Ces jeunes Tchèques qui s’engagent dans les zones de conflit dans le monde

Photo illustrative: ČT24

Y a-t-il en Tchéquie aussi des jeunes qui partent pour combattre dans les zones de conflit dans le monde ? Une réponse et quelques précisions dans cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée. Celle-ci rappellera également la date du 5 janvier 1968, qui a donné le coup d’envoi du fameux Printemps de Prague. Enfin, nous nous pencherons sur la peur artificiellement attisée qu’inspire aux Tchèques les immigrés ou encore sur les faibles chances tchèques de succès aux Jeux olympiques de Pyeongchang.

Photo illustrative: ČT24
Qui sont ces jeunes Tchèques qui ont décidé de partir lutter en Syrie et en Ukraine aux côtés des forces du mal ? C’est la question qui était posée dans la dernière édition de Respekt. L’hebdomadaire explique pourquoi :

« L’engagement des combattants étrangers dans les zones de conflit est un problème auquel plusieurs pays européens sont confrontés depuis quelques années déjà. Le nombre de jeunes Tchèques qui prennent cette décision est très faible comparé à celui de la majorité des Etats de l’Union européenne. Pour autant, on ne peut pas dire que la Tchéquie soit complétement épargnée par ce phénomène. Actuellement, une dizaine de cas de personnes qui luttent aux côtés des séparatistes russes en Ukraine sont recensés, certains autres s’étant déjà engagés auparavant. Deux d’entre eux y ont d’ailleurs trouvé la mort. »

D’après les informations reccueillies par des journalistes slovaques, auxquelles le magazine Respekt se réfère, il y aurait en Ukraine trois catégories de combattants tchèques : des mercenaires, des criminels et des idéalistes. Ils ne forment donc pas un groupe homogène, et ce d’autant moins qu’ils ne s’y sont pas rendus ensemble. Certains d’entre eux sont actifs dans la République populaire de Donetsk, d’autres dans la République populaire de Lugansk. Parmi eux se trouvent aussi des combattants qui ne passent que quelques semaines ou quelques mois en Ukraine et qui retournent ensuite sur le front pour le plaisir « d’une partie de combat ». Le texte consacré aux combattants tchèques dans les zones de conflit indique enfin que l’Ukraine n’est pas la seule région concernée :

« Il y a au moins deux jeunes Tchèques qui sont partis en Syrie il y plus d’un an pour s’engager aux côtés des djihadistes. Ils n’ont pas rejoint le groupe l’Etat islamique, mais le Front al-Nosra, un autre mouvement djihadiste. Les deux jeunes hommes partis pour la Syrie sont nés, ont grandi et ont fait leurs études en Tchéquie. »

L’hebdomaire Respekt rappelle également le cas plus récent d’un troisième Tchèque, un mécanicien de 23 ans, qui a lui aussi essayé de se rendre en Syrie. Retenu à l’aéroport en Tunisie, il a fini par être renvoyé dans son pays d’origine, où il a été condamné à six ans de prison pour apologie du terrorisme.

Le 5 janvier 1968, le jour qui a donné le coup d’envoi du Printemps de Prague

Alexander Dubček
On sait que le Printemps de Prague a pris fin dans la nuit du 20 au 21 août 1968 avec l’invasion de l’ancienne Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que cette fameuse période de dégel a commencé le 5 janvier 1968, avec la chute du numéro un communiste de l’époque, Antonín Novotný, qui a été remplacé par Alexander Dubček. Un texte publié dans le quotidien Lidové noviny rappelle que, cette année, cinquante ans se sont écoulés depuis cette date historique. Son auteur, l’ancien Premier ministre Petr Pithart, observe par la même occasion que cet événement n’aurait pas eu de grande importance s’il n’avait pas été précédé, dans les années 1960, par l’effervesence au sein de la société tchécoslovaque qui s’était manifestée notamment dans le domaine culturel :

« Dans les années 1960, la société tchécoslovaque a commencé à s’émanciper de l’intérieur, malgré ou contre la volonté de la direction du Parti communiste, à se libérer du joug du régime totalitaire faiblissant. Cette évolution rapide qui n’était ni planifiée, ni contrôlée et n’était pas contrôlable de la société, a donc commencé beaucoup plus tôt avant d’être étouffée en août 1968. Cette évolution a été source de beaucoup d’espoirs et de rêves, la société partageant alors un éthos tombé dans l’oubli. Hélas, le temps qui lui a été accordé a été trop court. »

En conclusion, Petr Pithart remarque qu’Alexander Dubček, qui a été le protagoniste de cette date charnière du 5 janvier 1968, a fini par « trahir ce à quoi il avait, malgré lui, donné le coup d’envoi ».

