L’Ecosse érigera un mémorial dédié aux parachutistes tchécoslovaques

Après Prague qui édifiera un monument aux parachutistes à l’endroit où Jan Kubiš et Josef Gabčík ont mortellement blessé Reinhardt Heydrich désigné en 1941 protecteur de Bohême-Moravie, le port Arisaig en Ecosse érigera un mémorial en hommage aux soldats tchécoslovaques qui, comme Kubiš et Gabčík, ont reçu, pendant la guerre, en Ecosse, une formation spéciale „Special Operations Executive“ avant d’être envoyés dans des opérations clandestines ou dans des actions de combat sur le front.

Czech Memorial est le nom de la charité tchéco-écossaise qui s’est chargée de l’édification d’un mémorial en l’honneur des volontaires tchécoslovaques. Son représentant, Paul Millar qui est le consul honoraire tchèque en Ecosse, a expliqué à Radio Prague pourquoi la Grande-Bretagne, était le lieu de formation des parachutistes tchécoslovaques ?

« La Grande-Bretagne a été le seul pays en état de guerre avec l’Allemagne. L’état-major général britannique est allé demander de l’aide auprès de Churchill en lui disant : nous avons besoin d’alliés et les seuls alliés que nous pouvons avoir, ce sont des mouvements de résistance clandestins dans les territoires occupés. On a créé une section spéciale baptisée Special Operations Executive qui avait pour tâche d’entrer en contact avec ces mouvements et qui a commencé à recruter dans les rangs de l’armée britannique les hommes venus de l’étranger. C’était des Tchécoslovaques, des Polonais, des Norvégiens, des Hollandais, des Français. »

En effet, après l’occupation de la Tchécoslovaquie par Hitler, en 1939, beaucoup d’officiers, de réservistes, de simples soldats et aussi de civiles démobilisés résolus à combattre ont quitté le pays et la plupart de ceux qui sont partis en Occident sont entrés dans l’armée française. Après la capitulation de Paris, ils ont été évacués des ports français vers la Grande-Bretagne où la 1ère brigade mixte tchécoslovaque a été fondée. De Cholmondeley, celle-ci s’est déplacée à Leamington Spa où l’histoire des parachutistes commence, au printemps 1941.

Selon Paul Millar, près de 300 volontaires tchécoslovaques ont terminé les cours de formation spéciale en Ecosse. Au mois de décembre 1941, sept hommes ont été parachutés depuis Londres, avec la mission d’éliminer le 3e homme de la hiérarchie nazie, Reinhardt Heydrich. Cette opération baptisée Anthropoïde a été soutenue par d’autres ayant pour objectif la collecte de renseignements:

« Ils étaient assistés par les opérations Silver A, Silver B, et Out distance. D’autres hommes ont été parachutés en Moravie. Certains groupes parachutés sont intervenus plus tard dans la bataille de Dukla, en Slovaquie. Londres a aussi parachuté des renforts pour des brigades en Union soviétique et en Italie. Il y avait toute une série de groupes parachutés. Bien sûr que beaucoup de leurs membres ont été retrouvés par les nazis et envoyés dans des camps de la mort à Terezín, Mauthausen, et ailleurs... »

Combien de personnes ont trouvé la mort au cours de ces opérations, lors de l’accomplissement des missions spéciales ?

« La mortalité a été de 62%. Ceux qui ont survécu, ont souvent été persécutés, après la guerre, et deux hommes spécialement formés en Ecosse ont été condamnés à mort, par le régime communiste. Certains ont décidé de repartir à l’étranger. »

Sur plus de 300 participants aux cours de formation, plus d’une centaine ont été parachutés sur le territoire de Bohême et Moravie occupé, et moins de la moitié ont survécu à la guerre. Les Tchèques mourraient, lors des accidents d’avion qui devaient les parachuter en Allemagne et en Italie. Beaucoup d’anciens aspirants de „Special Operations Executive“ ont trouvé la mort près de Dunkerque, à Dukla, dans l’Insurrection nationale slovaque ou lors du débarquement en Normandie. La mémoire de tous ces volontaires tchécoslovaques devrait être honorée par un mémorial que l’association Czech Memorial veut ériger au port d’Arisaig, en Ecosse :

« Arisaig est un petit port où se trouvait trois écoles pour les Tchèques, donc, pour nos soldats, c’était un lieu de croisement… »

Comment sera le mémorial, quelle est sa conception et où en sont les préparatifs ?

« Notre association va louer gratuitement, pendant 99 ans, le terrain. C’est un très beau site, borné de pierres et d’arbustes, avec une vue des îles derrière lesquelles le soleil se couche. Mon idée est que cela pourrait être un parachute tombé par terre, mais qui ne serait pas plié et ne susciterait pas un sentiment de pitié sur le sort cruel de nos soldats, mais dont la voile serait ouverte et ronde, symbole de l’espoir. L’image définitive du mémorial dépendra des formes du bloc de granit qui doit peser au minimum 10 tonnes. Je voudrais que le bloc soit extrait dans la carrière encore cette année. »

La dernière question posée au consul honoraire tchèque en Ecosse et représentant de l’association Czech Memorial, Paul Millar: à quand, l’inauguration du mémorial aux parachutistes tchécoslovaques dans le port écossais d’Arisaig ?

« Tout dépend de l’argent. Le ministère de la Défense entend classer ce mémorial parmi les tombes des héros de guerre. Près de 130 000 couronnes ont été déposées à ce jour sur notre compte en République tchèque, alors qu’il nous faut entre 20 et 30 000 livres sterling. J’ai commencé en collectant plus d’argent auprès des Ecossais qui ont la réputation d’être avares, que des riches Tchèques. »

Le mémorial sera érigé en hommage aux parachutistes tchécoslovaques, à la mémoire de leur héroïsme, et aussi en tant que tombe du soldat inconnu à la mémoire de ceux dont on ignore où ils reposent.

Plus d’informations sur www.pomnikparasutistum.cz