Interrogations autour du financement de la culture et espoirs tchèques aux JO de Londres : les points de mire de la presse

Festival d'Avignon

La presse tchèque a consacré cette année une attention plus grande que jamais au Festival d’Avignon. Le journal Lidové noviny a même publié chaque jour des articles détaillés sur ce prestigieux événement culturel, rédigés sur place par sa correspondante, Jana Machalická. Nous vous en présenterons quelques réflexions... Ouverture des Jeux olympiques d’été de Londres oblige, nous avons également tiré quelques extraits des pages sportives s’y rapportant.

Festival d’Avignon
A l’occasion de la Journée hommage consacrée au Festival d’Avignon au président défunt Václav Havel et à la commémoration de la Charte 77, dont nous avons d’ailleurs largement parlé dans nos précédents programmes, par exemple dans la dernière édition de la rubrique Panorama, le journal Lidové noviny a rappelé :

« Václav Havel a cultivé avec Avignon, depuis toujours, des rapports spécifiques, pleins de paradoxes qui lui étaient tellement propres. Lorsque dans les années 1970 et 1980, le festival a présenté ses pièces, il ne pouvait pas y assister : tantôt le régime lui interdisait de sortir du pays, tantôt il était en prison. L’événement le plus marquant a été en 1982 ‘La Nuit Václav Havel’, un collage inspiré par ses pièces, avec la participation de toute une série d’auteurs, dont Arthur Miller ou Elie Wiesel. »

En 2002, Václav Havel a décidé de se rendre en Avignon pour y recevoir un prix dans le cadre d’une soirée qui devait lui être consacrée et pour remercier tous ceux qui l’avaient soutenu vingt ans auparavant. Mais l’ironie du sort en a voulu à nouveau autrement. Le journal explique :

« Havel est arrivé alors à Avignon, il est vrai, mais sa santé l’a trahi une nouvelle fois. En raison de problèmes respiratoires, il a dû repartir immédiatement à Prague C’est finalement le ministre de la Culture Pavel Dostál qui s’est vu remettre le prix à sa place. »

« Le festival d’Avignon pourrait donner une leçon aux beaufs tchèques ». Tel est le titre d’un autre article de la série consacrée à cet événement, dans lequel son auteur écrit :

« Il ne s’agit pas de comparer notre culture théâtrale avec les grandes cultures, comme celle de France, mais de comparer les approches qui sont foncièrement différentes. A Avignon on a pu voir que la société percevait le théâtre comme un art vivant, réagissant à ce qui se passe autour de nous. Il va de soi que cela se reflète aussi dans le rapport positif de l’Etat à l’égard des biens culturels. Un rapport aussi dédaigneux à l’égard de la culture et de son financement qui est courant chez nous, ne serait pas possible en France. »

L’auteur de l’article l’illustre par la part de subventions publiques qui ont été accordées au festival, la structure de son financement servant pour elle d’exemple de financement par différentes ressources, un modèle qui est loin d’être mise en pratique en République tchèque. Et de conclure :

« La rentabilité des moyens accordés est multiple. Ce sont pourtant des choses que l’on ne saurait que difficilement expliquer aux beaufs locaux responsables des finances. »


Miroslava Knapková,  photo: CTK
Avant l’ouverture des Jeux olympiques d’été de Londres, le magazine Esprit a interrogé plusieurs athlètes tchèques ayant une chance de réussir et d’obtenir une des médailles. A la question de savoir pourquoi avoir choisi, jadis, la discipline sportive qui est la sienne, la meilleure rameuse tchèque en skiff Miroslava Knapková, championne du monde et d’Europe, a déclaré :

« J’ai commencé à faire de l’aviron à l’âge de dix-neuf ans seulement, après avoir abandonné l’athlétisme. Je ne m’attendais pas à ce que cela soit si dur et pénible. Mais on m’a convaincue en me disant que l’aviron était une discipline super, que les rameurs formaient une joyeuse bande et que je devrais l’essayer. Alors c’est ce que j’ai fait... Tant que vous avez du succès et que le sport vous apporte de la joie, vous ne réalisez pas combien c’est difficile ».

