Les formations politiques émergeantes font parler d’elles

Photo: CTK

La presse évalue ce qu’apporteront les élections législatives anticipées des 26 et 27 octobre prochains. Nous vous présenterons quelques extraits consacrés à ce sujet. Les 29 et 30 septembre, 75 ans se sont écoulés depuis la signature des Accords de Munich. L’occasion pour les journaux de rappeler les questions que cet événement ne cesse de soulever. Le dernier film de Jiří Menzel, réalisateur tchèque oscarisé, essuie de lourdes critiques dans le pays. Tels sont les principaux sujets qui ont retenu notre attention dans la presse de cette semaine.

Un remaniement de la scène politique à attendre ?

Photo: CTK
« La fin du bon vieux temps » : tel est le titre d’un commentaire publié dans le dernier numéro de Respekt. L’hebdomadaire note que la Tchéquie peut s’attendre, dans quelques semaines, à d’importants changements. Son auteur précise :

« Tout indique que les prochaines élections législatives vont remanier de fond en comble la scène politique. Tandis que les grands partis établis, notamment ceux de droite, perdent les sympathies des électeurs, les formations émergeantes cherchent à prendre leur place. Celles-ci ont un trait en commun : elles promettent aux électeurs déçus un grand changement. A en croire les sondages, certaines de ces formations peuvent effectivement réussir et entrer au Parlement ».

En se référant aux résultats d’une récente étude sociologique, le quotidien Lidové noviny remarque, lui, dans son édition de mardi que la droite aurait perdu un million d’électeurs potentiels et qu’un triomphe de la gauche est très probable... Dans un commentaire publié sur le site aktualne.cz, Martin Fendrych constate pour sa part qu’aux yeux de beaucoup de gens, la démocratie ne signifie pas grand-chose. Déçus par leurs représentants politiques, c’est tout le système qui pâtit de leur amertume. Il explique :

Photo: CTK
« Plutôt qu’une démocratie parlementaire, ils préfèrent des leaders forts et autoritaires. Il s’agit d’une tendance très marquante à la veille de ces élections... D’un autre côté, plusieurs groupes et initiatives civiques qui entendent développer et bâtir des principes démocratiques, ont également fait leur apparition ces derniers temps. Ce côté civique est précisément ce dont la société a besoin. La démocratie prend tout son sens uniquement lorsque les citoyens la souhaitent ».

Toujours sur aktualne.cz, Karel Hvížďala observe également que les nouvelles formations politiques misent avant tout sur la personnalité de leurs leaders, car elles ne peuvent pas s’appuyer sur une importante base de membres. En outre, elles ne présentent pas un programme électoral transparent. C’est pour lui une des caractéristiques frappantes du paysage politique à trois semaines des prochaines élections.

75 ans se sont écoulés depuis la signature des Accords de Munich

Photo: Archives de Radio Prague
« Aurions-nous dû nous défendre ? » : selon l’historien Ivo Cerman, il s’agit là d’une question soulevée chaque année en Tchéquie à l’occasion de l’anniversaire des Accords de Munich. Signés par l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie, ces accords ont scellé, en 1938, la fin de la Tchécoslovaquie comme Etat indépendant. Dans Lidové noviny, nous avons également pu lire :

« Cette question nous rappelle chaque fois un traumatisme sans issue, car nous réalisons qu’il n’existe pas de bonne réponse. Si nous nous étions défendus, nous aurions gardé notre caractère, mais le pays aurait vécu une catastrophe. La décision de céder ne nous a cependant pas laissés dans une bonne condition. Depuis, la démocratie tchèque se porte mal et la société tchèque semble avoir perdu la volonté de déployer dans ce sens les moindres efforts. Comme si notre culture politique était hantée par un syndrome de Munich... »

L’auteur de l’article estime finalement que seule une bonne formation en éthique, en droit et en histoire sera à même de permettre à la société tchèque de surmonter ce syndrome... L’éditorial de la revue Respekt évoque lui aussi le 75e anniversaire de ces Accords de Munich. Il note, entre autres, que ce n’est pas seulement l’absence des trois millions d’électeurs allemands expulsés après la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi le sentiment de déception à l’égard des alliés occidentaux, qui ont mené les Tchèques à voter pour les communistes en 1946. « Le culte de la trahison occidentale, cultivé soigneusement par le régime communiste, demeure fort et perdure encore aujourd’hui », conlut l’auteur de l’éditorial.