La peur des immigrés

Photo illustrative: Vito Manzari,  CC-BY-2.0
« En 2018 non plus la Tchéquie ne sera pas dévastée par une invasion de l’islam » : tel était le titre d’un article mis en ligne sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny ; un papier dans lequel son auteur se penche sur les paradoxes liés aux craintes qu’inspirent à un grand nombre les immigrés dans un pays, la Tchéquie, où ils sont pourtant pratiquement absents :

« Non à l’islam, non aux terroristes. Voilà ce que l’on pouvait lire sur les affiches du parti d’extrême droite SPD (Liberté et Démocratie directe) lors de la dernière campagne électorale. Ce slogan est devenu en quelque sorte un des symboles de l’année dernière. Son leader, Tomio Okamura, porteur de ce discours anti-migrants, a réussi à faire croire à près de 11% des électeurs que des hordes de musulmans étaient prêts à franchir la frontière dans le sud du pays. Pourtant, il n’existe rien qui soit plus éloigné de la vérité que ce discours, car cette migration ne concerne aucunement la Tchéquie. Les musulmans constituent près de 5 % de la population européenne, tandis que les 22 000 musulmans qui vivent en Tchéquie ne représentent que 0,2 % de la population locale. »

Il s’agit donc d’un problème qui ne touche guère la Tchéquie. Les craintes qui sont artificiellement attisées dans ce contexte, dissimulent le fait que les politiciens n’arrivent pas à établir les principes d’une politique migratoire et d’asile qui permettrait à la Tchéquie d’adopter une position sécuritaire à la fois sûre et ouverte à l’égard des ressortissants étrangers. L’auteur de l’article estime qu’en dépit de l’absence d’immigrés dans le pays, certains responsables politiques tchèques abattront cette année encore la carte de la peur des musulmans. Ceux qui en revanche ne voudront pas s’y soumettre, ont devant eux une année de combats et d’explications difficiles.

Un optimisme très prudent avant les JO d’hiver de Pyeongchang

Aux derniers Jeux olympiques d’hiver à Sotchi en 2014, les sportifs tchèques avaient remporté neuf médailles. Cette année, leurs espoirs de podiums sont plus minces et un bilan de quatre médailles serait considéré comme un succès. C’est du moins ce que constate un article mis en ligne sur le site aktualne.cz. dans lequel l’auteur évalue les perspectives tchèques à près d’un mois de l’ouverture des Jeux de Pyeongchang :

« L’année dernière, les chances des sportifs tchèques s’annonçaient très favorables. Les statuts de Gabriela Koukalová, Martina Sáblíková, Ester Ledecká, toutes trois championnes du monde dans leurs disciplines respectives, le biathlon, le patinage de vitesse et le snowboard, semblaient garantir un certain nombre de succès à l’équipe thèque en Corée. Hélas, deux des trois sportives citées ont été trahies par leur corps et l’euphorie s’est envolée. Il n’y a finalement plus qu’Ester Ledecká qui soit en pleine forme et continue à aligner les victoires. Si la patineuse Sáblíková, qui souffre de douleurs au dos, n’est pas dans sa forme habituelle, la biathlète Koukalová, elle, manquera très probablement les prochains Jeux en raison de douleurs persistantes aux mollets. Une décision définitive à son sujet sera annoncée ce lundi. »

L’équipe tchèque aux JO de Pchyongchang sera composée de 81 représentants, soit sept de moins qu’à Sotchi. L’article mis en ligne aktualne.cz indique par ailleurs que la liste des sports dans lesquels les Tchèques ont remporté des médailles ces vingt dernières années a bien évolué. Si par exemple le skieur acrobatique Aleš Valenta a été sacré champion olympique à Salt Lake City en 2002, les épreuves de cette discipline se dérouleront à Pyeongchang sans le moindre représentant tchèque. Parmi les autres exemples à retenir, tandis que les skieurs de fond Kateřina Neumannová et Lukáš Bauer ont brillé à Turin en 2006 et à Vancouver en 2010, aucun Tchèque ne peut aspirer à un podium cette année. La skieuse alpine Šárka Strachová, médaillée de bronze à Vancouver, est elle aussi restée sans successeur. Le snowboard, le patinage de vitesse, le biathlon et le hockey sur glace sont donc les disciplines dans lesquelles les Tchèques pourraient s’illustrer en Corée du Sud. Toute médaille dans une autre discipline serait dès lors, selon l’auteur de ce texte, très surprenante.