Tycho Brahé et Prague

Tycho Brahé

Tycho Brahé et Prague : Au carrefour des Sciences européennes, tel était le titre d'une conférence internationale organisée à Prague à l'occasion du 400e anniversaire de la mort de l'astronome danois qui a passé à Prague les trois dernières années de sa vie. Nous lui consacrons ces Chapitres de l'histoire.

Tycho Brahé
Tyge Brah (son vrai nom avant qu'il ne soit latinisé) est né trois ans après la mort de Copernic, dix-huit ans avant Galilée et trente-cinq ans avant Kepler. De nos jours, il est moins connu que ses illustres contemporains. Pourtant il fut le premier à observer une supernova et c'est partiellement à lui que l'on doit la découverte des lois fondamentales du mouvement des corps célestes. Brahé entra dans l'histoire comme le plus grand observateur parmi les astronomes du seizième siècle. A l'oeil nu mais à l'aide de cadrans astronomiques sophistiqués, Brahé a fait des observations qui sont des plus précises avant l'introduction du télescope. Tycho Brahé est né en 1546 dans une famille faisant partie de la plus ancienne noblesse du royaume du Danemark. Il a étudié le droit et la philosophie à l'université de Copenhague puis successivement à celles de Leipzig, de Rostock et de Bâle. A Wittenberg, il se fit couper l'arrête du nez dans un duel d'étudiants et dut depuis porter une prothèse de cire. Passionné d'astronomie, il observe dès l'âge de dix-sept ans la conjonction de Saturne et de Jupiter et relève à cette occasion d'importantes erreurs dans les tables astronomiques existantes. Il entreprend pour cela aussi la fabrication des plus grands instruments d'observation jamais construits, dont une sphère armillaire géante ou un quadrant de plus de quatre mètres d'envergure, fixé à un mur. En 1572, il découvre une supernova dans la constellation de Cassiopée qui fera l'objet de son premier ouvrage De Nova Stella Anni. Grâce à ses découvertes, Brahé se voit offrir par Frédéric II, roi du Danemark, l'île Hveen ainsi que tous les revenus nécessaires à l'édification d'un observatoire. C'est ainsi qu'est entreprise la construction du magnifique château d'Uranibourg, (palais d'Uranie), où Brahé effectue, pendant vingt années, des mesures d'une incroyable précision pour l'époque. Observateur aguerri, Brahé se trompe pourtant sur les mouvements célestes. N'admettant pas tout à fait le système de Copernic, il cherche un compromis et le combine avec l'ancien système de Ptolémée. Dans sa cosmologie, les cinq planètes connues tournent autour du Soleil, l'ensemble faisant lui-même le tour de la Terre immobile. Son système dit héliogéocentrique fut plus conforme à la tradition religieuse et philosophique et ne contredisait pas l'Ecriture ; il fut adopté par les astronomes jésuites du XVIIe siècle.

Cependant, l'indépendance de Brahé vis-à-vis de la religion, son mépris pour les seigneurs et les sommes considérables qu'il reçoit du roi font de lui la cible d'incessantes attaques. A la mort de Frédéric II, tous ces avantages lui sont retirés par son successeur Christian IV. Dépossédé, il quitte Uranibourg et pendant près de trois ans il erre en Allemagne avec ses instruments, sa famille et ses assistants à la recherche d'un nouveau mécène. Il finit par le trouver en la personne de l'empereur d'Autriche, Rodolphe II, passionné d'astronomie et plus encore d'astrologie. Nous devons son arrivée à Prague aussi à Tadeas Hajek de Hajek, humaniste et médecin personnel de trois empereurs romains, qui avait rencontré Brahé lors du couronnement de Rodolphe II, en 1575. C'est lui qui a attiré l'attention de Brahé sur la cour de Rodolphe II. Nommé mathématicien impérial, Brahé vient s'installer tout d'abord à Prague, en 1599, puis au château Renaissance de Benatky nad Jizerou près de Prague, où il construit un observatoire astronomique moderne. Ici va paraître en 1602 son Astronomiae Instauratae Progymnasmata - Préludes au renouvellement de l'astronomie. De nos jours, le château abrite un musée avec une exposition consacrée à Tycho Brahé.

Les querelles incessantes avec l'administrateur du château poussent l'astronome danois de quitter son siège pour s'installer à Prague, dans le quartier de Pohorelec, non loin du Château de Prague. Sa maison se trouvait là où il y a aujourd'hui une sculpture du XXe siècle représentant Tycho Brahé et son collaborateur Johannes Kepler.

Alain Seconds, chercheur à l'Observatoire de Paris, nous parle du séjour de Brahé à Prague.

Real Audio od zacatku po M2 Durant son séjour pragois, Brahé invite à Prague le mathématicien allemand Johannes Kepler. La collaboration entre les deux hommes fut brève et interrompue d'orages. Malgré tout, Brahé en avait fait son successeur auquel il a transmis ses précieux catalogues et Tables rodolphines. Utilisant les observations de Brahé, Kepler renouvela complètement la conception du mouvement des astres dans l'oeuvre Astronomia nova, 1609. Kepler a dit à l'époque: »C'est à Tycho Brahé que l'astronomie nouvelle est redevable des fondements et du premier étage de son édifice».

Brahé est devenu un personnage important de l'entourage de l'empereur Rodolphe II et en tant que tel il est souvent invité à assister à des festins copieux. Selon une légende, Tycho Brahé mourut d'un éclatement de la vessie en octobre 1601, suite à un dîner un peu trop arrosé. Sa mort est entourée de mystère. La légende veut qu'il soit mort à la table de Rodolphe II de politesse, car le protocole de cour lui interdisait de se lever de table avant l'empereur. Qu'importe si la légende est vraie! Brahé est mort le 24 octobre 1601 à Prague et repose sous les dalles de l'église Notre-Dame de Tyn dont les deux flèches pointent vers le ciel... « Que personne ne pense que je vivais pour rien », étaient ces derniers mots.

Auteur: Astrid Hofmanová
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