La solidarité – une qualité qui est propre aux Tchèques

Šimon Pánek,  photo: Štěpánka Budková
Le quotidien Mladá fronta Dnes a publié une interview avec Šimon Pánek, directeur de People in Need (Člověk v tísni), la plus importante ONG humanitaire tchèque, pour en savoir plus sur l’évolution de la solidarité en Tchéquie ces vingt dernières années. L’image qu’il présente est assez positive. Nous citons :

« Pour ce qui est des crises humanitaires, la société tchèque a toujours été solidaire. En tenant compte du pouvoir d’achat, la situation est comparable à celle des pays occidentaux. Nous pouvons constater que les gens sont mieux informés sur les catastrophes et sur les problèmes de développement. A l’heure actuelle, nous avons près de 14 000 donateurs réguliers. Les jeunes préfèrent aider les pays africains, un peu moins les pays des Balkans ou de l’ex-Union soviétique vers lesquels notre solidarité était dirigée au début des années 1990. »

Concernant le mécénat, les premières hirondelles apparaissent également. Il s’agit de gens qui ont récupéré leurs biens et richesses dans le cadre des restitutions qui ont suivi la chute du régime communiste ou encore de ceux qui, après avoir réussi dans les affaires, ont désormais envie de s’engager et d’aider. L’ONG, qui déploie ses activités dans une cinquantaine de pays, met sur pied aussi des programmes locaux. Šimon Pánek précise :

« En Tchéquie, nous avons un important programme qui s’appelle ‘Donne deux heures par semaine’ qui invite des bénévoles à consacrer un peu de leur temps aux enfants vivant dans des familles défavorisées. Le but est de permettre à ces enfants d’aller jusqu’au bout de leur scolarité. »

Le nouveau film de Jiří Menzel n’a pas séduit la critique

A peine sorti en salle, le nouveau film de Jiří Menzel « Donšajni » (Les Don Juan) essuie d’assez lourdes critiques dans la presse. Leurs auteurs considèrent que cette comédie qui a pour cadre une ville de province et dont le protagoniste est un metteur en scène d’opéra, est loin d’atteindre les qualités des précédents films du célèbre réalisateur tchèque. Rappelons que Jiří Menzel, aujourd’hui âgé de 75 ans, a obtenu, en 1968, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour ‘Les trains étroitement surveillés’ et que plusieurs autres films à succès ont fait sa gloire. Respect oblige, dans le journal Lidové noviny, Jana Machalická a tout simplement remarqué :

« De toutes les professions artistiques, la mise en scène semble la plus difficile et la moins gratifiante. A un certain âge, l’invention disparaît et le talent s’émiette. Par ailleurs, on connaît toute une pléïade de grandes figures, depuis Bergmann et Antonioni jusqu’à Brook, dont les œuvres tardives ne sont qu’un faible reflet de leurs qualités d’autrefois. Au début des années 1990, Jiří Menzel a tourné deux bons films. Après une pause qui a duré treize ans, il en a réalisé deux autres qu’il n’aurait jamais dû faire. Mais la faute n’incombe à personne, même pas à lui. C’est simple : la mise en scène est une profession cruelle. »

Jiří Menzel s’est confié de son côté dans l’avant-dernier supplément du quotidien Mladá fronta Dnes. L’occasion pour lui d’assurer les lecteurs que son film a remporté tout récemment un joli succès au festival du film de Montréal dont il a d’ailleurs présidé le jury. En ce qui concerne le ton sévère des critiques locales, il affirme :

« Jan Hřebejk et Jan Svěrák sont deux autres réalisateurs tchèques qui tournent des films proches des miens, des films qui ont toujours un peu d’humour, qui ne sont pas forcément très sérieux ou encore pathétiques. Des films comme ceux-là, on ne les considère pas comme quelque chose d’extraordinaire chez nous. A l’étranger, en revanche, les spectateurs ont tendance à les apprécier. A Montréal, il a fallu ajouter deux projections supplémentaires de ´Donsajni´ aux trois initialement prévues. »