L’agriculture tchèque face à l’importation de produits alimentaires

Photo: Archives de Radio Prague

Quels sont les principaux problèmes de l’agriculture tchèque ? D’où viennent les craintes qui sévissent actuellement au sein de la société tchèque ? Pourquoi l’éventualité de déplacer le siège de la présidence, qui se trouve actuellement dans les locaux du Château de Prague, est-elle de nouveau envisagée ? Des réponses à ces questions sont proposées dans cette nouvelle revue de presse qui consacrera quelques mots aussi à la fréquente réapparition des oreillons et ainsi qu’au rêve pour l’heure inassouvi d’organiser les Jeux olympiques à Prague.

Photo: Archives de Radio Prague
Le supplément Česká pozice de l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny constate que l’agriculture et l’industrie alimentaire tchèques ne tirent qu’un très faible profit du marché européen commun. Le texte qui se penche sur ce problème explique pourquoi :

« Tandis que les pays fondateurs de l’Union européenne cherchent à maintenir l’emploi de leurs fermiers et acteurs du secteur alimentaire en soutenant les exportations via leur budget, nos gouvernements soutiennent la thèse selon laquelle tout ce que l’on n’arrive pas à produire pourra être importé. Or, même si la République tchèque possède des conditions climatiques optimales pour l’ensemble des productions animales et végétales, on ne trouve pas parmi les pays membres de l’Union, sauf la Slovaquie, un autre pays qui ait atteint en un laps de temps aussi court une telle dépendance à l’importation de produits alimentaires. »

L’auteur de l’article qui dirige une organisation non gouvernementale en charge des initiatives agricoles et alimentaires énumère plusieurs causes de cette situation qui est, d’après ses propres mots, alarmante. Il s’agit en premier lieu de la mauvaise gestion du soutien qui est accordé à la production agricole et qui est aussi, comparé aux autres pays européens, insuffisant. Pour cette raison, les agriculteurs locaux ne sont pas capables d’être concurrentiels sur le marché. L’auteur identifie une autre cause à ce problème :

« Nous avons désiré avoir des chaînes de la grande distribution, sans pour autant nous interroger sur l’impact qu’elles auront sur l’agriculture et l’industrie alimentaire tchèque. L’offre riche en marchandises nous a fait oublier et ignorer les impératifs de la qualité, ainsi que les exigences de la production locale. Il y a alors lieu d’estimer que ce sont ces grands magasins qui constituent la force principale qui influence négativement la production agricole et alimentaire du pays, cette dernière étant défavorisée sur le marché au profit des produits importés. »

Quelque chose dans l’air

Photo: Štěpánka Budková
Le climat au sein de la société tchèque est le sujet d’une analyse qui a été publiée dans le dernier numéro de l’hebdomadaire Echo sous le titre « La peur au sein de la société monte, il y a quelque chose dans l’air ». Son auteur écrit entre autres :

« Aujourd’hui, les quinquagénaires tchèques peuvent avoir l’impression d’un certain ‘déjà vu’. Lorsqu’ils avaient atteint la maturité, ils ont été les témoins enthousiastes et joyeux d’un écroulement éclair du système communiste dans lequel ils ont grandi et dont la pérennité leur semblait définitive. A présent, ils sont en proie à des craintes confuses d’avoir à revivre une telle expérience mais à dans le sens inverse. Le système, dont ils ont acclamé l’instauration et qu’ils ont considéré comme durable, risque de prendre rapidement fin. C’est au moins ce que beaucoup de gens ‘ressentent au fond de leur corps’ et ce qu’ils prennent pour une possibilité réelle. Sans égard aux clivages politiques en Tchéquie et dans d’autres pays occidentaux, il existe un sentiment partagé en commun qui veut qu’il y ait dans l’air quelque chose de très grave et de mauvais. »

Comme le remarque l’auteur de ce texte, la question est bien entendu de définir d’où viennent les menaces. Sont-elles liées aux réfugiés ? A des réactions autoritaires à leur venue en Tchéquie? Aux fondamentalistes islamistes ? A des tendances néolibérales ou encore néomarxistes ? Et quelle est la menace que constituent pour la démocratie les hauts représentants politiques qui attisent au sein de la société la haine en alimentant toute sorte de craintes ?... S’agissant de la montée de la peur et de toutes sortes de craintes au sein de la société tchèque, le magazine de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes a donné pour sa part la parole au psychiatre tchèque reconnu, Radkin Honzák, qui a entre autres rappelé le rôle néfaste que jouent dans ce contexte certains médias :

« Ce qui nous manque, c’est la présentation d’informations sérieuses et de véritables connaissances approfondies. La majorité des débats publics sont superficiels, car chacun a un avis tout en ignorant les contextes. Les médias devraient donner la parole à des experts, mais pas à des escrocs politiques. Ce sont leurs connaissances et pas ce que les foules veulent entendre que les hommes politiques devraient prendre en considération. »

