Ferdinand V - un roi étrange sur le trône habsbourgeois

Ferdinand V

Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un roi dont l'histoire tchèque n'aime pas se vanter tellement. Il s'agit du dernier roi couronné de Bohême et de Hongrie et empereur d'Autriche, Ferdinand V, dit le Bon.

Ferdinand V
Né, il y a 210 ans, le 19 avril 1793, Ferdinand V était le fils aîné du roi de Hongrie François II, qui, grâce à ses quatre mariages, fut le père de treize enfants - tous malsains, car porteurs d'un lourd héritage génétique dû aux relations familiales très étroites entre leurs parents. Ferdinand V fut faible d'esprit et, vu sa grosse tête avec les yeux globuleux et son corps fragile muni de jambes trop courtes, personne ne se faisait d'illusions sur ses capacités de régner. Depuis l'âge le plus tendre, Ferdinand V souffrait aussi de crises d'épilepsie et était psychiquement retardé, ce que son père refusait d'avouer et qualifiait de simples troubles de santé. En effet, le petit Ferdinand n'apprit à lire et à écrire qu'avec beaucoup de difficultés, et il devait déployer un effort énorme pour se comporter de façon à ne pas faire scandale.

Durant le règne du père de Ferdinand, François 1er, la vie politique viennoise fut représentée notamment par le tout puissant chancelier Metternich et par son plus grand adversaire, François Antoine Kolowrat de Liebstein, qui savaient profiter de la situation où le roi vieillissant n'avait pas de successeur qui pourrait gouverner le pays. Pour s'assurer le pouvoir, ces deux derniers créèrent et firent circuler une légende, au déclin de la vie de François 1er, qui attribuait au prince héritier un rôle spécial. Comme on ne pouvait pas vanter son habileté militaire ou diplomatique, il ne leur resta qu'à baser la carrière du futur roi et notamment celle de ses conseillers sur sa générosité et sa compassion pour les douleurs des souffrants. C'est pourquoi les enfants peuvent lire aujourd'hui dans leurs manuels une histoire sur l'aide accordée par Ferdinand V aux survivants à une grande inondation à Vienne, en 1830. D'où son surnom de Bon.

En 1830, Ferdinand fut couronné roi de Hongrie. Pour donner un éclat au règne de ce nouveau roi dont le règne s'annonçait peu prometteur, il fallait le marier. Chose difficile, car Ferdinand ne fut même pas capable de se procurer une fiancée qui voudrait vivre avec lui. C'est Metternich qui assuma ce devoir fixant ses yeux sur la cour royale de Sardaigne, où vivait la princesse Anne-Marie, une femme tendre et pleine de compréhension.

Ferdinand V l'épousa le 28 février 1831. Comme toutes les cérémonies officielles auxquelles le roi malade devait assister, le mariage ne s'est pas passé non plus d'un malaise subit du fiancé qui, grabataire, ne donnait aucune espérance d'une vie conjugale heureuse.

Le début de 1835 fut marqué par la mort de François II et l'avènement au trône de son fils Ferdinand le Bon. Le couronnement eut lieu le 7 septembre 1835 et ce fut le dernier couronnement d'un roi tchèque. Prague en fut ravie, car depuis longtemps elle n'avait pas assisté à un tel événement historique. Pour Prague ce fut l'occasion aussi de reconstruire son château se détériorant depuis le règne de Léopold II. Le couronnement fut accompagné de manifestations culturelles coûtant 358 000 florins. Une somme énorme à l'époque, mais que l'Autriche, étant un pays riche, pouvait se permettre de dépenser. Le couronnement eut lieu à la cathédrale Saint-Guy avec la participation de princes, diplomates et dignitaires religieux étrangers, parmi lesquels on put voir aussi le roi de France, Charles X, en exil en Bohême.

Avant sa mort, le père de Ferdinand se montra très vigilant en recommandant à son fils de suivre les conseils de la conférence étatique représentée par Metternich et Kolowrat. Dans cette situation, Ferdinand ne faisait que signer tout ce que ses conseillers lui soumettaient. Pendant les fêtes ou audiences officielles, qui nécessitaient la présence du roi, Ferdinand suivait un scénario soigneusement préparé. En cas d'échec ou d'un malaise, le roi était littéralement retiré "de la scène". Une blague circulait à l'époque, sur la cour royale, que le gouvernement d'alors comptait trente membres au total: Metternich, Kolowrat, l'archiduc Ludvik - donc trois hommes qui régnaient et un grand zéro - Ferdinand V. Ce gouvernement représenté par le conseil de régence dura jusqu'à l'année révolutionnaire de 1948.

Ferdinand fut ahuri par les premiers coups de feu et c'est pourquoi le conseil de régence l'expédia immédiatement au Tyrol où il se plaisait beaucoup. Cela malgré le fait, que la révolution ne fut point dirigée contre lui, il fut au contraire très populaire parmi le peuple, mais contre l'horreur que fut Metternich. Ce dernier, ainsi que la cour entière de Vienne, se retirèrent à Olomouc en Moravie où le gouvernement de Ferdinand se réunit, pour la dernière fois, le 2 décembre 1948. Dans la matinée, le roi Ferdinand V entra dans la salle du palais archiépiscopal d'Olomouc pour présenter son abdication en faveur de son neveu de 18 ans - le futur empereur François-Joseph. Après la cérémonie d'abdication qui ne dura qu'à peine une heure, Ferdinand, accompagné de son épouse Anne-Marie de Sardaigne, quitta la Bohême pour entreprendre un voyage à travers l'Europe. Propriétaire de nombreux domaines en Bohême, Ferdinand quitta le pays en homme riche. En effet, il ne légua à son successeur que son trône, pas un sou... Au déclin de sa vie, Ferdinand s'éprit de Prague et y passa les dernières années de sa longue vie. Ferdinand V est mort, à Prague, à l'âge de quatre-vingt-deux ans, le 29 juin 1875.

Auteur: Astrid Hofmanová
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