus fragilisées, soit les jeunes gens qui quittent le foyer de leurs parents soit les personnes sortant de prison... C’est aussi l’attrait de Prague qui joue dans ce sens un grand rôle. La ville la plus riche du pays offre bien sûr aux gens dans la rue plus de chance que par exemple les villes situées dans le nord de la Bohême et de la Moravie, où le chômage est particulièrement élevé. »

L’important, c’est aussi le réseau de services sociaux qui existe dans la capitale. « Tant qu’on ne le veut pas, impossible de mourir de faim à Prague », prétend le directeur de l’un de ces centres. Il indique également que la mairie a présenté toute sorte de concepts modernes en vue de faire face au problème des sans-abris, tels que la mise en place de toute une série de nouveaux petits centres sociaux pouvant offrir aux nécessiteux des services hygiéniques, sanitaires et sociaux, ainsi qu’une approche personnelle. Le problème, c’est que les fonds nécessaires font défaut. Le nouveau maire de Prague, le jeune Tomáš Hudeček dit à ce sujet dans les pages du journal :

Photo: Archives de DPP
« Il serait naïf de croire que le problème des SDF puisse être résolu. La seule chose que l’on peut faire, c’est de l’atténuer. Or, les Pragois qui habitent la ville la plus importante et la plus riche du pays et qui en tirent profit, doivent assumer la responsabilité des phénomènes pathologiques qu’une telle ville apporte. Cela coûtera plus d’argent, mais sans cela, rien ne pourra s’améliorer et changer. »

Le maire Hudeček croit que les Pragois accepteront tant bien que mal une nouvelle politique financière de la ville en faveur des sans-abris. L’un de ses buts principaux, par le biais du système de nombreux centres de jour, est de faire diminuer le nombre de mendiants dans la rue et surtout d’éliminer la présence très fréquente de sans-abris, « mal lavés et puants », dans les transports en commun. Par ailleurs, ce dernier phénomène constitue pour lui « un problème brûlant ».


« Les villes tchèques commencent à se désagréger en quartiers riches et en quartiers pauvres. Le fossé entre les uns et les autres devient de plus en plus profond. » C’est ce que signale le journaliste Petr Holub dans un article publié sur le serveur aktuálně.cz. Cette situation se serait manifestée de façon très flagrante lors des récentes émeutes dans la ville de České Budějovice qui se sont déroulées dans un quartier populaire de la ville, où les perspectives sont rares pour les personnes issues de la minorité rom comme pour les autres. Il explique :

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Mais le clivage entre les arrondissements pauvres et les arrondissements riches a tendance à s’approfondir dans toutes les villes tchèques. Il y a donc lieu de s’attendre à ce que des conflits puissent éclater également ailleurs. »

Plus loin, l’auteur de l’article rappelle qu’une récente étude gouvernementale qui s’est penchée sur la stratégie du développement régional dans les années 2014-2020 a constaté un écart économique croissant entre les grandes villes et la campagne. Un écart que les retombées de la crise risquent d’accroître encore davantage. Il ajoute :

« L’étude a cependant omis l’écart qui existe au sein des grandes villes elles-mêmes. Et pourtant, une vingtaine de villes tchèques réunissent en tout un tiers de l’ensemble de la population tchèque. C’est donc de leur satisfaction ou de leurs frustrations que dépendront dans une grande mesure les résultats des prochaines élections ».

Par ailleurs, une analyse des résultats électoraux des sept derniers années confirme que les différences sociales se sont traduites de façon très claire tant aux élections législatives que lors de l’élection présidentielle.


« Pourquoi les Tchèques sont-ils tellement enclins à grogner ?», s’interroge sur le serveur ihned.cz l’ancien député Josef Kotrba, financier de la société Deloitte RT et de préciser :

« A condition d’accepter l’existence du caractère national, on est censé constater que la volonté de prendre des positions négatives est un des traits caractéristiques de la mentalité tchèque. »

Photo: Archives de Radio Prague
Il s’appuie sur un récent sondage effectué par l’agence Eurobaromètre dans l’ensemble des Etats de l’Union européenne et dont les résultats ont été récemment publiés, en constatant :

« C’est avec une certaine fierté que les serveurs tchèques ont annonçé que les Tchèques sont les plus grands eurosceptiques à l’échelle de l’Union, à l’exception des pays les plus touchés par la crise, comme la Grèce, Chypre, le Portugal et la Slovénie. Nous portons également un regard très sceptique sur l’avenir. Le sondage européen a effectivement révélé que les Tchèques sont très pessimistes en ce qui concerne les prochaines perspectives économiques, se faisant devancés dans leur pessimisme seulement par les quatre pays mentionnés ci-haut. »

Et Josef Kotrba de conclure :

« Mais point n’est besoin de se référer seulement à des sondages d’opinion. Travaillant dans une société internationale, je peux faire une comparaison internationale en y ajoutant ma propre observation. Et je vois que les Tchèques participent toujours avec plus d’hésitation et de scepticime à de nouvelles activités ou à de nouveaux projets que les autres... Il s’agit d’une attitude qui ne sert à rien, d’autant moins que la météo a aujourd’hui tout pour rendre les gens de bonne humeur. »


« La Tchéquie fait partie de l’élite polaire », titrait récemment le quotidien Lidové noviny dans un article dans lequel nous avons pu lire :

La station Mendel en Antarctique,  photo: Kamil Láska,  Université Masaryk de Brno
« En vertu du statut consultatif qu’elle vient d’obtenir, la République tchèque a désormais le pouvoir, en commun avec 28 autres Etats, de participer aux décisions concernant les activités qui se déroulent et qui se dérouleront en Antarctique. Seuls les Etats qui y réalisent d’importants travaux scientifiques et de recherche ont le droit de disposer de ce statut. L’enjeu sera, par exemple, d’y empêcher l’implantation d’espèces non locales, par des touristes ou même par des équipes scientifiques, et de faire front à d’autres menaces qui guettent ce continent. »

Pour les scientifiques, il s’agit d’une reconnaissance symbolique, car depuis déjà 2006, une station polaire tchèque est implantée sur ce continent. Elle accueille chaque année à tour de rôle deux dizaines d’experts – microbiologistes, climatologues, parasitologues, géologues et d’autres scientifiques. Le journal précise :

« L’idée d’édifier cette station a vu le jour dans les années 1990 à l’Université Masaryk de Brno. Il a fallu sept années pour la mettre en valeur. A l’heure actuelle, le complexe de la station d’une valeur de 60 millions de couronnes fonctionne seulement durant l’été polaire et est principalement nourri alimentée grâce à des énergies renouvelables. Sa longévité devrait être au moins d’une trentaine d’années. »