Le Château de Prague en tant que siège présidentiel mis en doute

Photo: ČT
Le président de la République, Miloš Zeman, doit-il avoir son siège au Château de Prague ? Même si cette donne répond à la tradition, ceux qui ne partagent pas cet avis sont de plus en plus nombreux. C’est ce que l’on peut lire en introduction d’un texte qui a été publié dans l’édition de ce mercredi du quotidien Lidové noviny et qui réagit aux problèmes qui sont actuellement liés à ce monument très populaire auprès des touristes étrangers. Il écrit plus loin :

« On voit des milliers de touristes se promener quotidiennement à quelques pas seulement de l’endroit où le président de la République et ses collaborateurs exercent leurs fonctions. Récemment encore, cette symbiose a fonctionné sans problème, avant d’être interrompue par les rigoureuses mesures de sécurité qui ont été mises en application dès ce mois d’août. Mais depuis, les contrôles qui sont assurés par des agents de police et par des militaires n’ont de cesse de causer devant le Château de longues files d’attente. Selon la chancellerie présidentielle, le but de ces démarches n’est pas de protéger davantage Miloš Zeman lui-même, mais les citoyens et les touristes. »

Cette situation a de nouveau soulevé la question d’un éventuel déplacement du siège présidentiel ailleurs, une question qui réapparaît périodiquement, depuis le président en poste au Château de Prague était Tomáš Garrigue Masaryk. Aujourd’hui, elle est soutenue notamment par des experts des questions de sécurité. Toutefois, la tradition doit être prise en compte: pour beaucoup de Tchèques, il s’agirait d’une proposition hérétique. Aussi, la majorité des parlementaires ne sont pas prêts à accepter un tel changement. Le journal signale en conclusion l’existence d’une page Facebook en faveur du déplacement intitulé « Le Château de Prague pour les gens », qui n’a cependant à ce jour réuni que quelques dizaines de signatures.

Les oreillons et la vaccination obligatoire

Photo: ČT24
Le quotidien économique Hospodářské noviny a récemment informé d’une réapparition assez fréquente des oreillons, une des maladies contre lesquelles les enfants tchèques sont obligatoirement vaccinés, et ceci depuis l’an 1987. Mais, comme le rappelle le journal, les oreillons ne font pas partie des maladies infectieuses qui auraient pu être éliminées par cette pratique. Aujourd’hui, elle prolifère notamment parmi les jeunes autour de 18 ans. Pour cette raison, le ministère de la Santé publique a décidé de modifier le calendrier des vaccinations pour mieux protéger les enfants non seulement des oreillons, mais aussi de la rougeole. De l’avis d’épidémiologistes cités dans cet article, la prolifération actuelle des oreillons est due notamment à la baisse de l’immunité des gens, ainsi qu’à leur habitude de voyager beaucoup plus souvent et plus loin que par le passé. Et le journal de noter également :

« Le problème, aujourd’hui, c’est qu’il y a de plus en plus de parents qui contestent la vaccination obligatoire estimant qu’elle porte préjudice aux enfants et qu’elle cause différents troubles comme, par exemple, l’autisme. Une affirmation que les scientifiques réfutent catégoriquement. Les contestataires de la vaccination contre les maladies infantiles qui ont été mortelles dans le passé prétendent aussi que celle-ci n’a plus de justification, car ces maladies ne sont plus présentes chez nous. Mais si, effectivement, elles n’y apparaissent plus, c’est parce qu’il y a la vaccination obligatoire. »

Les JO à Prague – un rêve inassouvi

Le reporter sportif Michal Dusik a déjà pris part à onze Jeux olympiques, dont dernièrement ceux de Rio. Interrogé par l’hebdomadaire Respekt sur la question de savoir s’il aurait souhaité que les Jeux se tiennent un jour dans la capitale tchèque, une idée qui a été proposée au début des années 2000par le maire de Prague de l’époque, Pavel Bém, il a répondu :

« La possibilité de voir se tenir les Jeux olympiques à Prague me plairait beaucoup. J’aimerais que les gens s’unissent pour agir en leur faveur. Mais dans la situation économique qui est la nôtre et compte tenu de ce que l’organisation des Jeux olympiques coûte aujourd’hui, je ne pense pas que la République tchèque soit à même de réaliser ce but. Ce sont aussi les exigences en termes de sécurité qui sont plus élevées que jamais. Bref, il y a beaucoup de choses qui coûtent maintenant plus cher... A Prague, on devrait bâtir entre autres un stade olympique central doté d’une capacité de soixante à quatre-vingts mille places. Mais qu’en ferait-on après ? »

Le reporter interrogé constate enfin que c’est Londres qui a dans ce sens le mieux réussi et qui est probablement le dernier organisateur à avoir su dans une certaine mesure dompter les aspirations mégalomaniaques qui accompagnent désormais les Jeux olympiques.