L'Avent de nos ancêtres

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L'Avent est la période pendant laquelle nous attendons la naissance de l'enfant Jésus. Nous espérons que le Seigneur nous sauve, nous pardonne de nos péchés et nous aide à ce que la paix s'installe dans nos âmes et nos coeurs. Ce legs est d'autant plus valable de nos jours alors que certains d'entre nous ont tendance à considérer les fêtes de Noël comme une course vers le paradis de la consommation. A une semaine du réveillon, la majorité des Tchèques ne passent pas leur temps en contemplation. Bien au contraire. Ils courent les magasins pour acheter des cadeaux, font la queue pour avoir la plus belle carpe ou le plus beau sapin de Noël, font des provisions comme si la fin du monde devait bientôt arriver. Aujourd'hui, peu de gens se rendent compte que leurs ancêtres attendaient l'arrivée du Sauveur d'une façon tout à fait différente. Ils se préparaient aux fêtes depuis novembre et respectaient une série de traditions. Je vous propose donc de s'arrêter un peu et de passer avec moi l'Avent de nos ancêtres.

Traditionnellement, la période précédant les fêtes de Noël commençait le 22 novembre, à la fête de la sainte Cécile, patronne des musiciens, ou le 25 novembre, à la sainte Catherine. C'était la fin des joies terrestres et le commencement du carême et de la méditation. Dans la campagne, les fermiers se reposaient après le travail de toute l'année et les bals cessaient d'être organisés. A la fin de la saison des bals, une coutume voulait que les jeunes filles offrent à leurs danseurs fidèles de petits cadeaux. Le plus souvent, c'était une fleur, un gâteau, mais surtout, une couronne faite de pâte et décorée de romarin, de fruits séchés, de noix et de rubans.

Le 30 novembre, la fête de la Saint André était réservée aux jeunes filles désireuses de se marier. Celles-ci secouaient les arbres dans le jardin en criant: Saint André, avec qui me marierai-je? Elles coulaient du plomb dans l'eau froide et d'après sa forme, on prédisait comment serait leur futur mari.

Le 1er décembre, c'était le commencement de l'Avent, période du carême rigoureux qui durait quatre semaines. On faisait le ménage, on chaulait les maisons, puis on préparait des friandises de Noël, dont des petits fours notamment. Le 4 décembre, les filles nommées Barbe, Barbora en tchèque, faisaient le tour de la ville ou du village. Elles étaient habillées d'une longue robe blanche avec une couronne verte sur la tête et avaient le visage blanchi ou enfariné. Dans la main, elles tenaient des vergettes pour distribuer des fessées aux enfants désobéissants, mais elles distribuaient aussi des noix et des pommes. A la veille de la fête, les filles désireuses de se marier allaient chercher des branchettes de cerisier ou de pommier pour les mettre dans l'eau. Si la branchette commençait à fleurir avant le Réveillon de Noël, c'était le signe que la jeune fille trouverait un mari. Jadis, cette branchette, que les Tchèques appellent « barborka », était plantée dans la terre et la fille l'arrosait d'eau tiède de sa propre bouche pour qu'elle pousse plus rapidement.

La fête de la Saint-Nicolas est réservée aux enfants. La veille, des milliers de Saint Nicolas, de diables et d'anges déguisés peuplaient et peuplent toujours les rues des villes et des communes tchèques pour distribuer des cadeaux aux enfants. Cette tradition remonte au XIVe siècle. A cette époque, le groupe entourant Saint Nicolas était beaucoup plus important. A part le diable et l'ange, il était accompagné par des ramoneurs, des hussards, des gens déguisés en juifs, la Mort, mais aussi des chevaux ou des petits boucs.

Le 6 décembre, des marchés de la Saint-Nicolas étaient organisés à Prague, dont le plus célèbre était celui sur la place Charles. Les parents pouvaient y acheter des jouets en bois pour leurs enfants, mais aussi des friandises de Noël et des sucreries. Partout, on proposait de la halva coupée avec des amandes, des marrons grillés qui réchauffaient agréablement les mains gelées dans la poche du manteau, ou des sucreries que nos enfants ne connaissent plus, du sucre candi ou des sucreries fondantes sur lesquelles on collait des images avec des anges et des étoiles. Les marchands forains proposaient des biscuits et des pains d'épice recouverts de chocolat et des images représentant Saint Nicolas, le diable et l'ange.

Un proverbe tchèque dit: A la Sainte-Lucie, les jours rallongent du saut d'une puce. Lucie était non seulement symbole de chasteté, mais elle devait protéger aussi contre les sorcières. Habillées d'une robe blanche, le visage voilé d'un masque avec un grand bec, elles faisaient le tour des maisons. Pendant cette dernière fête de l'Avent, les fileuses ne pouvaient pas filer. Le pouvoir de Lucie expirait à minuit. Le lendemain, les gens pouvaient s'échanger les voeux de Noël.

En effet, après la fête de Lucie, les fêtes de Noël s'annonçaient déjà avec les préparatifs traditionnels de la plus importante fête de l'année - la fête de la nativité du Christ.

Auteur: Astrid Hofmanová
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