David Svoboda,  photo: Vít Chalupa
David Svoboda, plusieurs fois médaillé aux championnats du monde et d’Europe, avait choisi, lui, le pentathlon. Dans les pages du journal, il a défendu sa discipline en disant :

« Le pentathlon est un sport multidisciplinaire et varié. Il est aussi assez photogénique, il y des chevaux, la natation, l’escrime, tout ce qui peut plaire aux jeunes filles... Toute la compétition se déroule en une seule journée, le plus souvent au même endroit, voilà pourquoi le spectateur n’a pas à se déplacer d’un endroit à l’autre. En plus, c’est captivant jusqu’au dernier moment ».

Zuzana Hejnová, détentrice de plusieurs médailles au 400 mètres haies, a avoué dans les pages du magazine, ce qu’un succès aux JO représenterait pour elle :

Zuzana Hejnová,  photo: CTK
« Après des années d’efforts consacrés à ce sport, gagner les JO serait un grande satisfaction. Mes exploits sont depuis quelques années stables. Je souhaite donc me qualifier en finale et y présenter le meilleur de moi-même. Si je pouvais gagner une médaille, ce serait super ».

Le kayakiste pratiquant le slalom, Vavřinec Hradílek, médaille d’argent aux championnats du monde, a expliqué à son tour quels étaient les principaux attraits de sa discipline :

Vavřinec Hradílek
« Le slalom est un sport très attrayant pour les spectateurs. En plus, les Jeux olympiques sont un événement hors du commun qui est suivi, et pas seulement par des fans sportifs. Le slalom en canoë-kayak est par ailleurs une des disciplines sportives les plus suivies, depuis les JO de Barcelone. Cela s’est confirmé à Athènes, à Sydney, ainsi qu’à Pékin. Le tracé du slalom à Londres est en outre parfaitement préparé ».

Štěpánka Hilgertová,  photo: CTK
Et encore un mot de la double championne olympique en slalom, la kayakiste Štěpánka Hilgertová, 44 ans, qui est à Londres à ses 6èmes Jeux olympiques. Elle confirme :

« Je souhaite une médaille à tous ceux qui ont fait beaucoup d’efforts pour l’avoir. Je souhaite que tous les athlètes puissent accomplir un grand exploit, car ils sont tous mes copains. Et puis, rien que se qualifier aux Jeux olympiques est digne de respect ».


Olga Fikotová,  photo: Petr Jindra / ČRo
Et encore à propos des Jeux olympiques : un article publié sur le serveur du journal économique Hospodářské noviny a récemment évoqué une histoire d’amour qui est née aux Jeux de Melbourne de 1956 et qui déplaisait fortement aux autorités communistes. Ses protagonistes – la lanceuse de disque tchèque, Olga Fikotová, et le lanceur de marteau américain, Harold Connolly.

L’auteur de l’article Jaroslav Pešta rappelle que le régime communiste tchécoslovaque a fait à l’époque tout pour empêcher la romance. Mais il n’y est pas finalement arrivé, car les deux sportifs ont pu se marier, un an plus tard, à Prague, avec pour témoins le célèbre couple d’Emil et Dana Zátopek.

Olga Fikotová était l’unique athlète tchécoslovaque à avoir gagné à Melbourne une médaille d’or. Malgré son succès, dès qu’elle s’est mariée et qu’elle a déménagé aux Etats-Unis, elle n’a pas pu poursuivre sa carrière sportive sous les couleurs tchécoslovaques :

« Elle voulait bien continuer à représenter son pays, mais la direction de l’Union d’athlétisme tchécoslovaque a complètement ignoré son intérêt. Olga Fikotová-Connoly a donc pris la décision de représenter les Etats-Unis aux Jeux olympiques, ce qu’elle a fait jusqu’en 1972. Cette année-là, elle a aussi pu porter le drapeau de la délégation américaine lors de la cérémonie d’ouverture ».

L’article précise que le couple Fikotová-Connolly qui avait quatre enfants a divorcé en 1972. Connoly est décédé en 2010, tandis qu’Olga Fikotová vit en Californie. C’est en 2006, donc après quarante-neuf d’absence, qu’elle est revenue pour la première fois dans son pays natal.